Fanfiction: Les loups-garous de Thiercelieux

Chapitre 1: L'élection

Ce matin est un jour particulier. Les loups-garous ne se sont pas manifestés, car aujourd'hui, c'est l'élection du maire. Les loups ne mangent pas la nuit avant l'élection, car ils savent qu'ils peuvent reprendre le pouvoir s'ils se font élire.

Le maire peut voter deux fois, quand il faut exécuter quelqu'un. Si le maire est la cible des loups-garous, et que celui-ci se fait dévorer, il faudra qu'au moment de l'élection, il choisisse une personne susceptible de le remplacer à sa mort.

Comme tous les matins, je me réveille, mais sans la crainte que quelqu'un de proche puisse avoir été dévoré. Je sors mes affaires de mon placard, une robe bleue et rouge, et je l'enfile. Je mange deux croissants, et me lave les dents. Je suis heureuse de voir mes parents sains et saufs, même si je savais qu'il n'y aurait pas de mort cette nuit. Dès que tout le monde est prêt, nous nous rendons sur la place, pour procéder au vote. Ce qui est bien dans mon village, contrairement à tous les autres, c'est que tout le monde sans exception peut voter. Nous votons de plus pour qui nous voulons, et pour l'instant, j'attends les quelques mots de tous les adultes pour savoir pour qui voter, en sachant que, sans le savoir, je peux voter pour un loup-garou.

La première personne qui se présente est Sonia, une jeune femme assez mystérieuse, qui vit ici depuis quelques années.

Elle s'avance sur la scène et commence à dire son discours dans le micro :

« Votez pour moi et le village sera protégé des loups-garous. Je les chasserais car je sais qui ils sont... »

Elle ne dit que ça. Je ne suis pas vraiment convaincu. Lors du vote pour les exécutions, chaque matin, elle nous disait de voter pour la famille de ma meilleure amie, Chloé, mais cette famille est digne de confiance. Et puis, quand on votait pour d'autres personnes, ça arrivait assez souvent que ces personnes soient des loups-garous. On le voit dès qu'on les tue, car ils se transforment lorsqu'ils meurent.

En tout cas, je ne voterai pas pour elle.

Vient le tour de Marie, une femme qui doit avoir aux alentours de cinquante ans. Je ne la soupçonne pas d'être un loup-garou. Elle est très gentille, même si je fais partie des seuls à le dire. Tout le monde la soupçonne, mais ça n'est pas mon cas.

Celle-ci nous dit seulement quelques phrases. Sa manière de nous parler est vraiment étonnante. Un certain charisme se dégage de cette femme à mes yeux, seulement, je crois bien que je suis une des seules personnes à le croire. Je pense que ces mots auraient correspondu à ce que j'aurai dit, bien que ça soit court. Malheureusement, je sais qu'avec les soupçons qui pèsent sur elle, elle ne sera pas élue.

Vincent arrive, très sûr de lui. Il nous ramène beaucoup de nourriture, donc ce n'est pas quelqu'un que les loups-garous prendront comme cible. Ils préfèreront quelqu'un d'inutile ou dangereux pour eux.

« Votez pour moi, je vous ramènerai le double de nourriture ! Je ferai en sorte que tout le monde mange à sa faim et les loups-garous ne s'attaqueront plus à notre village ! »

Là non plus, je ne suis pas très convaincu. Le but, c'est que les loups-garous meurent, pas qu'ils mangent à leur faim !

C'est maintenant au père de ma meilleure amie de venir. Il s'appelle Baptiste. J'ai confiance en lui. J'ai beau beaucoup l'apprécier, ses quelques mots prononcés me paraissent un brin prétentieux...

C'est maintenant mon père qui se présente. Lui, au moins, je sais qu'il est humain, et non loup-garou. Les gens loups-garous le sont car toute leur famille l'a été. Si mon père avait été un loup, je le saurai car je le serai également.

« Je sais que l'on est plus que quatorze habitants, car beaucoup on était décimés par les loups ou tués par nos votes. Ce que je veux, c'est réussir à démasquer les coupables et les exterminer jusqu'au dernier ! Je veux y parvenir ! Et j'y arriverai ! Merci beaucoup et votez pour moi ! »

Je ne suis peut-être pas très objective, mais cela me semble être les mots exacts, ceux qui peuvent convaincre notre petit village.

Je sais pour qui je vais voter, même si ça pourrait être dangereux pour lui, mais il faut un bon maire et je ne peux pas laisser passer ça. On commence à se mettre en rang pour pouvoir aller voter. Plusieurs isoloirs sont placés à droite et à gauche de la scène. Il y en a sept de chaque côté. Je suis la cinquième dans le rang. Dès que la personne devant moi est partie dans un isoloir, je prends un papier de chaque nom, posés sur un bureau sur ma gauche, puis une enveloppe, et enfin je pars dans l'isoloir. Je choisi le papier où est noté le nom de mon père, je jette tous les autres, je vais mettre l'enveloppe dans l'urne, je signe un papier, et je vais m'asseoir à l'endroit où j'étais assise pendant les discours. Tout le monde est passé et je regarde ma montre : il est midi. Dans une demi-heure, on connaîtra notre nouveau maire, celui qui aura double vote aux exécutions et qui nous débarrassera ou non des loups.

Un enfant orphelin, du nom de Luc, s'avance sur la scène avec l'enveloppe contenant les résultats. Il dit :

« Chers habitants, notre village est la cible des loups depuis plus de cinq générations. Notre but : les exterminer ! Pour le faire, nous avons aujourd'hui fait une élection municipale, qui se passe tous les ans au mois de septembre. Dans cette enveloppe se tient le nom de notre nouveau maire ! Je ne vais pas vous faire patienter plus longtemps, dit-il en ouvrant l'enveloppe, et le nouveau maire est... Valentin ! »

Mon père se lève et monte sur la scène. Il dit quelque remerciement, puis on lui demande quelque chose de très important :

« Valentin, il va falloir choisir. Une personne devra être votre successeur si vous vous faites manger par les loups. Qui choisissez-vous ? »

Mon père réfléchit cinq secondes, puis lève la tête et dis dans le micro :

« Baptiste ! »

Je sais que mon père a fait le bon choix.

Tout le monde quitte la place et je félicite mon père. On rentre chez nous. J'espère que je ne serais pas la cible des loups, ni les personnes dont je suis proche. Après le repas, nous partons nous coucher...