NÉMÉSIs

Chapitre II

Précédemment

  -- S'il te plait, je veux juste voir Néxane dis je en gardant mon calme.

-- tu ne peux pas.

-- et pourquoi ?

-- Qu'espérais-tu après neuf années de silence?

Puis elle prit une profonde inspiration avant d'ajouter

-- tu ne peux plus... parce que Néxane est morte. Elle s'est suicidée.

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_ je n'arrivais vraiment pas à y croire, continuai-je en m'adressant à Papis, ou je perdais la raison, ou Néma avait inventé cette " horreur " pour me déstabiliser. Mais Néxane ne pouvait pas être morte, encore moins s'être sui-ci-dée!
J

e passais des minutes à essayer de reprendre contenance. Je suffoquais, j'étais dégoûté et mon regard cherchait celui de Néma afin d'y lire un  " non mais je blague! Nexane est prête, elle t'attendait depuis tout ce temps! Viens donc la rejoindre! Mais qu'est-ce que t'attends ?? ".

Mais venait ensuite le moment où la dure réalité s'abattait sur mon monde. Et l'illusion d'une Néxane en vie s'effondrait. Tout ce que je voyais dans les yeux de Néma était une colère sourde qui vrillait du fond de ses prunelles prêtes à me brûler vif. Elle m'en voulait. Et à juste titre.
Mes yeux quittaient le visage de Néma pour se poser sur n'importe quoi. Pourvu qu'ils échappent au regard lourd de reproches qu'avait adopté Néma. Je ne voulais pas la regarder, pour la première fois, je lui remarquait une ressemblance frappante avec sa sœur, Néxane.
Ces yeux grands si expressifs et innocents... ce nez fin et impertinent, légèrement pointé vers le ciel... ces sourcils fournis et pourtant si bien arqués... une bouche aux teintes rosées! Mon Dieu! Et voilà que je confondais la cadette et l'aînée! Et voilà que je remplaçais la vivante par la morte!
Comme une plaie qu'un couteau remue, le visage de Néma me rappellait, telle une malédiction, tout ce que j'avais perdu.

Le remords!
Le remords!
Le remords!
La panique!
La fatigue!

Je voulus pleurer, je voulus crier, je voulus chialer, me rouler dans la poussière, mais la virilité " a ses exigences de dignité ".
Toutes les paroles relatives à la mort, à la fatalité du destin, entre autres, revenaient et se bousculaient dans ma tête dans un sursaut d' "auto-consolation ". Et alors je repensais aux mots de Mariama Bâ. Pourtant cette écrivaine, je ne l'avais pas lue depuis belle lurette. Mais le cerveau a des mécanismes inconnus. La mémoire est douée pour réadapter les souvenirs dans le présent. Et alors dans un écho profond, cette phrase extraite d'Une Si Longue Lettre tournoyait et tournoyait telle une toupie.
    
        " Le destin frappe qui il veut, quand il veut. Dans le sens de vos désirs il vous offre bonheur et plénitude. Mais le plus souvent, il déséquilibre et heurte. Alors on subit. "

Et ce que je peux te dire Papis, c'est que j'ai subi la mort de Néxane de la plus affreuse des façons. Il me semblait que c'est à moi que l'on avait ôté l'âme. Je ressentais une profonde brûlure, un vide intérieur. J'étais au bord de la dépression.

-- Qu'attends-tu pour partir Alfy? Tu n'as plus rien n'à faire ici. Tu as causé assez de malheurs. Qu'est-ce tu attends de nous maintenant? Que veux-tu ?  Tu ne comprends pas que tu es ici une personne in-dé-si-ra-ble?? Par ta faute Néxane est morte. Tu entends? M-o-r-t-e je te dis.
Qu'espérais-tu trouver ici après neuf ans d'absence? Hein? Maintenant tu es content? Dis-moi espèce de lâche! C'est aujourd'hui que tu me vois? C'est aujourd'hui que tu me parles? Veux-tu que je te console? Eh bien remballe vite tes affaires parce qu'ici, tant que je vivrais, tu n'auras que malédiction sur malédiction!!! Thimm gnak fayda! Espèce de misérable!!!