Hell's bikers T.1(Sous contrat d'édition)

3. Tessalia

(Photo: Kako)

La nuit tombée en cette belle soirée de mois d'août, nous sommes réunis dans le jardin à l'arrière où l'on a allumé un feu dans le tonneau de fer. Éclairés par les flammes, nous discutons assis autour avec un fond de musique sur la chaîne hi-fi branchée dehors. J'ai cuisiné des lasagnes à la crème et aux fruits de mer avec du curry et du safran. Plats préféré de mon frère. Les hommes s'en sont resservis plusieurs fois en n'arrêtant pas de me faire des éloges sur ma cuisine et de me proposer de venir à Cœur d'Alène pour cuisiner dans leur MC. Je dois dire qu'ils essaient de m'appâter avec un bon salaire à la clé.

—Donc tu as une sœur, dis-je à Bly.
—Exact, elle s'appelle Nanou.
—Comment est-elle ?
—Je dirais comme Daiby.
—La sœur de Rip ? M'étonne-je.
—C'est ça, affirme-t-il.
—Qu'est-ce que ma sœur a voir avec la tienne ? Intervient Rip.
—Elle est autant délurée. Si ce n'est plus.
—Dis-moi depuis quand tu déballes autant de conneries ? Lui rétorque son préz.
—Depuis que se sont simplement des vérités.
—Ta sœur est une vraie tarée, la mienne est plus posée. Y a pas photos, mon frère.
—Tu minimises la chose parce que tu crains qu'on lui confirme qu'elle tire cette tare de toi, mon frère.
—Je crois rêver, marmonne Rip en buvant une gorgée de son café.
—OK, réponds-je. Donc, si j'ai bien compris, vos sœurs sont complètement tarées et vous en font voir de toutes les couleurs.
—C'est ça, confirment-ils dans un sourire.
—Ose te plaindre une seule fois de moi, déclaré-je à Mani en me marrant et me levant pour débarrasser.

Un peu plus tard, dans la cuisine, Mona m'aide à faire la vaisselle.

—Il te plaît, affirme-t-elle sans me regarder, occupée à essuyer les plats que je viens de laver.

Je coupe l'eau et me tourne vers elle.

—Quoi, tu ne vas pas me dire qu'il n'est pas canon, non ? Et puis je t’avertis ne me sors pas un truc du genre que je suis amoureuse, l'avertis-je en la pointant du doigt.
—C'est clair qu'il est canon, celui-là. Je crois bien que je n'ai jamais vu un aussi beau mec. En tout cas, il ne t'a pas lâché du regard de toute la soirée, et Mani l'a bien remarqué lui aussi.
—Ouais, je sentais son regard sur moi, soufflé-je. Crois-moi, j'étais gênée.
—C'est ça ! Pouffe-t-elle. Je suis sûre que ça t'as fais plaisir et que t'étais bien contente.
—C'est vrai, ça me plaisais, lui avoue-je en souriant. C'est bizarre, j'ai jamais fais attention aux mecs. J'ai tellement été écœurée par tout ce que j'ai vu, murmuré-je en laissant mon regard s'évader sur un passé que je tente encore d'oublier.
—M'en parles pas, mais on a grandi, Tessalia. On a vingt-deux ans toutes les deux et on n'est jamais sorties avec personne. On n'a jamais fait confiance à personne, sauf à Ripper et Tank. Il serait peut-être temps qu'on prenne le temps d'apprécier de vivre, c'est vrai quoi ! Me surprend-elle à dire car elle est la plus réservée de nous deux. La décharge, toute cette merde, c'est loin derrière nous, désormais. Si on continue comme ça, on sera bonne pour le couvent ou être coloc' dans un appart' qui sentira la pisse de chat. Y a pas plus cliché, alors non merci.

Encore hallucinée de ses paroles, car elle nourrit une profonde peur de l'inconnue, je ne peux m'empêcher de m'esclaffer vite suivi de son rire.

—C'est peut-être vrai sauf pour la pisse de chat, j'en ai la trouille tu te souviens ?
—Ben la pisse d'autre chose, alors.
—Tu veux bien arrêter de parler de pisse, c'est bon j'ai compris. Il est vrai qu'en y réfléchissant, nous sommes restées froides, et pourtant nous ne sommes pas comme ça. Nous, on le sait ! Tu as raison, je le trouve mignon ce Bly. J'ai jamais trouvé un mec mignon, enfin je veux dire que j'y ai jamais prêté attention. Mais dès que je l'ai vu j'ai ressenti un truc, je sais pas, mais bon ça veux rien dire, non ? De plus, c'est un motard. J'ai pas à te le rappeler, ils sautent sur tout ce qui bouge. Ils lèvent des filles à la pelle, et vu le beau spécimen, j'en mets mes mains à couper qu'il s'agit là, du roi dans ce domaine, tu ne penses pas ? Énoncé-je.
—Absolument, mais il n'y a pas de mal à trouver quelqu'un de canon, déclare-t-elle.