I - Un Dragon ?

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Mon frère, Naxxar, et moi-même, Freyja, devons rentrer en Bordeciel pour l’enterrement de nos parents. Nous étions partit visiter les Marais Noirs lorsqu’un messager sortit de nul part est venu nous trouver pour nous apporter une missive. Elle venait du jarl d’Épervine, où nous vivions durant notre jeunesse et où nos parents vivaient encore il y a quelques jours.
Cette lettre nous apprit la mort subite de nos deux parents des suites de l’attaque d’un loup garou. Hircine laisse donc trainer ces bêtes sauvages près des villes et villages... sans rien dire ?
Le jarl nous invite donc à rejoindre Epervine le plus rapidement possible pour assister à l’enterrement. Seulement, nous savons  tous deux, Naxxar et moi, que nous n’y serions pas à temps. Malgré cela, nous étions d’accord sur un point : cela fait trop longtemps que nous avons quitté Bordeciel. Cela ne nous ferait que  du bien de revenir à la maison le temps de quelques jours, dire au revoir pour de bon à nos défunts parents et à cette belle et calme ville qu’est Epervine avant de reprendre la route pour explorer les autres contrées du monde. Nous mettons en marche vers Bordeciel quelques minutes après avoir reçu la lettre. Il nous faudra, à pied, un bon moment avant d’y parvenir puisque nos chevaux on été malencontreusement tuer par des ours.
Les jours défilent sous nos yeux mais nous ne pouvons marcher plus vite que cela, et nous sommes trop éloignés de toute civilisation pour pouvoir acheter de nouveaux chevaux. Nous rencontrons quelques bandits nordiques, signe que nous approchons de Bordeciel. Des loups nous attaquent de temps à autre mais rien de problématique, la magie de destruction de mon frère couplé à mes coups de bouclier et d’épée est imparable. Ainsi, nous traversons tous les dangers sans problèmes.
Quelques jours de plus passèrent, et non loin de nous se trouve un groupe d’individus vêtus d’armures étranges. Nous nous approchons d’eux, méfiants. Et puis, plus rien. Quelque chose m’a assommée...
Je me réveille plus tard, ballotée dans tous les sens, comme si j’étais transportée dans... un chariot ?
J’ouvre lentement les yeux et voit que le décor bouge. Une puis deux formes humaines se forment devant moi. Ma vue est encore floue et je grogne légèrement. Le fait d’être en mouvement n’arrange pas mon mal de tête. J’aimerais pouvoir bouger, me frotter les yeux et cacher mon visage dans mes mains, mais celles-ci sont entravées par des cordes. Comment est-ce possible... ? Nous ne nous sommes pourtant pas trop approchés des hommes de tout à l’heure, alors que fais-je là ? Et puis, qui sont ces gens autours de moi ? Je pousse un long soupire, observant ce qui m’entoure. En face de moi, un homme blond en armure – il fait partit des hommes que mon frère et moi avions vu plus tôt - dont les mains sont aussi attachées. Il regarde droit devant nous, ce qu’il se passe au loin de la route. Où allons nous donc... ? Je fini par observer la route devant moi, une brume légère masque le bout de la route qui est d’ailleurs très pentue, lorsque l’homme m’adresse la parole. Il se tourne dans ma direction pour me parler.
« Tiens, vous avez fini par vous réveiller. Vous avez essayée de traverser la frontière pas vrai ? Et vous avez foncée tête baissée dans une embuscade des Impériaux ? Tout comme nous, et ce voleur là. »
Lorsqu’il achève sa phrase, il tourne la tête vers la gauche pour regardé ledit voleur. Je le regarde à mon tour : le voleur répond directement au premier homme. Lui n’est pas en armure, simplement vêtu de vêtements en lambeau. D’où peut-il bien sortir, celui-là ?
« Maudits Sombrages. Bordeciel allait parfaitement bien avant votre arrivée. L’Empire était calme et nonchalant. Si la Légion n’avait pas été à votre recherche, j’aurais pu voler ce cheval. Je serais déjà arrivé à Lenclume. Vous là-bas, vous et moi nous ne devrions pas être ici. Ce sont ces Sombrages que l’Empire veut. »
Le voleur se tourne dans ma direction pour me dire cela. C’est vrai, je n’ai rien à voir là-dedans. Et puis, je suis moi aussi une Impériale, ils devraient me relâcher, non... ? Je ne sais pas où est mon frère, a-t-il lui aussi été capturé ou s’est-il enfui ? Je n’ai pas le temps d’y songer plus longtemps que l’autre homme reprend déjà la parole, répondant au voleur. Ils se regardent tous les deux et je les observe en silence.
« Nous sommes tous des frères et sœurs liés. »
Puis, le soldat Impérial qui conduit notre convoi les coupe brusquement.
« Silence, derrière ! »
Malgré cet avertissement, le voleur reprend directement la parole, tournant la tête vers le quatrième passagers, qui en plus d’être attaché est bâillonner. Observant l'homme, je n'écoute pas ce que dit le voleur. Il n’a pas l’allure d’un soldat, mais plutôt celle d’un noble. Jarl ? Thane ? Il ne me dit physiquement rien, mais le premier homme m’éclaire sans que je n’aie rien demandée en répondant au voleur, ce dernier me donne en prime une indication sur le statut de cet étrange passagers.
« Un peu de respect, vous parlez à Ulfric Sombrage, le vrai Haut-Roi.
- Ulfric ? Le Jarl de Vandeaume ? C’est vous qui menez la rébellion contre l’Empire, mais puisque vous vous êtes fait prendre... Par les divins, où nous emmènent-ils... ?
- Aucune importance, Sovngarde est au bout du chemin.
- Non, c’est impossible, c’est impossible, chuchote le voleur visiblement mal à l’aise. »
Le premier homme ne répond pas directement, marquant un court arrêt pour observer la route devant lui. Il se tourne de nouveau vers le voleur, arrêtant d’observer ce qui se profile au loin.
« Hé, de quel village venez-vous ?
- En quoi ça vous intéresse ?
- Les dernières pensées d’un Nordique devraient aller vers son foyer.
- Rorikbourg, je suis de Rorikbourg. »
Un nouveau silence s‘installe, l’homme en face de moi regarde de nouveau devant lui, quand le voleur baisse légèrement la tête, l’air triste. Je regarde entre eux le paysage défiler doucement sous la brume... Un croisement de route se trouve non loin de nous. Alors que le calme régnait dans notre chariot, un soldat Impérial prend la parole un peu plus loin :
« Général Tullius, chef ! Le bourreau attend. »
Une voix grave étrangement désagréable répond au garde. Je tourne la tête en direction des voix.
« Bien, dépêchons nous d’en finir ! »
Devant nous se dresse une arche de pierre faisant office de porte, signe que nous allons pénétrer dans un village. Cela sonne la fin du voyage pour nous tous. Désolée père, désolée mère ; je ne pourrais vous dire adieux. Le voleur me tire de mes pensées en se murmurant les noms des divins. Mais ceux-ci ne peuvent l’aider, c’est certain. Je le regarde murmurer ses paroles et cela m’attriste un peu qu’il espère jusqu’au bout que les divins lui viendront en aide. Personne ne pourra rien pour lui – pour nous – en de pareilles circonstances.
« Shor, Mara, Dibella, Kynareth, Akatosh... Divins s’il vous plaît, aidez moi. »
Je me retourne pour observer ce que se trame au bout de notre route – des toits de chaume apparaissent - lorsque le guerrier Sombrage prend la parole.
« Regardez, c’est le général Tullius, gouverneur militaire. On dirait que les Thalmores sont avec lui. Satanés elfes. Je paris qu’ils ont quelque chose à voir dans tout ça. »
Je regarde ledit général Tullius ainsi que les elfes présents avec lui. Ils ne semblent pas très amicaux, je me demande s’il sera possible de leur faire comprendre que le voleur et moi n’avons rien à voir là-dedans. La réponse sera sûrement négative, mais il faut au moins espérer un peu dans la vie. Je reporte rapidement mon regard sur ce qu’il ce passe à l’avant, observant cette petite ville dans laquelle nous nous trouvons. Quel est son nom ? Peut-être que mon frère et moi étions déjà passés ici par le passé... Les maisons s’alignent entre elles et quelques citoyens sont sur le pas de leurs portes en train de regarder le convoi arriver. Le Sombrage recommence à parler : ne peut-il donc pas se taire pour de bon ? La seule chose qu’il dit d’intéressant c’est le nom du village : Helgen.
« Et bien, nous voilà à Helgen. J’y ai courtisé une fille autrefois. Ha ! Je me demande si Vilode met toujours des genièvres dans son hydromel. C’est amusant, quand j’étais petit les tours et les remparts des Impériaux me donnaient un sentiment de sécurité. »
Il se tait de nouveau pour mon plus grand plaisir. Ce n’est pas le genre de chose qu’on aime entendre avant de mourir, ce n’est pas mon genre de ressasser le passer ainsi auprès de gens qui n’en ont rien à faire. Il n’y a qu’à voir la tête décomposée du voleur de Rorikbourg pour comprendre son ennui et son stresse face à ce qui suivra. Au moins, le Sombrage s’est tut, mais un enfant assis devant sa maison brise ce court instant de calme. Saleté d’enfant...
« C’est qui papa ? Ils font quoi ?
- Rentre à l’intérieur.
- Pourquoi ? Je veux voir les soldats moi !
- A l’intérieur, immédiatement !
- Oui papa... »
Une petite tour de pierre apparaît en face de moi : j’aimerais pouvoir monter au sommet et admirer un bout du paysage, cela fait si longtemps que je n’ai pas vu la beauté de Bordeciel. Un léger sourire s’affiche sur mon visage. Le voleur me lance : «  Qu’est-ce qui vous rend si heureuse ? », mais je n’y réponds pas, préférant restée perdue dans mes dernières pensées... Et puis, une voix féminine très stricte me ramène à la dure réalité.
« Sortez-moi ces prisonniers du chariot, aller ! »
Le voleur semble surpris que l’on s’arrête à Helgen. Cet imbécile n’a toujours pas comprit que c’est la fin pour nous tous, les « prisonniers » de l’Empire. Il pense peut-être qu’il pourra fuir, mais moi je pense qu’il mourra. Comme nous autres, mais peut-être pas la tête tranchée.
« Pourquoi nous arrêtons-nous ?
- A votre avis ? La fin du voyage. »
Le chariot s’arrête à côté du premier. Je tourne la tête vers l’arrière du véhicule, des soldats Impériaux nous y attendent. Pour une raison que j’ignore, le Jarl Ulfric m’observe. Bah, si ça peu lui faire plaisir d’observer des inconnu qui mourront avec lui. Et puis, du premier chariot, j’aperçois mon frère descendre. Celui-ci ne semble pas m’avoir vue, mais au moment où je voulais l’appeler, l’autre Sombrage se mit à parler.
« Allons-y, ne faisons pas attendre les dieux.
- Non, attendez, nous ne sommes pas des rebelles !
- Affrontez la mort avec courage, voleur, coupa sèchement le Sombrage.
- Vous devez leur dire, on n’était pas avec vous, c’est une erreur ! »
Nous descendons tous les quatre du chariot, l’un après l’autre. Je sens que ce voleur va tenter quelque  chose qu’il regrettera... La femme Impériale qui avait parlée un peu plus tôt reprit la parole, sans prendre en compte ce que viens de dire le voleur.
« Avancez en direction du billot quand vous entendez votre nom. Un seul à la fois.
- Pfeuh, l’Empire adore ces satanées listes.
- Ulfric Sombrage, Jarl de Vandeaume.
- Ce fut un honneur, Jarl Ulfric.
- Ralof de Rivebois, Lokir de Rorikbourg.
- Non, je ne suis pas un rebelle. Vous n’avez pas le droit !
- Halte là ! »
Le voleur prit ses jambes à son coup. Malheureusement, il n’aura pas la chance de s’enfuir vivant. Le village grouille de soldats armés, et lui ne possède même pas d’armures, sans compter que ses mains sont entravées. Il court comme un beau diable en criant « Vous n’arriverez pas à me tuer ! » Seulement déjà l’Impériale appelle ses archers à tuer le pauvre bougre, les bras croisés. Une fois le voleur mort, elle se retourne vers le reste des prisonniers en les toisant du regard.
« Quelqu’un d’autre a envie de s’enfuir ?
- Vous, là. Approchez. Qui êtes-vous ? Demande l'Impérial tenant la liste.
- Freyja Drakalisk.
- Vous êtes bien loin de la cité Impériale. Qu’est ce que vous faîtes en Bordeciel ? »
Il marque un court instant d’hésitation, se tournant vers la capitaine Impériale. Un soldat d’à côté s’approche et signale qu’un certain Naxxar Drakalisk est ici mais ne figure pas sur la liste. Le  soldat accompagné de la liste de mon côté continu de parler, semblant ne pas avoir entendu qu’il dit exactement la même chose que l’autre soldat.
« Capitaine, que fait-on ? Elle ne figure pas sur la liste.
- Peu m’importe qu’ils ne soient pas sur les listes, ils rejoignent le bâtiment comme les autres.
- A vos ordres,  capitaines, répond-il en hésitant. Désolé. Nous nous assureront que vos cadavres soient renvoyés en Cyrodiil. Suivez le capitaine. »
J’aurais voulu répondre que ma famille ne vivait pas en Cyrodiil mais ici, en Bordeciel, malgré qu’ils se soient éteints quelques semaines auparavant. Tant pis, mon sort est de toute manière scellé. Naxxar ne m’a même pas jeté le moindre regard, parfois je déteste le fait que ce soit lui, mon frère. Bon, comme demandé, je suis le capitaine jusqu’à arriver au niveau des autres prisonniers. En face, une autre tour devant laquelle se trouve le bourreau et sa lourde hache à quelques mètres du billot, une prêtresse d’un divin quelconque et quelques autres soldats impériaux. Ulfric Sombrage est au premier rang des prisonniers et un autre soldat Impérial, le général Tullius, lui parle.
« Ulfric Sombrage, certains ici à Helgen vous prennent pour un héros, mais un héros n’utilise pas un pouvoir comme celui de la voix pour assassiner son roi et usurper son trône, - le jarl Ulfric marmonne quelque chose mais le bâillon l’empêche de parler – vous avez commencé cette guerre, plonger Bordeciel dans le chaos, désormais l’Empire va vous abattre et rétablir la paix. »
Puis, un cri strident retentit dans le ciel. Chacun tourne la tête en direction de celui-ci pour voir ce qu’il ce passe, mais rien. Quel genre de bête est capable de pousser un tel cri ? En tout cas, pas un ours, ni un troll ou même un loup. Non, c’est quelque chose de plus... reptilien ? Une fois le grondement achevé, un Sombrage demande ce que c’était. Le Général Tullius répond directement à l’intention de tous, soldats, prisonniers et civils.
« Ce n’est rien, continuez.
- Oui, général Tullius. Accordez leur leurs derniers rites.
- Nous recommandons vos âmes à Aetherius, que les huit Divins vous bénissent, car vous êtes le sel et la terre de Nirn, notre bien-aimée...
- Pour l’amour de Talos, finissons-en, coupa sèchement un Sombrage en s’avançant vers le billot.
- Comme vous voudrez.
- Aller, je n’ai pas toute la journée. »
Plus personne ne parle, la capitaine Impériale viens se placée derrière le Sombrage, le faisant s’agenouiller. Jamais je n’ai vu quelqu’un aller volontairement au devant de la mort comme cela, je dois avouer qu’il est tout de même courageux. Lorsque le capitaine place le Sombrage sur le billot, la tête dépassant et tournée vers le bourreau, le soldat aux portes de la mort se remet à parler.
« Mes ancêtres me sourient, Impériaux. Pouvez-vous en dire autant ? »
Un silence de mort retombe juste après. Le bourreau élève sa hache dans les airs juste au dessus de sa tête et la fait lourdement tomber sur le coup du Sombrage. La tête se détache du corps sans trop de difficulté, tombant dans la petite bannette de bois posée juste devant le billot. Le corps sans tête est ensuite poussé sur le côté. Une Sombrage – et la seule du groupe d’ailleurs – sort une phrase tout à fait inutile au vu de la situation. « Chien d’Impériaux » qu’elle dit. Aussitôt, les quelques habitants derrière nous lancent à l’intention des sombrages :
« Justice !
- Mort aux Sombrages !
- Aussi courageux dans la mort que pendant toute sa vie, ajoute Ralof.
- Maintenant, à vous ! »
Le capitaine s’adresse à mon frère en disant cela. Seulement à peine a-t-elle prononcée ces paroles que le grondement strident  de tout à l’heure reprend, plus fort cette fois-ci, comme si l’auteur de ce cri se rapprochait petit à petit de nous. Tout le monde a de nouveau les yeux rivés sur le ciel. Mais rien ne peut venir du ciel, pas vrai... ? Ralof prend de nouveau la parole.
« Ca recommence. Vous avez entendu ?
- J’ai dis : au suivant ! s’impatiente le capitaine Impérial.
- Aller, au billot. Et dans le calme... »
Mon frère s’approche sans aucune hésitation vers le billot. La mort n’est qu’une étape de la vie, mais de là à prendre cela de cette façon... Alors qu’il s’agenouille à terre et qu’il regarde en direction du bourreau, le cri recommence. Cette fois, il est vraiment tout proche. La hache s’apprêtait à trancher la tête de Naxxar lorsque soudain...
« Qu’est ce que c’était que ça ?
- Sentinelles ? Que voyez-vous ?
- Il est dans les nuages !
- Par les dieux, un dragon ! Comment est-ce possible ? »
Un dragon aux écailles aussi noires que la nuit et aux yeux sanglants sortit des nuages pour venir se poser sur la tour. Il lança un terrible rugissement accompagné d’une onde de choc qui mit tout le monde à terre. Je m’écroule comme beaucoup et mon esprit me lâche quelques secondes...

Le cœur d'un enfant de Dragon. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant