Citrouilles et squelettes, araignées et chauve-souris, canines de vampire et balais magique, un bonbon ou un sort ?
C'est la nuit d'Halloween, la lune est haute dans le ciel et l'orage se déchaîne, dans la charmante maison de Mrs Campbell, Candice...
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J'écarquille les yeux et éclate de rire. Tout me paraît clair maintenant et je me sens stupide de ne pas avoir compris plutôt, mais pour ma défense l'illusion est parfaite.
- Oh ! J'ai compris ! C'est le thème de cette reconstitution ! je m'exclame en applaudissant. Chapeau bas c'est vraiment super bien fait ! Je n'arrive pas à croire qu'un projet pareil ait pu passer quasiment inaperçu dans un petit village.
Mes compliments n'ont pas l'air de ravir ces dames, elles échangent des regards perplexes, haussent les sourcils et me dévisagent avec circonspection. Mes rires s'estompent peu à peu, je ne comprends pas le moins du monde leur réaction, quelle froideur... Abigail fait un pas de plus dans ma direction, la mine sérieuse.
- Candice, tu ne comprends pas. Nous avons jeté un sort pour te faire venir à notre époque, en 1621, m'explique-t-elle.
Son ton grave m'interpelle et m'inquiète. C'est bon je suis convaincue madame ! Pas la peine de prendre cet air inquiétant ! Jeter un sort... Jeter un sort ! Halloween est décidément la porte ouverte à tous les fantasmes !
- Un sort comme Harry Potter, me moqué-je.
- Harry quoi ? s'exclame une voix.
- Qui est ce Potter ? demande une autre.
Le brouhaha s'élève et sème le désordre au sein des femmes.
- Oui, dis-je, vous savez, le sorcier !
Mauvaise idée, la fièvre explose.
- Un sorcier ?
- Où est-il ?
- Qui est-il ?
- Savez-vous où nous pouvons trouver ce sorcier ?
- Il pourrait nous aider à nous débarrasser de Salomon !
Les femmes se pressent autour de moi, m'acculent contre le mur et je ne sais que leur répondre, déroutée par leurs réactions.
- Mais c'est un personnage de fiction...
Nouvel émoi, jusqu'à ce que la voix d'une femme aux cheveux roux hirsutes domine l'assemblée.
- Abigail ! s'écrit-elle. Ça suffit ! Tu ne vois pas que cette bougresse n'est qu'une imposture ! Ce n'est pas celle que nous cherchons nous nous sommes trompées !
- Enid ! intervient la femme aux cheveux blonds. Mère qu'est-ce que ça signifie ?
Abigail adresse un regard à cette femme qui visiblement doit être sa fille, son visage devient livide avant que ses joues ne se recolorent brusquement. Son ton change lorsqu'elle s'adresse de nouveau à moi, me faisant sursauter.
- Toi. Tu te trouvais bien dans la maison de la descendante Campbell ?
- O... Oui, je bredouille. Mais je...
- Qui es-tu pour elle ? Sa fille ? Sa petite-fille ? Une cousine ? Une parente ?! Qui es-tu étrangère ?!
Son ton agressif me cloue sur place, je lève les mains en signe de reddition comme si cela suffisait à tenir cette bonne femme éloignée de moi et sa bande de folles avec. Je ne joue plus à présent, j'ai envie de hurler et leur dire de me ficher la paix sans quoi j'irai immédiatement prévenir la police.
- Mrs Campbell n'a pas de fille ! Elle a eu deux fils et un petit-fils ! Je ne suis que sa locataire, je ne sais pas ce que vous voulez mais je vous conseille de me laisser tranquille avant que je m'en réfère aux autorités !
Le silence se fit dans la petite salle de brique, alors que je suis fière que ma menace ait finalement fait son petit effet que des lamentations et des exclamations de désespoir jaillissent parmi cette assemblée exclusivement féminine. Apparemment ces femmes sont plus atterrées de constater que ma logeuse a deux fils plutôt qu'effrayées à l'idée que je puisse me plaindre à la police.
- Ce n'est pas possible ! s'écrit Enid aux cheveux roux hirsutes. Ce n'est pas possible la lignée va s'éteindre ! Abigail !
La seule jeune fille du groupe m'observe avec peine, comme quelqu'un qui serait désolée du calvaire que l'on m'inflige ou que l'on compte m'infliger... Oh non. J'ai saisi. C'est femmes sont en fait une secte, des serial killeuses ! Elles vont m'attraper, me ligoter, le torturer et offrir mon cœur en sacrifice au diable qu'elles adorent ! Non, non... Merde !
- Grand-mère... tente la jeune fille en s'approchant d'Abigail. Je pense qu'il faudrait tout lui expliquer.
- Elle a changé de couleur la p'tite, dit une autre.
Et en effet, je dois être pâle comme un vampire en ce moment. Abigail m'examine et sans préambule m'annonce ce qui va définitivement signer l'arrêt de mort de ma bonne santé mentale.
- Bien. Nous autres, femmes du clan Campbell, sommes des sorcières. Depuis toujours la magie coule dans nos veines et se perpétue en chaque femme de notre famille de générations en générations. Mais aujourd'hui nous sommes en danger, le sorcier Salomon, notre ennemi, a juré de nous détruire de l'intérieur. En nous empêchant d'accomplir le Samain nous ne pourrons pas assurer la transmission de notre magie à la prochaine génération, nous ne pourrons pas faire passer nos morts de l'autre côté et le chaos que cela engendrera réduira notre héritage en cendre !
- Salomon est mauvais, terriblement mauvais, m'explique la fille d'Abigail. Il nous voue une haine sans limite, nous anéantir lui permettra d'augmenter ses pouvoirs et il s'en servira pour faire pencher la balance en faveur du mal.
- Il a tué ma sœur... se plaint la jeune fille, ses yeux gris m'implorent et mon cœur se serre.
- Il n'a aucune idée de ce que sa folie implique, reprend Abigail. Salomon a un nouveau disciple. Nous ne savons pas d'où il vient personne n'a réussi à le savoir. Il est tout aussi mauvais et dangereux que son maître, et puissant. Nous sommes au pied du mur nous ne savions plus quoi faire alors nous avons utilisé le miroir pour appeler une descendante de notre famille. Une jeune sorcière qui serait assez puissante pour nous aider à nous débarrasser de Salomon le temps du Samain.
Un silence de mort tombe après la réplique d'Abigail. Tous les regards sont braqués sur moi, j'observe ces paires d'yeux un à un. Je n'ai pas la force de répliquer quoi que ce soit qui ait un sens. Rien n'a de sens ! Je ne comprends rien !
- Des sorquoi ? je demande avant de sombrer dans un rire nerveux.
Ces cinglées me dévisagent avec inquiétude et tandis que je me tords de rire j'arrive à lâcher un petit « c'est la meilleure ! » avec une voix suraiguë.
Tout à coup je sens la tête me tourner, mes membres s'engourdissent, ma tête m'élance mes jambes se dérobent sous moi et pendant un instant un voile noir passe devant mes yeux.
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Aïe, et voilà la vraie raison du voyage dans le temps de Candice ! Va-t-elle aider les sorcières ?
