La Dame Blanche

Chapitre V

Quand j'ai rouvert les yeux, rien de ce que j'avais imaginé n'avait eu lieu. Je m'attendais à avoir le souffle coupé mais ma respiration était lente et régulière. Je m'attendais à avoir mal quelque part mais je ne ressentais rien de particulier dans les membres. Je m'attendais à retrouver ma voiture encastrée dans le tronc d'un arbre mais celle-ci était intacte, simplement posée sur le bord de la route quelques mètres plus loin.

Il ne manquait que ma voisine.

La jeune fille à la robe blanche avait disparue. S'était-elle enfuie pendant les quelques secondes qui m'avaient échappées et dont je n'avais absolument aucun souvenir ? Avait-elle été éjectée par le pare-brise ? Mais le pare-brise n'était pas cassé, aucune fissure, aucune trace, juste quelques gouttes d'une fine pluie qui commençait à s'atténuer.

Je me retrouvais seul dans la voiture, au milieu de la forêt. Que s'était-il passé ? Etait-ce une hallucination ? Etait-ce mon esprit qui avait inventé tout ça ? Ou peut-être un effet de l'alcool que je ne connaissais pas ?

Je me retrouvai seul dans la forêt, au milieu de la voiture, avec pour seul compagnon : mon esprit tourmenté.

*

Il me fallut quelques secondes pour reprendre mes esprits. Où était la jeune femme ? Elle ne pouvait pas être bien loin. Je parcourai machinalement les alentours de la voiture à la recherche d'une trace, d'un indice – ou pire d'un cadavre. Mais je ne trouvai rien ni personne. Je décidai d'étendre mon périmètre de recherche et d'aller jusqu'à l'arbre que je pensais avoir percuté. Aucune trace de pneu, aucune trace d'impact, aucune trace de la fille.

Il fallait se rendre à l'évidence : La jeune fille à la robe blanche avait bel et bien disparu. C'était un fait, aussi vrai que ma voiture s'en était miraculeusement sortie alors que j'étais persuadé d'avoir percuté un arbre. Toutes ces informations se mélangèrent dans mon cerveau rationnel et je dus reconnaître que j'avais peut-être un peu trop bu. L'accident n'avait sans doute jamais eu lieu. Ce devait être le fruit de mon imagination, une créativité dopée par quelques pintes de bière trop vite ingurgitées. Une hallucination peut-être. Sûrement. Alors qu'importe le tronc d'arbre, qu'importe l'accident, qu'importe ce que j'avais bu et ce que je croyais avoir vécu. Il y avait bien une chose dont j'étais sûr, une chose pour laquelle mon esprit n'aurait pas pu me jouer des tours : Je n'avais pas été seul dans cette voiture. Il y avait bien une jeune femme avec moi...

Et j'allais tout faire pour la retrouver.