1er décembre 2003
Voilà...Je respire. C'est la première fois que je ressens cette sensation de liberté. De l'air pur pénètre dans mes jeunes poumons et ce phénomène nouveau me fait pleurer. Ça peut paraître étrange comme réaction; respirer est certainement la chose la plus importante de toute notre vie sur Terre, car cette action que nous effectuons en continu sans même nous en rendre compte nous maintient en vie. Quelques petites minutes sans respirer peuvent nous être fatales.Respirer, c'est la nature, la joie, la santé, alors pourquoi est-ce que je pleure à cet instant? En réalité, c'est très simple, la carapace qui me protégeait du monde pendant 9 mois vient tout juste de se briser. Je n'étais pas préparée à ce changement brusque d'environnement; enfin pas si brusque que ça car je dois avouer que j'aurais du sortir de mon cocon il y a de ça 10 jours. C'est drôle, même avant de naître j'arrivais déjà en retard. Mais ce retard était voulu en quelque sorte. J'avais envie de garder ce confort le plus longtemps possible, de rester dans cet endroit qui émanait de silence et où j'étais seule pendant tout ce temps sans personne à mes côtés. La tranquillité...Maintenant, des visages inconnus me regardent et ce qui s'apparente à ma maman me berce et essaie de me calmer. Elle a le visage pur et une joie maternelle inonde son visage. Je ressens déjà de l'amour pour elle, je ne saurais pas expliquer pourquoi mais ses bras qui m'entourent me rappellent ma carapace et j'ai l'impression qu'elle me servira toujours de bouclier afin de me défendre d'un monde inconnu. Elle me caresse doucement pour que j'arrête de pleurer et elle me propose son sein. Je l'attrape immédiatement et je me sens rassurée, je ne pense qu'à nous deux, sans personne autour. Un lien très fort nous unit mais malheureusement un bonhomme rond qui a l'air tout aussi heureux que ma maman; mon papa je suppose, coupe notre lien corporel: le cordon ombilical. Il filme en même temps à l'aide de son caméscope pour immortaliser cette action. Après ce court moment de tendresse une autre femme me prend dans ses bras et elle a l'air d'avoir l'habitude de ce genre d'événement. Elle me pèse, me mesure, me lave et m'habille. Je dois avouer que je ne l'apprécie pas trop parce que bien qu'elle soit très douce avec moi, elle m'a arrachée à mes parents. On me dépose dans un berceau et un petit garçon vient me caresser le front. J'ai remarqué qu'il faisait beaucoup de bruit dans la salle où je me trouve, j'imagine que c'est parce qu'il est euphorique de me voir même si je ne comprends pas trop pourquoi je suis si exceptionnelle en ce jour. Ce garçon a des cheveux d'un noir de jais et les yeux marrons foncés. Sa petite tête puérile doit attirer les regards de tout le monde. J'ai comme l'impression d'avoir déjà vu ces mêmes traits du visage quelque part alors que je ne suis pas là depuis longtemps et ne connais pratiquement personne. Il a l'air très content mais je perçois une pointe de jalousie. Mes parents s'approchent de lui et lui tendent un paquet cadeau. Ils lui disent: " C'est de la part de ta petite sœur". Tout s'explique: ce petit garçon est en fait mon grand frère et son visage ressemble énormément à celui de ma mère. Ils ont les mêmes cheveux noirs coupés courts et les mêmes yeux profonds. Sans attendre une seconde, mon frère déballe le papier cadeau et une magnifique voiture rouge de collection apparaît. Son sourire s'élargit et il me fait un bisou sur le front en guise de remerciement. Apparemment, mon frère adore ce style de voiture mais je me demande comment il a put croire que ce cadeau venait de moi puisque je viens de sortir du ventre de ma mère; c'est peut-être à cause de son innocence et de sa naïveté. J'ai cru comprendre que c'était une stratégie de mes parents pour qu'il m'accepte parmi eux peut-être; ça expliquerait cette jalousie, apparement je vais prendre une place importante dans sa vie. Je suis quand même contente pour lui et fière d'avoir fait son bonheur. Juste après ,c'est à mon tour de recevoir une pile de cadeaux: des doudous, des vêtements, des poupées et j'en passe; je suis vraiment trop gâtée. Je suis le centre de l'attention, tout le monde me regarde, je suis pétrifiée et je me demande qui sont ces gens. Je rêve de partir de cet endroit. Heureusement après de longs jours à la maternité, mes parents m'emmènent dans notre logis en voiture. À travers la fenêtre, j'observe les feuilles orangées des arbres virevolter dans le ciel. Ce paysage d'automne est magnifique et représente bien mon état d'esprit du moment: je suis comme une de ces feuilles d'automne. Elles sont décrochées de l'arbre et volent vers un endroit nouveau. Moi je viens de partir de la maternité et un voyage m'attend vers un univers inconnu. Le trajet est assez court et nous arrivons rapidement à destination. Nous habitons dans un petit appartement en centre ville et dès que nous ouvrons la porte d'entrée, un petit chien noir et blanc viens nous faire la fête. Il a une petite bouille trop mignonne et je crois qu'il a envie de me faire des câlins. Moi aussi j'aimerais le caresser de plus que c'est le premier animal que je vois sauf que ma maman lui interdit. Je l'ai entendu l'appeler Oscar, c'est un nom qu'il porte très bien. Oscar contient le mot "os" donc c'est un prénom approprié. L'appartement n'est pas immense pour quatre personnes même si je ne suis qu' un bébé. Je ne possède pas de chambre, mon lit est dans un recoin du salon où règne le bazar. Des affaires sont éparpillées partout sur le sol . Je sens que ça ne va pas être très confortable ici. Je suis bien entourée dans tous les sens du terme que ce soit par mon entourage ou par ce désordre autour de moi mais bizarrement j'ai l'impression d'être isolée, seule. Ça va être compliqué de m'habituer à ce nouvel environnement...
En ce 1er décembre 2003, moi, Katharina Johnson rentre dans le cycle de la vie.
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Journal Intime
SpiritualKatharina mène une vie normale mais pleine de sentiments et d'émotions. Chaque période de sa vie représente une grande étape et elle poursuit son parcours comme elle l'entend.