Chapitre 4

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Je regarde Tom franchir la porte pour rejoindre le chauffeur qui l'attend dans la rue. Il est tout juste sept heures, même pas, tout le monde dort encore sauf moi.avec le décalage horaire puis notre discussion de la veille, je n'ai vraiment réussi à fermer l'œil. Je me suis entretenu avec Tom avant qu'il ne parte, il m'a bien conseillé de ne rien lâcher et de contacter nos avocats le plus tôt possible seulement pour le moment, je veux m'occuper de Melody.

Je me pose dans la cuisine après avoir fouillé partout pour me préparer un café. Je le bois dans le silence le plus complet, l'esprit encore dans le trouble. Je repense à tout ce que Juliet m'a si gentiment envoyé en pleine tête hier soir. Putain, je n'arrive pas à passer à autre chose, je le ressasse encore et encore... Ça tourne en boucle dans mon esprit, ça me fait mal à chaque fois qu'un seul de ses mots me revient. Et je sais très bien qu'elle a raison sur chaque point, c'est pour ça que c'est si blessant. Elle a tapé dans le mille. Je sais tout ça depuis longtemps sans jamais oser l'avouer mais aujourd'hui, je dois me remettre en question.

Sauf que je sais que c'est dangereux. Je ne peux pas revenir là-dessus. Si quelqu'un apprend l'existence de Melody, c'est une catastrophe. Je ne veux pas qu'elle soit ciblée comme étant ma fille, que des gens veuillent tout apprendre d'elle sous prétexte qu'elle est ma fille ou pire, qu'ils l'approchent pour mieux m'atteindre. Je ne changerai pas d'avis sur ça. Melody doit rester inexistante de ma vie d'artiste. Je reçois bien assez d'insultes et de menaces inquiétantes pour ne pas donner une proie supplémentaire à ces tarés qui veulent s'en prendre à moi.

Il est clair que pour lui éviter le moindre problème, l'éloigner totalement de ma vie serait une solution mais je refuse que ça soit le cas. Melody, c'est MA Lady, MA fille. Si je veux l'éloigner de ma vie d'artiste, je ne veux pas pour autant me séparer d'elle dans ma vie d'homme. Elle compte. Elle compte même énormément, même si je n'ai pas toujours été capable de le prouver. Évidemment que quand j'ai fui à Los Angeles, j'ai pensé à moi avant elle, évidemment que la distance a rajouté des complications à nos relations déjà complexes, mais ça ne change en rien l'amour que j'ai pour elle. Même si je n'imaginais pas être père un jour, encore moins à dix-sept ans, même si ça a bousculé tout ce que j'avais planifié, ça reste une belle surprise. Une grosse et belle surprise que j'ai appris à aimer avec le temps. Aujourd'hui, je ne veux pas imaginer ma vie sans elle. J'adore la voir jouer de la flûte devant moi, avec cette prestance incroyable et ce petit air fier qui ne la quitte pas. Ou jouer de la guitare, elle peut y mettre une telle énergie quand elle se concentre pour prouver de quoi elle est capable devant Tom. Je ne veux pas renoncer à ça.

Je soupire et bois une gorgée de café. Je n'avais pas envie de me battre contre Juliet, je pensais qu'on garderait une même idée et façon de voir les choses pendant des années. J'ai beaucoup d'estime pour elle, je ne voulais pas qu'elle devienne mon ennemie... Ça ne me réjouit pas de me dire qu'on va se disputer par avocats interposés mais si elle veut la guerre, je ne vais pas abandonner sans me battre. Mère de ma fille ou pas, elle va morfler si elle insiste à vouloir m'éloigner de Melody.

Je sors mon portable de ma poche. Je veux me changer les idées mais je n'arrive pas à passer à un autre sujet... À tel point que sans en prendre pleinement conscience, je tape dans le moteur de recherche : "Bill Kaulitz + enfant." En moins d'une seconde, j'obtiens une réponse que je redoute depuis des années.

Des photos de moi et Melody. C'était évident. L'aéroport. Hier. On me reconnaît malgré mes lunettes noires, ma casquette et mes vêtements amples. Et surtout, on voit Melody qui me tient la main, avec ses grandes lunettes qui tombent sur son nez et ses longs cheveux clairs. Alors oui, on ne voit pas clairement son visage, difficile de remarquer qu'on partage pas mal de traits, sauf qu'un adulte qui tient la main d'un enfant comme ça, ça ne peut vouloir dire qu'une chose : on est liés. Peut-être pas forcément parents mais assez proches pour se permettre autant de proximité. Les photographes anonymes ont également pris Tom et Juliet. Elle, on ne la devine quasiment pas, c'est déjà ça.

Lady MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant