Petit ange...

Chapitre 1

15h19. C'est à cette heure-ci que ma vie s'est arrêtée. C'est à cette heure-ci qu'il a fermé les yeux. Que son torse, aussi petit soit-il, s'est affaissé une dernière fois. Je ne décroche pas les yeux de son petit corps. L'agitation dans la salle est à son comble, mais je ne détourne pas mes yeux. Je vois le médecin procéder au massage cardiaque. Les infirmières courent dans tous les sens. Je sens les larmes couler sur mes joues. Tout à coup, l'affolement se dissout. Plus personne ne bougent. Je n'entends plus rien, si ce n'est le long bip du monitoring, qui faisait pourtant un bruit assez rythmé il y a quelques secondes. Le médecin se tourne vers moi, le visage vide de toutes émotions, de tout espoir... Ma mère, mon frère et Mattia sont derrières moi. Pourquoi s'arrêtent-ils tous ? Je suis la seule à ne pas comprendre ce qui se passe. Ma mère, en larme, me prend dans ses bras. Je demande au médecin pourquoi ne continue-t-il pas, pourquoi s'arrête-t-il. Je lui hurle de ne pas abandonner, mais il ne bouge pas. Il me regarde dans les yeux et me dit la phrase qui m'a détruite :
- C'est fini...
Je me mets à hurler :
- Nonn !!!
Je ne m'arrête plus, si bien que j'ai l'impression que l'on m'arrache les cordes vocales. Ma mère et mon frère me prennent dans leurs bras et me serrent contre eux. Je me débats, je crie, je me jette par terre. Ils essayent de me calmer, mais je ne peux pas. Je l'ai perdu. Non... Pas lui. Pas toi. Mattia s'approche de moi en larme. Il me serre dans ses bras, si fort que je ne sens plus les miens. Je parviens à me calmer au bout de quelques minutes. Je me lève et m'approche. Son corps, inerte, me fait l'effet d'une gifle. Ses douces lèvres bleutées sont entrouvertes. Si on ne m'avait pas dit qu'il était parti, je pourrais croire qu'il dort. Il est si paisible. Je m'approche lentement et le prend dans mes bras. Il est si petit, si frêle. Je le serre contre moi. Mattia s'approche de nous et nous attire contre lui. Puis...