Sous la surface

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Je fermai mes yeux pour mieux sentir cet air marin et si frais. Je profitai quelques instants de la brise faisant flotter mes longs cheveux. Je rouvris les yeux. Devant moi, l'océan indien, s'étendait. J'enfonçai un peu plus mes pieds dans le sable tiède et regardai les vagues turquoises devenir vaguelettes avant de venir caresser mes pieds. Je m'accroupis et effleurai l'eau de ma main. Ce contact m'apaisai tellement ! Cette île me paraissait si paradisiaque et préservée, les fonds marins ne pouvaient que égaler cette beauté.

"Marina !"

Je me retournai. Mes parents m'attendaient devant le ponton de bois, auquel était amarré un petit bateau à moteur. Je courus vers eux précipitamment et montai dans l'embarcation. Notre guide démarra et bientôt nous arrivâmes à l'endroit prévu pour plonger. Le 22 septembre, pour mon anniversaire, j'eus l'immense surprise d'obtenir un bon pour plonger dans un lieu unique. Le mieux étant que je n'avais pas besoin de combinaison, ni de bouteilles de gaz. Depuis toute petite j'ai développé une apnée exceptionnelle. L'excitation, qui me rongeait depuis quelques semaines, atteignit son apogée. Je mis mon masque et mon tuba et, accompagnée de deux plongeurs, je me glissai lentement dans l'eau, profitant du bonheur que me procurait mon élément. Je pris une grande inspiration, fis le vide dans ma tête et, enfin, plongeai la tête sous l'eau. Je m'attendais à voir une explosion de couleur, de coraux frémissants par le passage des poissons, et une faune impressionnante. Ce que je vis me coupa le souffle.

Le soleil éclairait ce monde désolé. Les coraux étaient ternes et rares étaient les créatures marines. Non loin de moi se trouvait un courant transportant des bouteilles, sacs en plastique, gobelets et couverts jetables, canettes, sachets de biscuits et même une corbeille à linge ! Je suivis du regard cette rivière macabre et m'aperçus que tous ces déchets s'arrêtaient finalement un peu plus loin, formant un nuage de pollution. Je n'osai pas nager dedans. Je décidai quand même de m'approcher, et vis des centaines de poissons coincés dans des barquettes, sachets et bouteilles. Tous morts. Je remontai prendre ma respiration et en profitai pour m'éloigner. Je replongeai une nouvelle fois en espérant trouver ne serait-ce qu'un coin épargné par cette pollution. Au lieu de cela, je vis une tortue empêtrée dans un filet de pêche. Je la voyais faiblir, elle devait manquer d'air. Sans hésiter, je la pris dans mes bras, m'élança vers la surface, mais je sentais ses forces s'amenuiser. Elle me toucha gentiment la main, avant de s'éteindre, dans mes bras. Je la lâchai alors, ne pouvant supporter cette tragédie. 

Je n'attendis pas plus longtemps et remontai sur le bateau. Je ne pus retenir mes larmes et m'effondrai.

"-Que se passe-il ma chérie ??

-Le monde meurt, maman. Et on ne peut rien y faire !

-Je suis sûr qu'on peut trouver des solutions, dis mon père en me prenant dans ses bras."

Mais je ne pourrai jamais oublier cette innocente tortue, victime de la folie des Hommes.

Sous la surfaceWhere stories live. Discover now