Insensible

primis

- A-t-elle subi un choc émotionnel quelconque avant ses trois ans ?

- Non... enfin je ne crois pas...

Le regard de sa mère et celui du docteur se pose sur elle, elle les ignore, seulement concentré sur l'ongle de sa génitrice où perle une goutte de sang. La bonne femme se triture le pousse depuis un quart d'heure, rongé par l'angoisse.

- Usan ? Dis moi Usan, est-ce que tu as mal quelque part ?

La fillette plante ses yeux dans ceux du type à la blouse blanche et fait "non" de la tête. Les quelques cheveux qui restent au vieux fonctionnaire se hérissent, la gravité dont fait preuve cette enfant lui glace le sang.

- Vous me dîtes qu'elle n'a jamais sourit, jamais pleurer, et qu'elle arbore cette expression d'indiférence en permanence, même lorsque vous la couvrer d'affection où que vous la gronder, c'est bien ça ?

La mère a les yeux brillants de larmes, elle est sur le point de craquer et le médecin, alerté par sa détresse, se lève pour l'a prendre dans ses bras. Il lui murmure quelques mots parmis lequels "tout va s'arranger" parviennent à l'enfant, immobile sur sa chaise de grand, elle laisse pendre ses jambes, sans les agitter.

- Je crains que votre fille ne soit atteinte d'une forme très sévère d'autisme...

La jeune mère garde la tête baissé, soulagé d'avoir enfin à sa disposition un terme pour justifier le calvaire qu'elle vit depuis la naissance de sa fille.

- Vous allez la soigner docteur ?

- Je connais un institut spécialisé qui saura s'occuper d'elle, ne vous inquiétez plus.

11 years later ...

Renfermé ; asociale ; solitaire ; frigide... Autant de mots différents pour la décrire et qui, au fond, ne signifies qu'une chose : elle est un parasite pour la société.

- Joyeux anniversaire !!

Depuis son arrivé à l'institut Willerton, Usan ne s'est pas faite d'amis, mais il y a cette fille avec qui elle partage sa chambre, Lisa.

- Toi aussi maintenant tu es une adulte !

Lisa ne la quitte jamais, pourtant celle-ci est son parfait antagonisme. Ses yeux rieurs sont toujours soulignés d'un sourire trop large qui lui donne cet air espiègle d'enfant farceur.

Pour les 19 ans de sa camarade, Lisa à déssiner son portrait. Des dizaines de coeurs multicolores surplombent une femme gracil aux cheveux noir corbeaux, coupé en un carré grossier. Usan se reconnait dans ce personnage maigre et pourtant solide, qui n'a pas connu le moindre rhume et ne s'est jamais fait le plus petit bleu.
Elle remercie Lisa pour son joli cadeau et promet de le fixer au mur avec du scotch (car tout objets susceptibles de servir d'armes, tel que des punaises, sont prohibé dans les chambres des patients).

Ce serment, pourtant anodin, provoque chez Lisa un raz de marée dont elle mais bien trop de temps à se remettre. Cette fille hypersensible n'a pas été placé dans la chambre d'Usan par hasard. Arrivé il y a trois mois, on avait espérer que son trop plein d'émotions finirait par déborder sur Usan.
Bien sûr, rien y fit, et les neuro-spécialistes commençaient à se décourager.

Lorsque Lisa retrouva sa traditionnelle joie de vivre, les deux jeunes femmes quittèrent leur chambre pour la cantine de l'hôpital.

Usan hais cet endroit ou elle risque de croiser le scatophile de la chambre B203, où la résidente de la C114 qui se met à hurler à la mort au moindre éclat de voix.

La voilà coincé au milieu de ces fous auquels elle a fini par être assimilé.