Chapitre 1

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OLLY

Le coup de fusil retentit et j'amorce ma course. Le soleil plombe sur la piste brune. Une chance que j'ai mes lunettes de soleil! Je devrais être terrifiée par le nombre de personnes présente, mais je ne le suis pas. Je cours le plus vite possible. Jennifer O'Kelly, la championne de l'année dernière, est devant moi. Elle représente l'Angleterre et tout le monde sait qu'ils sont les adversaires les plus redoutables au 400 mètres. J'inspire et j'expire du mieux que je peux pour éviter d'avoir une crampe. Je dévie mon regard de la piste de course pour regarder la distance qu'il me reste à parcourir avant la ligne d'arrivée. Je dirais qu'il ne me reste qu'une centaine de mètres. Jennifer me devance de quelques pas, mais je refuse de lui laisser la première place du podium. Je prends une énorme respiration et cours le plus vite possible. Ma tête est vide. C'est mes jambes qui font tout le travail. Je vois Jennifer regarder derrière elle, surprise que je sois aussi près. Pendant ce temps, mes jambes continues de courir toute seule, sans que mon cerveau ait besoin de leurs ordonnées. La fin de la course arrive à grand pas. J'accélère sans même m'en rendre compte et dépasse l'ancienne championne du monde. Je suis fière de ma performance, mais je ne dois pas laisser la joie me distraire. Pas tout de suite. Il me reste maintenant moins de quinze mètres à parcourir. Je continue toujours de courir à la même vitesse. J'entends la foule crier de tous les côtés. La voix de ma mère arrive tant bien que mal à mes oreilles et je ne peux m'empêcher de sourire. Je me sens tellement bien, tellement libre, tellement vivante! Je franchis la ligne d'arrivée en poussant un cri de fierté et de soulagement. Je continue de marcher quelques secondes afin de reprendre mon souffle. Puis d'un coup, je m'effondre au sol. Je ne peux retenir mes larmes de joie en regardant le chronomètre. Cinquante-trois (53) secondes. Je n'arrive pas à y croire. J'ai réussi à battre mon record personnel de quatre secondes! Un homme vient me voir, puis après m'avoir rapidement félicité, me tend la main et m'aide à me relever. Je me remet à peine sur mes pieds quand, sans avertir, un énorme drapeau du Canada apparaît sur mes épaules. En l'espace de quelques minutes, je suis déjà installée sur le podium tenant un énorme bouquet de fleurs. Une jeune fille d'environ huit ans me passe la médaille d'or au cou. et je verse quelques larmes en la remerciant. Ma mère, qui est parmi les spectateurs, essuie ,elle aussi, ses larmes de joie.

Mon réveil matin sonne et je reviens à la réalité. Aucun fil d'arrivée franchi, aucune course gagnée et surtout, aucun de championnat mondiale remporté. Je suis couchée dans mon lit, les yeux rivés au plafond. Je me demande si j'ai envie de me lever, mais évidemment la réponse est non. Sans volonté, je m'assis sur le bord du lit et dépose délicatement mes pieds au sol. Mon plancher n'est pas seulement froid, il est glacial. Au moins, cela me réveille un peu! Je prends mes lunettes sur ma table de chevet et les enfile. Je peux enfin voir correctement l'heure inscrite sur mon réveil. Six heures et quarante-cinq (6H45). Quelqu'un cogne trois petits coups à la porte de ma chambre et s'ouvre avant même que je donne mon autorisation. La tête de ma mère apparaît dans l'embrasure de ma porte ?

- Es-tu prête pour ta première journée d'école?, me demande ma mère en entrant dans ma chambre.

- Non absolument pas, mais je n'ai pas le choix j'imagine.

- Oh Olly. Allez, un peu d'enthousiasme s'il te plait! Je sais que ce n'est pas facile d'arriver au milieu de l'année scolaire, mais tu n'as pas d'autres choix. Ce n'est certainement pas de ma faute si tu as voulu déménager parce que Camille est décédée. Je te rappelle que c'est toi qui as voulu quitter cette école.

- Super maman ! Merci pour tout! Écoute moi bien et met toi à ma place deux minutes. Tous et quand je dis tous, c'est vraiment TOUS les élèves de l'école qui étaient sur mon dos. Crois-tu une seule seconde que j'aurais poussé ma meilleure et ma seule amie au suicide ? Me crois-tu réellement capable de faire ça ?

Cours autant que tu veuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant