Chapitre 5

20 2 0
                                    


Une main me secoue l'épaule. Je gémis, puis ouvre les yeux. Spencer est penché au-dessus de moi et me fixe d'un air contrarié. Soudain, je remarque que je ne peux pas bouger mes mains: elles sont attachées dans mon dos.

- Que... je commence.

- Tu l'as tué putain! il crie.

Il a l'air paniqué, se passe nerveusement la main dans les cheveux. Puis, je me souviens de la nuit dernière. Un cauchemar, des mains baladeuses, un meurtre. Je me mords la lèvre, mes yeux s'humidifient. Quand mes mains serraient le cou du garçon, je n'ai jamais pensé à Spencer. Qu'est-ce qu'il va me faire maintenant?

- John est... enfin, était mon frère Emma, il me dit les yeux embués de larmes mais toujours aussi haineux. Maintenant tu vas payer.

Il se penche vers moi et j'ai un mouvement de recul. Il m'attrape tout de même le bras et me relève comme si j'étais aussi légère qu'une enfant. Il me fait mal, me serre, et je ne peux m'empêcher de penser aux mains dévastatrices de ma mère. Je pleure pour de bon cette fois.

- Arrête de pleurer, me lance-t-il.

Je me fige. Il pense que je pleure pour lui. Il se retourne vers moi et j'essuie mes larmes d'un coup d'épaule.

- Je veux savoir ce que tu comptes faire de moi.

- Devine, il me répond. J'ai pas mille solutions. Je t'emmène au camp, on verra ce qu'ils vont faire de toi une fois rendus là-bas. Maintenant, avance.

Mais je ne bouge pas.

- Arrête de faire l'enfant. Soit tu avances gentiment, soit je suis forcé d'user la manière forte.

Je me demande bien ce qu'est la manière forte. Oserait-il me frapper? Son regard me confirme la réponse. Je pensais que Spencer était un minimum gentil, mais je sais désormais qu'il n'a jamais eu de pitié ou même de compassion envers moi. Après tout, je ne suis que la personne chez qui il s'est invité le soir et qui aussi assassiné de sang froid sa soeur. Il ne faut pas oublier ce détail. Je décide d'avancer.

- Tu as bien choisi, me dit-il. Maintenant, j'ai quelques règles pour toi. C'est simple. Tu t'enfuis, je te tire dessus, tu contacte quelqu'un d'autre, je te tire dessus, et si tu tente quelque chose sur moi, je te tire dessus. Compris?

Je hoche la tête. Il attrape son sac à dos qu'il a probablement préparé lors de mon sommeil et me pousse par le bas du dos dehors. Son geste est presque doux, rassurant, et me fait frissonner.

- On a beaucoup de marche à faire, ne traînons pas, il m'informe. Il faudra trouver un abri avant la nuit.

Puis il approche son visage de moi.

- Désolé, dit-il.

Tandis que je me débats et grogne, il me pose une serviette sur mon nez et ma bouche. Du chloroforme. Je sens le produit s'infiltrer dans mon corps, me piquer la peau. D'abord, je ne sens plus rien, et ensuite je me sens tomber dans les vapes.

À mon réveil, je me sens ballotée. Au départ, je ne comprends pas: puis je réalise que Spencer me porte sur son épaule. Le soleil me fait mal au yeux et je peux en déduire qu'il est environ l'heure de manger. Mon ventre gargouille, me confirmant ce que je pensais. Soudain, Spencer me soulève de ses épaules et me dépose sur le sol. Je m'agite.

- Arrête de bouger!

Il prend un bol dans son sac, verse une portion de nourriture à l'apparence peu attirante dedans et le pose à mes pieds. Il fait pareil pour lui-même.

- Mais... je réalise. Je ne peux pas manger, mes mains sont attachées.

On se fixe pendant ce qu'il me semble être l'éternité, ce qui me gêne, puis il dévie son regard en soufflant.

- Ok, c'est bon, mais je ne te détache pas.

- Quoi? je dis (il est con ou quoi?).

Et alors, avant que je n'aie le temps de comprendre, il plante ma fourchette dans mon bol et en ressort une bouchée qu'il approche de ma bouche. J'essaie de le dissuader du regard mais il a l'air de s'en foutre. Pourquoi aurais-je besoin de me faire nourrir par quelqu'un d'autre? Comme si je n'étais pas capable de manger. Cependant, c'est vraiment ce qui va se passer, alors j'ouvre la bouche avant qu'il ne m'écrase la bouillie sur le visage.

- Tu vois, c'est pas si pire, il me dit alors que je mâche exagérément.

- Mmmmh.

N'empêche que ça me gêne au plus haut point. On finit de manger (enfin, il finit de nous nourrir) et on recommence à marcher sur le bord d'une route abandonnée. Cette fois-ci, Spencer ne m'a pas endormie et j'en suis reconnaissante. Disons que ce n'était pas vraiment agréable, surtout de se faire trimballer.

Ça doit faire 15 minutes que l'on marche et je m'ennuie déjà. Une chanson me passe par la tête, je décide de chanter. I really hope it hurts like hell, I really hope it hurts like hell, really hope it hurts like... Spencer, probablement agacé, se tourne vers moi et me fixe d'un regard désapprobateur, mais je continue, juste pour l'énerver. Il râle:

- Tu peux pas juste te taire pour 1 minute?

Je lui répond pas. Il se retourne, continue de marcher, puis se re-retourne vers moi.

- Ok, on va faire un deal toi et moi. Tu arrêtes de chanter et on peut... faire un jeu, n'importe quoi, pour que tu arrêtes de m'énerver ok?

Il a l'air de regretter ses paroles. Moi, je hoche la tête vivement. Je pourrais peut-être mieux le cerner et puis, ce pourrait être un plan de gagner sa confiance pour m'enfuir. Il faudrait que je sois plus amicale. Hm.

- On pourrait jouer aux 20 questions? je propose. 10 questions chacun.

-Ok, il répond. Mais on raccourcit à 5 questions chaque, et j'ai le droit de ne pas répondre si c'est trop personnel.

Je n'ai même pas à me demander ce qui pourrait être « trop personnel », puisque moi-même je le sais. On a tous vécus des choses horribles que l'on aurait aucune envie de partager.

- Je commence, dit Spencer. Tu faisais du sport avant?

Facile.

- Oui, de la boxe, du badminton et du tir à l'arc. Bon, je sais pas si ça compte pour un sport, mais on va dire que oui.

Je réfléchis à quelle question je pourrais poser. Bon ok, vous allez dire que je manque d'originalité, mais... ouais, non, en fait je manque carrément d'originalité.

- Toi?

- Du karaté et, ok ris pas de moi, mais j'ai fais de la gymnastique pendant longtemps.

- Non, c'est vraiment cool, j'aurais aimé en faire. Avoue tu me montres quelque chose?

Il réfléchit puis réponds:

- Ok, mais ça te fait une question de moins.

J'hoche la tête et il se place au milieu de la route. C'est alors qu'on les entend. Au début, à peine audible, puis le son s'amplifie graduellement. Ça me glace le sang.

Les rôdeurs sont arrivés.

Hey! Ça va?

En fait, juste préciser que je garderai probablement le rythme d'un chapitre (environ) par semaine. Ah, et hésitez pas à voter, ça me motiverait plus.

Et Spencer/Emma?

Byee❤️

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jan 02, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

RunOù les histoires vivent. Découvrez maintenant