- Everybody's worried about me
In too deep
Say I'm in too deep -Chapitre un: "Le fossé entre nous"
Janvier 2018
Encore une. Une seule, et je m'en allais. Même si je n'en étais pas satisfaite, j'allais ranger mon appareil photo, et reprendre le chemin de retour vers la maison. Cette fois, je me penchai, je m'accroupissai presque, en espérant avoir une plus belle photo que les autres fois. Lorsque finalement je capturai mon paysage, je me redressai, en soupirant de douleur. Ouais, pas pratique de faire autant d'acrobaties - on va appeler ça comme ça, quand on a ses règles. J'étais tentée de m'asseoir et d'observer ce qui restait du coucher du soleil, mais la sonnerie de mon téléphone me fit comprendre que ce n'était pas une option.
-Je suis en chemin, je m'écriai, après avoir coincé mon téléphone entre mon oreille et mon épaule, pendant que je faisais défiler les clichés sur mon appareil photo.
J'entendis Marion soupirer à l'autre bout du fil, c'était la cinquième fois que je lui répétais cela en trente minutes.
-Suzanne, on va basculer la route du littoral* dans moins de trois heures. Si tu veux aller à Saint-Denis*, on quitte dans les trente minutes qui suivent, et pas une minute plus tard.
-Oui, oui. Cinq minutes, promis !Je raccrochai sans ne lui laisser le temps de répondre. Je rangeai mon appareil photo dans mon sac que je balançai sur mon dos, puis me levai de mon rocher préféré, et courus littéralement pour rentrer à la maison. Je veux dire chez Marion. La femme de mon père. Enfin, elle l'était jusqu'à la mort de ce dernier, deux années auparavant. Il était dix-neuf heures et pourtant l'air ne s'était en rien rafraîchi, je sentais des gouttes de transpirations qui se formaient déjà dans mon dos, pour avoir fait autant d'efforts. Il n'y avait déjà plus beaucoup de monde dans les rues, je fis donc le chemin assez rapidement.
Je traversai l'allée en toute vitesse, la voiture y était garée, et je vis ma belle-mère commencer à ranger mes bagages dans le coffre de sa voiture grise. Ses longues boucles noires lui tombaient dans le dos, comment elle faisait pour ne pas crever de chaud comme moi, c'était un mystère même pour moi. Elle portait une longue jupe, et un débardeur L'effet Péi*, sa tenue préférée du week-end. J'enviais souvent sa peau bronzée, elle au moins n'avait pas à constamment se couvrir de crème solaire. Je m'approchai d'elle, en préparant un sourire apologétique, ainsi qu'un éventuel discours d'excuses.-Tu as eu de belles photos aujourd'hui ? Me questionna-t-elle, avec un petit sourire qui étirait ses lèvres sombres.
-Huhum. Je répondis distraitement, surprise de la voir beaucoup plus calme qu'elle ne paraissait au téléphone.
-Excuse-moi de t'avoir fait attendre. Je m'excusai tout de même.
-Je peux voir ces photos au moins ?Je ne savais pas quoi répondre à cela. Je ne pouvais pas les lui montrer. Ces photos, elles étaient personnelles, elles étaient ma façon de m'exprimer. Et je ne pouvais pas laisser tout le monde les voir. Je me suis mal exprimée. Marion ne rentrait pas dans la catégorie « tout le monde ». Elle était/fut ma belle-mère. Elle était là pour moi, depuis que j'avais décidé de venir étudier à la Réunion, son île natale. Elle m'avait accueillie chez elle, et je lui en étais très reconnaissante. Mais j'avais besoin de temps. Notre relation n'était pas assez solide. Elle comprit certainement ma gêne, car elle afficha un sourire mais qui n'atteignit pas ses yeux :
-Va vérifier que tu n'as rien oublié, Maureen et moi on t'attend ici.Je remarquai ma petite demi-sœur de douze ans pour la première fois, assise sur le siège arrière, plongée dans un de ses bouquins, sans surprise. Il était rare de la voir faire autre chose, c'était son petit monde à elle. Je dépassai Marion, et rentrai dans la maison. Elle avait bien tout pris. Cependant, je m'attardai pour essuyer la sueur causée par ma petite course. Un fossé se creusait entre nous, ou plutôt le fossé qui existait entre nous s'élargissait de plus en plus, et je ne faisais rien pour le refermer.
Une quarantaine de minutes plus tard, Marion se garait devant l'entrée du campus de l'université, au Moufia*. Le trajet s'était déroulé dans un silence pesant, la discussion que nous avions eue avant de quitter la maison avait créé une atmosphère de gêne entre nous, cette discussion et toutes les autres où elle avait essayé de s'approcher de moi, et que je l'avais repoussée lorsque je la sentais trop proche. Je me dépêchai de descendre de la voiture pour aller récupérer mes affaires à l'arrière de la voiture.
-Qu'est-ce que je prends ? Me questionna Maureen pendant que je balançai un sac sur mon dos.
Je la scrutai de haut en bas. Maureen était très fine, très menue. On avait parfois du mal à croire qu'elle avait douze ans. Elle partageait ce trait avec sa mère, et ses deux grandes sœurs, Emma et Romane. Ces dernières étaient en Métropole, Emma parce qu'elle a décidé d'y rester faire ses études, et Romane pour passer du temps avec elle. Quant à moi, j'étais rentrée en même temps que Marion et Maureen, après avoir passé les vacances de Noël chez ma mère. J'adressai un sourire amusé à ma demi-sœur qui soupira bruyamment.
-Je suis plus forte que j'en ai l'air, tu sais ?
-J'ai rien dit, je répliquai sans cacher le rire dans ma voix. Prend mon sac à dos. Et le sac avec la nourriture (cadeau de Marion, avec ça je n'allais pas avoir à cuisiner toute la semaine).Je me décalai pour la laisser prendre ce que je lui avais indiqué, et elle le fit, non sans peine. Je pris ma valise de vêtements, pendant que Marion s'occupa de porter mon sac de courses. C'est parti pour un autre semestre, pensai-je alors que nous marchions silencieusement vers ma résidence. Enfin, silencieusement, si ce n'était Maureen qui racontait l'histoire de son nouveau livre. Encore une de ces histoires fantastiques avec des créatures magiques, des sorcières, et j'en passe. Elles étaient ses préférées. J'avais un faible pour ce genre d'histoires moi aussi, je n'avais juste pas la patience de les lire, je préférais les regarder, et Maureen ne manquait jamais de me rappeler combien je ratais en me refusant de les lire.
-Tu passes à la maison quand tu veux d'accord ? S'enquiert Marion après m'avoir aidée à tout monter dans ma chambre (à pieds bien-sûr, il n'y a pas d'ascenseur dans ma résidence). Et si tu veux que je vienne te chercher, tu n'as qu'à m'appeler.
J'hochai de la tête, et la remerciai de son aide. Elle resta pendant quelques secondes devant moi, l'air hésitante. Elle finit par me sourire, et me dire un « à bientôt » à peine audible. Maureen, qui était assise sur mon lit, s'y mit debout et déposa un bisou sonore sur ma joue. Je me retournai et la pris dans mes bras manquant de la faire tomber par terre, ce qui déclencha un rire hystérique de notre part.
-A bientôt mon petit ver !
Bonjour! J'espère que vous allez bien et que vous passez de bonnes vacances! :)
Je suis de retour pour une nouvelle aventure que je suis impatiente de vivre avec vous. J'espère que ça vous plaira!
Je vous souhaite de joyeuses fêtes de fins d'années, en espérant que vous passez d'excellente moments 😘❤Date de publication: 24/12/2019
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Les Âmes Brûlées
RomanceUne addiction à la nicotine. Un briquet. C'est tout ce qu'il faut pour qu'ils commencent à se parler. Aucun des deux n'imagine trouver en chacun un ami. Roméo est le premier amour de Suzanne. Suzanne est le premier amour de Roméo. Tous deux se renc...