Anger

Chapitre 1

 J'arrive à monter dans le bus juste avant que les portes se referment, décidément, à force de faire des nuits blanches je ne vais plus entendre mon réveil. Je montre mon titre de transport au chauffeur qui me fait signe d'aller m'asseoir. Je m'installe tout au fond du bus, je ne veux pas voir Jace au prochain arrêt. Je connecte mon casque à mon portable et le mets sur mes oreilles. Je pousse le son à fond, je suis le genre de personne qui serait capable de se rendre sourd à force d'écouter de la musique trop fort. Mes goûts musicaux sont très éclectiques, c'est souvent suivant mes humeurs, j'ai des périodes où je suis plus encline à écouter du rock, d'autre où j'écoute plus de rap. Je suis dans ma période " musiques déprimantes ". Je n'arrive parfois pas à être triste, seul la musique ainsi que les films mélo-dramatiques m'aident à l'être. Et là, j'ai terriblement besoin de l'être.

C'est au rythme de " Idontwannabeyouanymore " de Billie Eilish que j'observe le lever de soleil. C'est une habitude, j'ai plus la tête en l'air qu'autre chose. Tout ce qui touche au ciel, aux étoiles me fascinent. C'est pour ça que je rêve de travailler pour la NASA un jour. Le truc, c'est que j'adore aussi faire du théâtre et étudier la littérature, j'ai plus l'âme d'une L qu'autre chose, mais je n'ai aucun projet professionnel dans cette voie. J'observe les couleurs orangées du lever de soleil quand une voix robotisée s'élève dans l'habitacle du bus : " Prochain arrêt : Place publique "

Et merde... C'est cet arrêt.

Je mine de chercher une musique sur mon portable quand le bus s'arrête, mais je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'oeil à chaque fois que quelqu'un rentre dans le bus. Je le vois, lui et sa nouvelle petite amie. Je n'étais pas au courant qu'il s'était mis avec elle, même si j'avais compris qu'il m'avait largué pour elle. Quand ils entrent, tous les regards se posent sur eux, visiblement ébahis, outrés de son comportement. Et je le suis, moi aussi. Mais je fais comme si de rien était même si je sens quelques larmes perler aux coins de mes yeux. Je ne prête aucune attention aux regards insistants de mes camarades. Je sais que tout le monde est " de mon côté " car Jace est vraiment le pire des cons et que je ne suis pas le genre de fille qui a des ennemis, bien au contraire. Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'ils sont juste attirés par ce nouveau potin juste pour créer plus de polémique que ce qui s'en dégage déjà. Je ne veux pas faire de vagues, je les laisse faire même si ça m'agace au plus haut point. Jace et Célia vont s'asseoir à l'avant du bus, pour éviter le regard des lycéens.

Je retiens mes larmes tout le long du trajet et quand la voix robotisée annonce : " Arrivée : Gare routière ", je les ravale et me précipite vers la sortie du bus. Arrivée dehors, je n'attends pas, je me dirige directement vers mon lycée.Le trajet dure environ 5 minutes et je veux passer ces minutes seule. Je marche quand soudain, je sens une présence derrière moi, je jette un regard espérant que ce ne soit pas Jace et Célia mais ce n'est que Taï, le meilleur ami de Jace. Je me retourne quand je sens quelque chose se heurter sur mon mollet. Je n'y prête pas attention, seulement l'action se répète. Je me retourne et voit Taï, un grand sourire au lèvre et des petits graviers dans sa main. Il s'exclame :

- Alors ? On dit pas bonjour ?

Je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour

-Non, voir ta sale gueule dès le matin alors que j'ai toujours la tête dans le cul annonce rarement une bonne journée.

-Fais pas ta rabat joie, Calpurnia !

Il court pour me rattraper et me dit, soudain très sérieux.

-Tu sais, pour l'histoire avec Jace...

-Stop, je t'arrête tout de suite, je sais qu'il sort avec Célia.

-C'est pas pour ça que...

-Je ne veux pas entendre parler de lui, Taï.