J'ai cru que m'occuper m’empêcherait de penser.
J'ai cru que sortir comblerait le vide.
J'ai cru que toutes ces drogues apaiseraient la peine, que si je faisais encore et toujours la fête, je serais heureuse.
Ne pas voir les journées défiler. Ne pas dormir.
J'ai cru que cela passerait tout seul, que j’étais mature à présent, que plus rien ne me toucherait, que mes souffrances d'adolescentes étaient derrière moi, que plus rien ne pourrait m'atteindre, que faire semblant me convaincrait.
Que ne pas réfléchir était la bonne solution.
Mais je me suis trompée.
Je ne me suis jamais sentie aussi mal. Pire, je ne me suis jamais sentie aussi vide.
Souffrir de ne rien ressentir.
Et à présent je donnerais tout pour retrouver mon spleen, ma tristesse, mes moments de faiblesses.
Je donnerais tout pour retrouver mes souffrances d'adolescentes, je donnerais tout pour ne plus être le robot que je suis devenue.
Tout pour ne plus être la fille charmante qui séduit pour combler un manque, mais qui s'enfuit dès que cela devient trop sérieux.
Ne plus être celle qui s’échappe trop loin. La fille trop simple qui sourit à tous, qui sourit à tout. Celle vide de sens, sans relief, qui se fout de tout, mais qui ne se fout de rien.
Alors aujourd'hui je n'ai rien fait.
Aujourd'hui je ne suis pas sortie, je n'ai pas dansé, je n'ai pas bu, je ne me suis pas droguée, aujourd'hui je n'ai séduit personne, menti à personne.
Aujourd'hui je n'ai pas cherché à donner du sens à ma vie, mais aujourd’hui j'en ai trouvé un.
Ne plus chercher.
Aujourd'hui je me suis retrouvée seule avec moi-même. Et j'ai pleuré. Vraiment. Pour rien. Pour tout. Comme cela ne m’était pas arrivé depuis des mois, des années, voire des siècles.
Aujourd’hui je revis, car je suis malheureuse, enfin.
Aujourd'hui j'ai compris qu'il fallait arrêter de se cacher, qu'on ne peut pas être parfait, qu'on ne peut plus se mentir.
Aujourd'hui je suis moi-même, pleine d'imperfections et de faiblesses, mais aujourd’hui je vis.
