La face cachée

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C'était une belle soirée d'été. Les arbres étaient doucement effleurés par une brise tiède, et le soleil traversait les feuilles. Le ciel était d'un beau bleu sombre, rappelant la chaleur de la journée qui venait de s'écouler. La forêt était si paisible que personne ne pouvait se douter de ce qui allait se passer.

Non loin de là, une jeune femme se promenait, insouciante, et longeait le bord de la forêt, profitant de la fraîcheur qui en émanait, le sourire aux lèvres. Elle était rousse, aux yeux noisette, habillée légèrement pour ne pas avoir trop chaud et portait sur son épaule son sac de sport. Elle sentait encore sur certaines parties de son corps les coups qu'elle n'avait pas réussi à éviter lors de son cours de combat, et était sûre que dès ce soir ses bras et jambes seraient constellées de bleus. Elle marchait lentement, voulant profiter de sa proximité avec la forêt un peu plus avant de devoir rentrer chez ses parents adoptifs.

Un sourire étira ses lèvres en pensant à eux. Elle les adorait, vraiment, de tout son cœur, et les considérait comme ses vrais parents. Cependant, depuis quelques mois, leur comportement avait changé. Ils lui interdisait de sortir trop tard, ou même de fréquenter certains endroits de la ville, et elle ne comprenait pas pourquoi. Le plus surprenant était leur formelle interdiction de pénétrer la forêt.

- Mara, tu dois me promettre que tu ne mettras jamais un seul pied dans cette forêt, c'est bien clair? Il en va de ta sécurité, lui avait dit quelques semaines plus tôt son père.

En y repensant, elle haussa les épaules. Vraiment, c'était n'importe quoi. Elle comprenait qu'ils puissent se faire du soucis pour elle, elle était leur unique enfant après tout, mais cette inquiétude prenait des proportions démesurées. Elle s'arrêta un instant, se tourna pour être en face de la forêt silencieuse, et soupira.

- Pourquoi cette forêt serait dangereuse? Ce n'est qu'un tas d'arbres... marmonna-t-elle.

Un bruit sourd vint interrompre le flux de pensées de la jeune rousse qui fronça les sourcils. Le bruit semblait venir de la forêt, alors elle fixa cette dernière, tentant de découvrir d'où venait ce qu'elle avait entendu. Son pouls s'accéléra quand elle entendit les cris d'agonie d'un animal, et elle essaya donc de se calmer, se rappelant les paroles de son professeur particulier, celui qui l'entraînait trois fois par semaine au combat.

- Si un jour tu te sens en danger, il faut en premier lieu que tu gardes ton sang-froid. Comment voudrais-tu maîtriser la situation si tu n'arrives même pas à maîtriser tes émotions? Concentre toi, calme toi, ensuite tu n'auras qu'à observer et à trouver une faille, n'importe quoi qui puisse te mettre en position avantageuse.

Mara prit quelques instants pour calmer sa respiration et les battements de son cœur. Ensuite, elle fouilla dans une poche de son sac et en sortit la petite dague que lui avait offert Julien, son père, pour ses 18 ans. Il lui avait fait promettre de toujours la garder avec elle, et c'est ce qu'elle avait fait.

Serrant sa main sur le manche pour stopper les tremblements qui s'emparait de son bras, elle fit un pas dans la forêt, puis un deuxième, et enfin se faufila entièrement entre les arbres, s'enfonçant de plus en plus, sur ses gardes. Elle se colla à l'arbre le plus proche quand elle sentit des vibrations dans le sol, signe que quelqu'un ou quelque chose approchait. Elle se colla tellement à cet arbre qu'elle eu l'impression de ne faire qu'un avec.

Sa concentration était au maximum, elle sentait la chose approchait et était prête à lui sauter dessus. Elle se ravisa cependant en voyant que ce n'était rien d'autre qu'un gros cochon de forêt, soupira et se décontracta. Ses sourcils se froncèrent quand elle le vit s'effondrer au sol, une flaque de sang se formant autour de son corps inerte. Peu rassurée, Mara s'approcha de l'animal doucement, et eu un mouvement de recul quand elle vit des marques profondes de morsures.

Sans qu'elle ne s'en rende compte, l'air changea, se fit plus lourd, et c'est quand une odeur de putréfaction se fit sentir que la jeune femme se crispa, des frissons parcourant tout son corps. Elle sentait une présence derrière elle, et n'était pas sûre de vouloir découvrir ce que c'était. Elle espérait seulement que tout cela n'était qu'un mauvais rêve.

Prenant son courage à deux mains, elle commença à se tourner lentement, sans faire de mouvements brusques, tout en réprimant les nausées qui s'emparaient d'elle, dues à l'horrible odeur qui ne faisait que s'accentuer. Quand elle fut finalement en face de la chose, son visage perdit le peu de couleurs qu'il lui restait, et ses yeux écarquillèrent.

Devant elle se tenait un homme, ou plutôt une chose qui avait une apparence humaine. Il était très pâle, et n'avait que la peau sur les os. Il ressemblait à un cadavre, et un rictus mauvais faisait apparaître des dents très fines, taillées en pointes, et tachées de sang. Les bras ballants, la créature fixait Mara d'un air mauvais, qui elle menaçait de perdre connaissance.