Chapitre 5

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Aux environs de 19 heures, quelqu'un frappa à la porte. Je me dépêchai d'aller ouvrir. Mon cœur se mit à battre fort lorsque je vis ma sœur, plus magnifique que jamais, sur le pas de la porte.

- Pourquoi est-ce que tu sonnes ? Rentre !

Je me poussai pour la laisser passer.

- J'ai préférée, au cas où ... Enfin, je suis venue pour te voir, savoir si tu allais bien et t'inviter à manger avec moi ce soir.

Aller manger quelque part avec elle m'aurait enchantée, mais quelque chose en moi s'agita et me rappela comment ça avait fini la dernière fois. C'était d'horribles pensées, mais c'était réellement ce que je redoutais.

- Je vais très bien, merci ... Je, enfin ... Merci ça me fait très plaisir. Si ça ne te dérange pas, j'adorerais manger avec toi, mais plutôt ici. J'ai été faire quelques courses aujourd'hui, et je ne sais pas pourquoi je suis vraiment fatiguée.

Son sourire était radieux. Ses cheveux étaient brillants, son teint magnifique comme si elle revenait de vacances. Kate avait toujours été magnifique, mais je dois avouer que récemment elle l'était particulièrement. Son regard pétillant, son énergie, tout puait la beauté. J'en étais presque jalouse. J'aurais pu l'être si ça n'avait pas été Kate, mais elle était tellement belle que je ne pouvais qu'être admirative, plutôt que jalouse. Mon petit séjour à l'hôpital, mes pansements à la gorge et la belle cicatrice qu'il me restera pour le reste de ma vie n'arrangeront pas mon cas.

J'essayai de lui rendre son sourire en restant aussi cool que possible. Je ne voulais pas dire quelque chose de travers, la vexer, je voulais que tout se passe parfaitement bien, comme avant. Je voulais retrouver ma sœur, ma meilleure amie, ma moitié, mon clown. Je pouvais passer au-dessus de tout, pour elle je pouvais tout faire. Accepter tous ces évènements, garder le sourire, rencontrer son copain, ne pas poser des questions déplacée, tout ça pour elle. Je l'aurais acceptée en zombie, en fée, en n'importe quoi. Ma sœur vaut bien plus qu'une simple étiquette. Aucun mot n'existe pour décrire à quel point elle est formidable, remplie d'amour, de joie et de gentillesse. Et rien n'a changé. Je peux toujours lire cette sincérité perpétuelle dans ses yeux. Ma petite sœur, vampire ou non, sang ou pas, blessure ou non, restera ma petite sœur malgré tout. Pas une seule seconde n'est passée sans que je craigne pour sa vie, et je ne regrette rien. Sa vie vaut tellement plus que la mienne à mes yeux. Je pourrais mourir pour elle.

- Tu vas bien ? Tu as l'air perdue dans tes pensées, remarqua-t-elle alors que nous entrions dans la cuisine.

Comment lui expliquer à quel point je l'aime en quelques mots ?

- Je pensais qu'il fallait que je change mes pansements, mentis-je pour éviter les violons.

Son regard s'assombrit même si elle me sourit. Ma blessure restait un sujet à ne pas aborder. Je comprenais pourquoi elle se sentait coupable, je ne pouvais pas lui faire moral car j'aurais été exactement pareille. Mais si j'arrivais à passer au-dessus, alors elle aussi y arriverait. J'espère.

Je m'avançai afin de lui dire quelque chose, je ne savais pas encore quoi, lorsqu'elle leva le bras. Je compris dans ce signe qu'il fallait que je me taise.

- Quoi ? lachais-je doucement

Les sourcils froncés, la bouche un peu ouverte, le regard dans le vide, j'avoue que la voir comme ça ne me rassurais pas vraiment.

- Ne bouge pas, je reviens, lâcha-t-elle avant de disparaître en un éclair. Si vite, qu'un courant d'air crée par son départ me donna un frisson.

Lorsque j'arrivai à la fenêtre, elle était là dans la rue, à parler avec un garçon que je n'avais jamais vu. J'aurais tué pour avoir le courage de sortir, de lui demander ce qu'il se passait, qui était ce type, qu'est-ce qu'il voulait, peut-être hausser le ton, mais je n'avais ni le courage ni les cordes vocales pour. J'étais sur les genoux sur le canapé à regarder ma sœur, vampire, parler à ce garçon, qui ne devait sûrement pas être un camarade de classe. Je la fixai, détaillai sa posture, son air renfrogné sur le visage, ses bras croisés, sa beauté. Ma petite sœur avait bien grandit, et elle était là dehors à s'embrouiller avec je ne sais quel vampire pendant que j'étais assise à la regarder. Les rôles avaient changés, et j'en étais malade. Ma sœur, si fragile avant, ressemblait plus à une vrai femme que ce que je n'avais jamais vu, un charisme et une prestance plus que présentes. J'étais abasourdi devant son air déterminé sur son visage. Les larmes me montèrent aux yeux, ça me frappa : elle était dorénavant celle qui voulait par dessus protéger l'autre. C'était moi la protégée, et elle la protectrice.

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