La nuit est rapidement tombée, plongeant la propriété dans les ténèbres. Seule la lucarne de l'entrée à l'extérieur, nous éclaire. L'équipe de Shadow's Guys termine d'installer le matériel dans toute la maison, en établissant leur quartier général dans la salle à manger.
— Tout est maintenant en place ! déclare Jak à la fois à moi et à la caméra d'Arnaud.
— À quoi sert tout ça ? demandé-je en regardant les écrans sur la table de réception.
— Chaque image sur ces écrans est reliée aux caméras installées dans toute la maison.
— D'accord... et ça ?
Je montre une sorte de lecteur qui ressemble aux vieux téléphones à neuf touches.
— C'est un lecteur de PVE. Il nous permet d'entendre ce que cette entité nous dira.
— Ah oui, c'est vrai.
Il m'en avait déjà parlé plus tôt dans la journée.
— Ceci, dit-il en désignant une sorte de tablette avec une poignée en dessous pour la tenir, c'est une caméra SLS. Elle permet de voir s'il y a une silhouette qu'on ne peut pas voir distinguer à l'œil nu. Et ça, c'est un paranormal Puck. Il est relié à un logiciel, et enregistre tous les mots que ce palet captera.
— D'accord ! Et ces talkies-walkies ?
— Pour que nous puissions communiquer entre nous lorsque nous serons séparés ! me répond Arnaud.
Ils s'équipent tous, à l'exception de Ray qui s'installe devant les écrans.
— Bien ! Tout est maintenant en place !
— Que va-t-il se passer ? demandé-je curieuse.
— Nous allons tout éteindre, pour commencer !
Je me tourne vers Jak en le regardant comme si un deuxième nez lui poussait au milieu du front.
— Pardon ? Vous voulez dire que nous ne verrons plus rien ?
— C'est ce qui caractéristique le noir, sourit Jak taquin.
Je souris nerveusement, légèrement détendue. Il soupire et pose une main sur mon épaule, sous le regard scrutateur des autres.
— Tout va bien se passer, ne vous en faites pas.
Je prends une grande inspiration et ignore la boule que j'ai au creux de mon estomac. Il faut que je leur fasse confiance. Ce n'est pas la première fois qu'ils font ça.
— Ça fait combien de temps que vous faites ce boulot ?
— Cinq ans.
— Putain ! Ça passe tellement vite ! s'exclame Arnaud impressionné.
— Vous voyez ? Nous savons ce que nous faisons.
— Je ne voulais pas insinuer ça, excusez-moi... C'est d'accord.
— Avant d'éteindre, prends le détecteur qui mesure l'énergie ! lui tend Bobby.
— Merci ! sourit Jak.
Le détecteur qui mesure l'énergie, ressemble à un gros boîtier gris avec un écran orange où est marqué le chiffre zéro.
— Pourquoi il est à zéro ?
— Parce qu'il ne détecte rien pour le moment. Essayez de vous détendre Hécate. La peur les attire.
Merveilleux ! Il ne manquerait plus que ça !
— D'accord... répété-je.
À croire que je ne connais que ce mot.
— Parfait ! Ray, c'est bon ! Éteins tout !
Je serre mes poings en attendant le moment fatidique où je ne verrais plus rien.
— Et souvenez-vous, les lampes torches ne doivent servir qu'en cas d'urgence ! rappelle Jak. Prenez la mienne.
Il m'en tend une, que je serre dans ma main droite avec force. Juste après que Bobby et Arnaud ont acquiescé, Ray éteint la lumière, nous plongeant dans l'obscurité. Cette pièce est éclairée par la lumière des écrans, mais je ne suis pas rassurée pour autant. Je ressens tout à coup la sensation étrange, semblable à celle que j'avais quand j'étais plus jeune.
— Et souvenez-vous que ça peut être dangereux ! rappelle Jak à notre adresse, à voix basse. Hécate s'est fait attaquer plusieurs reprises !
— Vous aussi, vous ressentez cette sensation d'oppression ?
— Oui. C'est comme si cette présence veut que nous sachions qu'elle est là ! s'exclame Arnaud.
— Ne vous en faites pas Hécate, me rassure Jak.
Je la sens autour de moi. Elle rôde.
— Je vous avais prévenue... ricane-t-elle, amusée.
— Elle est amusée. Elle dit qu'elle nous avait mises en garde.
— Ne vous en faites pas, je suis là !
— Hé, Jak ! l'interpelle Arnaud. Le détecteur d'énergie affiche cinq ! C'est passé de zéro à cinq !
— C'est vous qui êtes ici ? demande Jak à voix haute en brandissant devant lui, le paranormal Puck qui fait un bruit assourdissant.
— Oui ! déclare la voix dans l'appareil.
— Hé vieux, j'ai la chair de poule, pas vous ? demande Bobby.
Je commence à trembler, puis je sens une main chaude m'attraper lentement le bras. C'est Jak.
— Regardez, nous voyons tout à travers la caméra. Nous sommes en visions nocturnes.
Je vois le salon apparaître à l'écran, tandis qu'on avance vers les escaliers. Je lui souris, même si je sais qu'il ne me voit pas.
— D'accord, on voit. Mais je la sens autour de nous. Elle patiente pour intervenir.
— Tout se passera bien. Bon ! On commence ! Vous a-t-elle déjà dit comment elle s'appelle ?
— Je n'ai jamais eu l'idée de lui demander. Elle ne cesse de me répéter que je vais mourir.
— Restez près de moi.
J'avance en même temps que les trois enquêteurs.
— Hécate vous entend. Nous aussi aimerions vous entendre ! s'exclame Jak. Venez communiquer avec nous, à travers cet appareil.
— Jak, chuchote Arnaud. Je crois qu'il y a du mouvement à l'étage.
— Hé les gars, j'enregistre du bruit provenant de la chambre d'Hécate ! annonce Ray.
— J'y vais ! déclare Arnaud.
— D'accord, mais restes sur tes gardes. Hécate, nous allons monter nous aussi, mais nous resterons là où elle est apparue tout à l'heure. Je vais essayer d'entrer en contact avec elle. Ray, si tu vois quelque chose, tu nous préviens.
— Pas de soucis !
— Hé Jak, je vais continuer d'enquêter au rez-de-chaussée ! annonce Bobby.
— D'accord, mais restes prudents, toi aussi ! Hécate, suivez-moi.
Je le suis sans lui dire un seul mot, trop concentré sur mon rythme cardiaque, que j'essaye de calmer.
— Venez nous parler ! s'exclame Jak en montant les escaliers. Comment vous appelez-vous ?
Je recommence à trembler.
— N'ayez pas peur Hécate, m'intime-t-il. Dites-moi comment vous vous appelez !
— Nora... murmure la voix dans mon oreille.
— Elle s'appelle Nora.
— Vous en êtes sûre ? Comment le savez-vous ?
— C'est elle qui me l'a dit.
— Hé, Jak ! intervient Arnaud dans le talkie-walkie. Il faut que tu viennes ici ! J'ai la chair de poule ! Je ne suis pas du tout rassuré ! La porte du placard vient de s'ouvrir ! Va me chercher la caméra thermique !
— D'accord, on va la chercher au QG, et on te rejoint ! Essaye de ne pas céder à la panique ! Hécate, venez avec moi.
Je le suis sans broncher dans les escaliers, quand je sens une main glacée me saisir le bras. Elle est ferme, et elle m'angoisse.
— Jak, je vous en prie, dites-moi que c'est votre main qui me tient, et que vous avez les mains glacées !
La lumière de l'infrarouge se braque sur moi, m'aveuglant presque. Je plisse les yeux.
— Ne paniquez pas Hécate. Je ne vous tiens pas.
— Je vais te tuer... chuchote Nora.
Les battements de mon cœur redoublent de vitesse. Mes larmes coulent sur mes joues.
— Nora, c'est vous qui la tenez ? l'interroge Jak qui garde son sang-froid.
— Oui... acquiesce-t-elle en ricanant, dans l'appareil de Jak.
— Elle veut me tuer... ajouté-je en réprimant un sanglot.
J'ai une boule dans la gorge, tellement j'ai peur. Jak soupire bruyamment.
— Nora, je prends Hécate avec moi. Ne m'en empêchez pas, s'il vous plaît.
— Vous lui dites « s'il vous plaît » ?! glapis-je presque hystérique.
— Oui, nous ne voulons pas la mettre en colère ! m'explique l'homme d'une voix posée. Le but c'est qu'elle vous relâche, pas qu'elle vous pousse.
Je reconnais qu'il a raison.
— S'il vous plaît... chuchoté-je en fermant les yeux, comme si je prie.
Je sens alors la main chaude de Jak sur mon poignet, et la pression qu'exerce Nora sur mon autre bras, diminue lentement jusqu'à disparaître. Mais je sens que nous n'en avons pas fini avec elle. J'avance d'un pas.
— Là, ça va ?
— Je... je crois, soufflé-je en m'essuyant les yeux.
— Vous pleurez ?
— J'ai vraiment eu peur, expliqué-je d'un air désolé. Pardon.
— Ne vous excusez pas. C'est normal quand on n'en a pas l'habitude. Je comprends. Prenez deux minutes pour vous calmer.
— Merci ! chuchoté-je en me frottant le front nerveusement.
Je prends de grandes inspirations en essuyant mes joues, où mes larmes coulent toutes seules.
— Je crois que ça va mieux... murmuré-je enfin, au bout de quelques minutes.
— Vous en êtes sûre ?
— Oui, ça commence à passer.
— Bien. Alors allons-y. Faites attention à la marche juste là.
Il me montre la marche en question, grâce à la lumière de la caméra. Je suis son conseil, et reste à côté de lui silencieusement, dans les escaliers. Je me détends enfin, dès que j'aperçois la lumière des écrans.
— Que s'est-il passé tout à l'heure ? nous interroge Ray en levant les yeux vers nous.
Il a le front plissé, et paraît vraiment inquiet.
— L'entité s'appelle Nora ! soupire Jak. Et elle a l'air de tenir particulièrement à la mort d'Hécate.
— Ce n'est pas plus prudent qu'elle reste ici ? lui demande Ray.
Je tourne les yeux vers Jak, en attendant sa réponse. Mais j'avoue qu'honnêtement, je me sens plus en sécurité avec lui.
— Hé, les gars ! s'exclame Arnaud dans le talkie-walkie. Je crois que vous m'avez oublié ! Il se passe beaucoup de choses ici !
— Comment ça ? lui demande Ray.
— Je ne sais pas si vous entendez depuis le QG, mais ici il y a des chuchotements, et il fait vraiment froid ! Je vois même mon souffle !
— Hécate, entendez-vous Nora ? me demande Jak.
Je reste aux aguets, mais n'entends rien.
— Non, je crois qu'elle est avec Arnaud.
— Génial ! s'exclame Arnaud. Je ne suis pas du tout rassuré...
— Essaye de te calmer Arnaud, lui conseille Jak. On arrive.
Je regarde Jak, avec un air inquiet. Est-ce que je veux y aller ?
— Hécate, vous êtes prête à retourner dans votre chambre ?
— Je... je ne pense pas que j'ai le choix. Je sens qu'il faut que j'y aille.
— Si vous n'êtes pas rassurée, n'hésitez pas à me tenir le bras.
Je hoche la tête silencieusement et nerveusement, et le suis dans l'obscurité.
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HANTÉE Tome 1 : Sacrifice (Publié sur Amazon)
ParanormalDISPONIBLE SUR AMAZON EN EBOOK ET BROCHÉ Hécate Encrow est une jeune femme hantée. Seule parce que personne ne croit ce qu'elle dit, elle arrive à trouver de l'aide chez des Chasseurs de fantômes et démons, mondialement connus : les Shadow's Guys. E...