Fingers Crossed

pacte.

Une tension étrange bien que perceptible est née dans la pièce.

Les pensées de Logan fusent tel un volcan, ceux de la femme étaient plutôt confuses, mais contrairement à ces deux derniers, l'autre homme dans la pièce nageait dans le bonheur.

«—Elle est de vous cette robe? Enquierit le nouveau arrivant.»

Logan n'eut même pas quitté la femme de ses yeux pour savoir de quoi il parlait. Evidemment de sa belle création, mais en cet instant, il pensait qu'aucune robe sur cette terre n'égalait la beauté des iris marron qu'il admirait.

«—Oui, répondit-il frivolement quittant enfin la concernée des yeux.

—Vous avez du talent, l'homme tourna autour de l'objet exposé comme en proie à quelque chose qu'il ne voyait pas, on vous a recommandé à moi et je vois que c'était du fort!

—Merci.»

Il ne savait où se mettre, toujours trop paralysé par  ces retrouvailles aussi soudaines que non attendues. Pourquoi maintenant? Il voulait dire: il savait qu'ils allait se rencontrer à nouveau un jour, mais en tout cas pas dans ces circonstances.

Il imaginait un scénario plus probable, plus banal comme dans une boutique, à la bibliothèque ou éventuellement à une station service lambda, mais sûrement pas au lieu où il travaillait, accompagné d'un autre homme.

Et cet homme était-il la raison de son départ? La raison pour laquelle il avait souffert pendant ses longs mois à attendre une lueur d'espoir qu'elle revienne à ses côtés s'excusant pour son absence? Pour une source inconnue, une rancoeur s'était formée dans sa poitrine.

De son côté, elle, ne savait où donner de la tête. Revoir celui qu'elle a chéri, aimé et apprécié en dépit de son comportement rancunier et vantard, lui faisait devenir taciturne. En réalité, elle l'aimait au delà de ses défauts.

Mais ça c'était avant. En conclusion à sa mémoire tordue, heureuse d'avoir pu se remémorer les instants passés, elle s'était dit: tout le monde change, et tels sont les sentiments.

«—Vous la vendez?

—Non.

—Dommage, elle serait parfaite pour ma future femme.»

On pouvait entendre le bruit de son coeur qui se brisait, faire écho dans la pièce, mais son cerveau lui, refusait d'admettre la vérité.

Il doit sûrement parler de quelqu'un d'autre, se rassure-t-il.

«—N'est-ce pas chérie? Il se retourna, faisant face à sa future épouse qui sursauta à l'appellation que l'homme lui avait donné.»

Pendant qu'un bruit d'approbation s'échappa des lèvres de la brune, l'autre se sentit tout à coup vertigineux, comme assommé d'un coup de marteau sur la tête. Contrairement à lui, elle avait pu tourner la page, passer à autre chose et il s'en sentait triste et presque même honteux.

«—Excusez-moi, je ne me suis pas encore présenté, je suis Yann, et voici ma fiancée Jordan, s'exclama-t-il joyeusement fier de faire connaître celle sur qui il avait jeté son dévolu.

—Enchanté, dit Logan en prenant sa main à contre coeur, puis celle de Jordan.»

Tous ses muscles lui donnaient l'impression qu'il allait flancher lorsque sa peau entra en contact avec la sienne, l'électricité passa et dans un élan d'idiotes pensées, il mit en schéma qu'il y aurait peut-être une issue pour eux, même si cela semblait implausible.

«—J'aimerais bien que vous vous occupiez des tenues de la cérémonie de mon mariage, le grand pâle s'assit sur un des canapés sans même y être invité, pour mon smoking, la robe de mariée et tout le tralala que ma femme trouve important.»

Il partit d'un rire à gorge déployée et voyant que Jordan n'avait à peine esquissé un sourire, il se sentit mal à l'aise —surtout à cause de cette situation tendue dont il ignorait la provenance, clarifia sa gorge et se recentra sur son premier objectif.

«—Nous voulons que les habits soient prêts le plus vite possible puisque on est plutôt carrés sur le temps et l'organisation.

—Bien sûr.

—Et s'il vous plaît tachez à ce que tout soit parfait, ça sera le plus beau jour de notre vie, s'extasia-t-il.

—Cela va de soi.»

Avec un pincement sur le coeur et un goût acre dans la bouche, il acquiesca toutes sortes de conditions que l'homme mit en place, parfois même d'une oreille distraite, trop obnibulé par la présence féminine dans la pièce.

Il avait tellement de questions qui lui brûlaient la langue, elle aussi d'ailleurs, mais ils n'avaient ni l'un ni l'autre la hardiesse de pondre ne serait-ce qu'un mot pour se dire comment ils allaient.

«—Ça ne vous dérange pas que je prenne vos mesures? Demanda-t-il à Yann.

—Vous ne faites que votre travail si? Lui répondit-il perplexe.»

Non sans glousser légèrement, il se sentit tout à coup stupide d'avoir posé cette question, prit son mètre ruban et nota ses mensurations.

Il marmonna dans sa barbe inexistante: il aurait tellement voulu que celui qui le remplace soit laid et filiforme mais il se trouve qu'il est aussi bien foutu qu'il est riche.

Car oui, les services qu'il proposait n'étaient pas accessibles à tout le monde, il fallait payer et cela cher. Mais juste parce qu'il était le futur époux de son ex, il était prêt à lui faire payer le double de ce qu'il lui doit. Sa rancoeur envers lui semblait inégalable.

Après avoir obtenu des chiffres plus ou moins décents, il accrocha le mètre autour de son cou.

Il voulait au fond de lui fausser ses mesures en prétandant une erreur de sa part, mais il se ressaisit. C'était bien son métier depuis cinq ans et il ne serait pas permis de commettre une telle faute d'inattention. Ce connard avait beau détruire sa vie amoureuse, il ne le laisserait pas toucher à sa carrière.

D'ailleurs, il trouvait cette initiative aussi puérile qu'immature. Qu'est qu'il espérait? Qu'il annule son mariage à cause d'un costume trop grand? Il se désespérait lui-même.

Mais peut-être qu'au fond, c'est tout ce qu'il était.

Désespérement désespéré.

«—Je suis ravi que ce soit vous qui vous occupiez de mon accoutrement, je regrette de ne pas vous avoir rencontré plus tôt, ma femme serait heureuse d'avoir une telle robe pendant son mariage.

—Merci.

—On m'a tant vanté vos mérites, j'espère ne pas être déçu

—Je ne vous déceverai pas, croyez-moi»

Ils se serrèrent la main d'une poigne ferme, pour Yann c'était une sorte de confiance qu'il avait accordé au brun contrairement à lui qui avait une lueur meurtrière dansant dans ses orbes.

Comme s'il avait fait un pacte avec le diable en personne.