Sous de larges vêtements, seul, je monte sur le toit d'un très haut immeuble. Les bourdonnements de la ville s'essoufflent depuis quelques heures, mais le grand serpent l'a déjà recouvert de son voile noir et scintillant. L'air passe et revient, provocant par ses mouvements des bruits métalliques dus au cognement répété du grillage contre les barres pointues et verticales de la clôture.
Le monde paraît loin, ce qui est loin paraît être un jeu pour les forces de l'ombre. La lune, presque pleine, veille sur la danse de ses enfants, fatigués. Chaque pas contre le sol le marque de mon âme, et chaque bourrasque me propulse, à une vitesse encore plus grande, à rejoindre, maintenant, le grand silence. Le vécu d'aujourd'hui se fracture et se détache, encore plus fort et encore plus fort.
Par la répétition du souffle, je fuis de mon corps et il en trébuche. Il me rattrape, mais je glisse, plus vite que ses doigts sur l'esprit du monde, dont le fil qui m'y relie ne cesse de s'emmêler.
Je chute.
Un instant d'obscurité. Un vide. Le vide ? Dans le froid nocturne, Lugh dort à vos côtés. La vie revient mais le son n'est plus, sans ça je ne m'exprime plus.
Plusieurs secondes passent derrière moi, plusieurs minutes dans cet instant hors du temps, au sein de cette parenthèse je sens tout ce que j'aurais aimé, les caresses du vent, calmé et criant au bonheur, oh quiétude furtive, que faire d'un souvenir aussi marqué ?
De profondes abysses, sentez ! Mais ne respirez plus.
Il est une sphère, dont nous sommes nés et que nous oublions, que je souhaiterais reformer en nous. Elle tissera le vent par souci de beauté, et vous traversera, vous offrant quelques plus belles larmes de vie.
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Yesod
RandomLa profondeur vient, durant un instant silencieux, m'englober, et assourdit les cris du tangible. Je veux vous donner ça.