Bessie

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Campagne de Londres, février 1850

Les branches griffaient mon visage, égratignaient mes jambes déchirant le tissu de ma robe et de mon pardessus au passage. Je courrai, encore et encore à en perdre haleine sentant mon cœur prêt  d'imploser dans ma poitrine alors que, la nuit noire m'enveloppait.

La peur et l'adrénaline mêlée me poussait en avant, comme si peu importe ce qui me poursuivait ou se trouvait devant dans les ténèbres, je me devais de continuer ma course.

Mes bottes s'enfonçaient dans la tourbe, manquant me faire déraper ce qui, fini hélas par arriver quelque mètres plus loin. Je m'étalais de tout mon long dans la boue humide, luttant pour reprendre mon souffle. Clignant des yeux en chassant la terre de mon visage j'avisais au loin ce qui semblait être mon unique salut: trois lueur diffuse parmi le brouillard mais qui ne pouvaient qu'émaner d'une demeure.

Reprenant du courage je me relevais en hâte, me dirigeant vers la lumière.

Allez, bientôt je serais en sécurité !

Plus je m'en approchais et plus le soulagement me donnait des ailes, rallongeant le pas je fût bientôt auprès de la demeure qui s'avérait être un véritable manoir. Une allée immense bordée de hauts arbres dont je ne distinguais que les silhouettes fines me faisaient face.

L'espace d'une fraction de seconde je fus impressionnée, hésitant presque mais ce ne fut qu'une passade. Je m'élançais vers la haute bâtisse, gravissant quatre à quatre les marches de pierre, ratant la dernière.

Mon front frappa le bois vernis et le souffle me manqua alors que dans un dernier fragment d'espoir je tambourinait comme une démente sur cette dernière:

« - Ouvrez ! Par pitié ouvrez-moi ! Ouvrez ! Je vous en supplie ! Ou.... »

Ma phrase resta en suspens, flottant dans l'air tandis qu'un halo de lumière m'aveuglait. Le bas d'un pantalon d'uniforme et des chaussures vernis apparurent dans mon champ de vision.
Relevant la tête je découvris un homme de haute stature mais je ne distinguais pas bien ses traits car il était dos à la lumière.

Là, agenouillée au sol, les cheveux en bataille, maculée de terre et de feuilles mortes des pieds à la tête je devais faire peine à voir:

« - J...Je vous en supplie aidez moi, murmurais-je en tendant une main vers lui

Il me toisa:
Vous vous êtes sûrement trompée d'adresse mademoiselle, il allait refermer la porte mais je glissais le bout de ma chaussure dans l'interstice. Ma robe en piteux état dévoila un bref instant le galbe de mon mollet marqué de l'horrible pentacle.

L'homme l'aperçu, il laissa échapper un hoquet de stupeur avant de m'attraper avec violence et de me tirer à l'intérieur du manoir. »

La porte claqua derrière moi, me laissant dans un grand désarroi.

Tremblante, à demie étendue sur le carrelage de marbre froid je n'osais plus bouger. La façon dont l'homme m'avait attiré à l'intérieur, comme si
la vue de ma marque l'avait poussé à le faire, me terrifiait.

Est-ce qu'il a vu ? Est-ce qu'il est avec eux ?

La main de l'homme se posant délicatement sur mon épaule me sortit de mes pensées. Il se pencha vers moi, et je découvris son visage fin et pâle encadré de mèches folles et sombres auquel, des prunelles à l'éclat flamboyant conféraient une aura étrange, presque maléfique.

Son regard était captivant, je m'y perdis jusqu'à ce qu'il brise le silence:

« - Je m'excuse mademoiselle, il est évidant que je vous ai mal jugé...Mais permettez moi de vous demandez ce qui vous a poussé à frappé à cette porte en une heure si tardive ?

BirthdeathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant