CNA

CHAPITRE 4

Mélodie

Je détestais ma mère du plus profond de mon cœur. A quoi bon être mère si c'était pour abandonner vos enfants ? Elle était une traitresse, une femme qui regorgeait de mauvais choix. Il m'avait laissé une lettre... Celui avec qui j'avais passé la première année de ma vie. Je l'avais lu à mes 12 ans, lorsque l'orphelinat de jeunes filles dans lequel j'étais tombée me l'autorisa enfin. La haine qui s'était emparée de moi à l'époque n'a jamais totalement disparue... Elle était encore là, à vif, prête à obtenir réparation. 

Je ressortis la lettre que je gardais toujours sur moi :

"Ma Mélodie, je t'écris cette lettre pour que lorsque tu en auras l'âge, tu en connaisses un peu plus sur ta mère, Déborah Skins. Ma femme avait bien des défauts mais s'il y a bien une chose que je ne pouvais lui reprocher, c'était sa loyauté envers moi et la mission que je lui avait confié. Seulement voilà, la mission demandait des sacrifices... Des obligations que ta mère a dû remplir. Et vous voilà alors toi et ta sœur, Harmonie et Mélodie Skins. Quand les contractions ont commencé, ta mère a été placé dans sa chambre de l'époque avec les deux possibles pères à ses côtés. Je me souviens du nom de la fille qui l'a aidé à accoucher, Akane. Un premier bébé est né. Il s'agissait de ta sœur. Les deux pères s'ont alors sorti de la pièce pour s'en occuper tandis que ta mère avait besoin de repos. Rien ne présageait un deuxième enfant... Après plusieurs minutes, Déborah voulait être seule et elle demanda à Akane de sortir de la chambre, ce qu'elle accepta. Mais presque une heure après la venue de ta sœur, la douleur reprit, de plus en plus forte et de plus en plus rapide. Ta mère était tellement épuisée par son premier accouchement qu'elle ne trouva même plus la force de crier ou bien de pousser. Encore aujourd'hui, nous pensons que ta naissance est encore et toujours de l'ordre du miracle. Contrairement à ta sœur, ta mère t'a aimé presque instantanément. Et c'est pour cela qu'elle a décidé de m'appeler en cachette. Pour que je vienne te récupérer, parce que nous te considérions comme notre fille. J'ai réussi à prendre soin de toi et personne n'a jamais su pour ton existence excepté ta mère et moi. Voilà comment tu es arrivée auprès de ton papa, Daryl Reed."

Il est mort seulement 1 an après ma naissance. Je sais pourtant que j'ai été heureuse à ses côtés. Après cela, ma vie m'a emmené dans un orphelinat de jeunes filles où j'ai vécu l'enfer. Le genre d'établissement trop stricte à la limite de la maltraitance où nous devions être sages et dociles pour ne pas être considérées comme des dévergondées. J'y ai vécu jusqu'à ma majorité. Enfin libre, j'ai décidé de retrouver celle qui avait la même mère que moi. 

Puis je suis tombée malade... Une tumeur dans le cerveau... Un carcinome de l'hypophyse. Je ne pouvais pas le soigner bien évidemment... Je n'en ai plus que pour quelques mois, 3 voir 4 peut-être. Cela fait des mois que je n'ai plus mes règles et que je suis sans doute stérile désormais. L'une des malheureuses conséquences de cette pourriture de maladie. Alors maintenant, plus rien ne me fait peur. Je me dis toujours que si j'avais pris la place d'Harmonie, j'aurais eu une meilleure vie, sans maladie, sans peine et indolore. Si elle n'avait pas existé... Je vivrais sans doute... 

Amande

J'avais tellement froid. Mes yeux s'ouvraient petit à petit, le temps de s'acclimater à la lumière. Il me fallu seulement quelques secondes avant de reconnaître le lieu où je me trouvais, la chambre d'Anton et son frère. Sur le moment, je sentais à peine mon corps. J'étais en quelque sorte encore dans le brouillard. Je discernais à peine une ombre bouger dans tous les sens. Il s'agissait d'Anton, tenant plusieurs serviettes dans son bras gauche et une bouteille d'eau dans la main droite. Il se précipita vers moi et remarqua que j'étais réveillée. Les traits de son visage paressaient inquiets ou plutôt perdus, il semblait réfléchir à beaucoup de choses en même temps.