Petit ange...

Chapitre 2

Je me réveille en sursaut dans ma chambre. Mon réveil hurle une sonnerie stridente. Encore ce rêve. Ou plutôt, devrais-je dire ce cauchemar. Cela fait un mois. Un mois qu'il est parti. Un mois que je fais ce cauchemar toute les nuits sans exception. Je m'appelle Giulia et j'ai 17 ans. J'ai quitté l'Italie, mon pays d'origine avec ma mère Maria et mon frère Marco. A présent, je vis à Los Angeles en Californie et aujourd'hui c'est la rentrée. Je passe en seconde année de lycée et je dois avouer que je n'ai absolument pas la moindre envie d'aller en cours, mais je n'ai pas le choix. Il faut que j'avance, il faut que la vie continue, même si j'ai l'impression d'être morte de l'intérieur. Je me lève et vais prendre ma douche. Une fois habillée et coiffée, je sors de la salle de bain. J'ai arrêtée de me maquiller il y a quelques temps. C'était pourtant une vraie passion pour moi. La meilleure façon de m'évader et de faire quelque chose qui me plaît. Mais aujourd'hui, je n'y vois plus l'intérêt. Je me dirige vers la cuisine pour aller prendre mon petit déjeuner, même si à vrai dire, je ne mange rien. Je fais juste semblant pour ne pas inquiéter ma mère et mon frère. Celui-ci me propose de m'accompagner vu que nous sommes dans le même lycée et j'accepte volontiers. Je ne me vois pas marcher jusque là-bas et je n'ai pas encore mon permis. A chaque fois qu'il me parle, j'ai l'impression qu'il marche sur des œufs. Mais je ne veux pas de leur pitié, je n'ai besoin de personne. La personne en qui j'ai vraiment besoin est partie, et je ne la reverrais jamais. Jamais... Alors je me lève, prends mon sac de cours, dit au revoir à ma mère et monte dans voiture de mon frère. Quand celui-ci arrive, il me regarde avec un air bizarre, ne comprenant pas pourquoi, je lui demande :
- Marco, qu'est ce qu'il y a ?
- Je vois que tu ne vas pas bien. Tu ne manges plus. Je t'entends pleurer toute les nuits depuis...
- Arrête ! Je t'interdis de parler de lui. Lui dis-je d'un ton qui se voulait assez stricte
- Mais Giulia tu ne vas pas bien. Il faut que tu en parles à quelqu'un.
- Non, hors de question, je n'ai besoin de personne ! Je-vais-bien.
La discussione è vicina ! dis-je dans notre langue natale. (la discussion est close)
Alors il se tait, et se gare sur une place de parking du lycée. Celui-ci est immense. Je ne vais jamais trouver le bureau du principal, dans lequel j'ai rendez-vous dans 10 minutes. Je marche vers l'entrée et j'arrête une fille qui va pour rentrer :
- Euh... Excuse-moi.
Elle se retourne vers moi et me lance un grand sourire qui fait apparaître toutes ses dents blanches. Elle fait environ ma taille. Ses cheveux sont roux et bouclés. Ils sont magnifiques. Ses yeux sont verts émeraude et elle a l'air assez sympa. Elle me demande :
- Salut ! Est ce que je peux t'aider ?
- Oui, je cherche le bureau du principal. J'ai un rendez-vous dans cinq minutes et je suis totalement perdue.
- Alors c'est toi la nouvelle italienne ?
- Euh... Oui, mais comment sais-tu cela ? demandais-je surprise.
- Oh tu verras que les rumeurs circulent très vite ici. Et puis, ton accent ne trompe pas. Dit-elle toujours sourire aux lèvres. Au fait je m'appelle Ashley.
- Moi c'est Giulia.
- Viens je t'emmène au bureau du principal.
Nous continuons de discuter tout en marchant. Cette fille est vraiment sympa. Je découvre que son rêve serait de devenir journaliste et de parcourir le monde. Une fois que nous sommes arrivées devant le bureau, elle m'interpelle une dernière fois :
- Si tu veux, on peut manger ensemble ce midi. Je te présenterai au reste du groupe.
- Avec plaisir. On se voit tout a l'heure.
- A plus ! me dit-elle en partant en courant.
Je toque à la porte et j'attend que l'on me permette d'entrer. Une voix d'homme retentit, alors je pousse la poignée et j'ouvre la porte.
Quand j'entre un homme me fait face. Il est assez grand, ses cheveux poivre et sel contrastent avec ses yeux noisettes. Il m'appelle d'une voix rauque et me demande :
- Bonjour, Mlle. Lombardi je présume. Bienvenue dans notre établissement.
- Bonjour.
- Pour cette année de seconde vous serez attribué à la classe de seconde A. Je vous laisse allez faire connaissance avec vos nouveaux camarades et je vous souhaite une bonne année parmi nous.
- Je vous remercie. Au revoir.
Je me retourne et je me dirige vers la sortie, mais avant de franchir la porte, le principal m'interpelle une nouvelle fois :
- Encore une seconde Mlle. Lombardi.
Je me retourne pour lui faire face.
- Oui, monsieur.
- Votre mère m'a mise au courant. Je suis sincèrement désolé et je vous présente mes plus sincères condoléances.
Je sens les larmes monter, mais je les ravale. Je ne veux pas pleurer ou lui hurler dessus. Pourquoi ma mère l'a-t-elle mit au courant, ça ne regarde personne. Alors je prends sur moi et réponds :
- Je vous remercie. Mais, monsieur, afin que tout soit clair, je souhaiterai que les autres élèves n'aient pas connaissance de cette histoire. Je peux y aller ?
En acquiesçant d'un signe de tête, il me dit :
- Bien sûr. Au revoir.
Je sens de la compassion dans sa voix, mais je n'en ai pas besoin. Je sors du bureau et je me dirige vers ma première salle de cours, après, je dois l'avouer, avoir cherchée mon chemin pendant au moins un quart d'heure. Je sais, mon sens de l'orientation est déplorable. Lorsque j'arrive enfin, je frappe à la porte et j'entre. Une fois dedans, tout les élèves sont assis à leur place et me regarde.
- Excusez-moi madame, mais je me suis perdue. Dis-je au professeur.
Un homme de petite taille se tient face à moi, il a un livre dans la main et me regarde avec un air sévère.
- Vous êtes la nouvelle. Mlle Lombardi si je ne m'abuse. Allez vous asseoir, mais que ça ne se reproduise plus !
- Oui monsieur.
Je me dirige vers la seule table de libre et m'assoies. Je me retrouve à coté d'un garçon brun au yeux gris. Il me regarde et me fait un immense sourire. Il se présente :
- Salut, je m'appelle Justin.
- Salut, moi c'est Giulia.
- Enchanté Giulia
- De même.
Je réponds à son immense sourire et je me tourne vers le prof qui a déjà commencé son cours. J'ai constaté pendant celui-ci que j'étais dans la même classe que Ashley, ce qui me rassure un peu. A la fin je la rejoins et nous nous dirigeons vers notre second cours de la journée.
C'est l'heure de la pose déjeuner. Nous filons donc vers la cafétéria. D'autres personnes nous rejoignent et Ashley nous présentent :
- Giulia je te présente Eva, Matt, Kayla, Joyce, Justin que tu as déjà rencontré et Adrian.
A l'attention de ce dernier et vu le comportement de Ashley, je comprends qu'il n'est pas qu'un simple ami à ses yeux.
Tout le monde à l'air d'être très sympas. Je fais un sourire à leur attention et me présente :
- Salut, je m'appelle Giulia et je suis...
- La nouvelle italienne ? me coupe Matt.
- Oui c'est moi.
- Oh mon dieu ! J'adore les italiens. S'élance Joyce. Como stai ? (Comment vas-tu ?)
Surprise de la voir parlé ma langue natale, je réponds :
- Bene grazie. Sai parlare italiano ? (Bien, merci. Tu sais parle Italien ?)
- Un po'
Elle sourit à mon égard et je fais de même. Cela faisait longtemps que je n'avis pas parlée italien. Je crois même que ça me manquée. Ça fait du bien d'échanger avec des gens qui ne connaissent pas mon histoire. La plupart de gens me croient fragile, mais, pour eux, je suis juste Giulia, la nouvelle qui vient d'Italie. Nous allons nous asseoir après avoir choisis nos plats. Une fois de plus je ne prends rien car rien que le fait de manger me donne envie de vomir. Ashley le remarque et me demande :
- Giulia, tu ne manges rien ?
- Non merci c'est gentil mais je n'ai pas faim.
Elle hoche la tête et Adrian me demande :
- Et donc... Tu vivais où exactement ?
- A Naples.
- La ville des voleurs et de la pizza ! rigole Kayla.
Alors que tout le monde rit, moi, je ne réagis pas. Pourquoi ? Pas pour la pizza, mais, surtout pour les « voleurs ». Plutôt appelé la Mafia Italienne. Ils ne le savent pas, mais, on ne peut pas rire avec ce genre de chose. Toutes les vies qu'ils ont massacrées. Ils nous ont tous détruits...tous... On ne peut pas rire devant les sacs entiers de drogues qu'ils transportent vers d'autres pays, devant notre police qui se corrompt petit à petit. Je sais que ça paraît dingue mais, c'est bien réel. Nous n'avions plus le contrôle. C'est pour cela que nous sommes partis, ma famille et moi. Car ils ont réussi à nous détruire, nous qui nous pensions invincible, ils nous ont détruis, ils m'ont détruit...
Voyant mon manque de réaction, Ashley décide de changer de sujet.


En milieu de repas, alors que tout se passe pour le mieux, un groupe de garçons entre dans la cafétéria. En voyant le regard que leur lance mes compagnons de table, je suppose qu'ils ne doivent pas être de grands amis. Ashley se penche vers moi et me chuchote à l'oreille :
- Eux se sont Kyle et sa bande. Ce sont les populaires du lycée si on veut. Ils sautent sur tout ce qui bouge et peuvent être vraiment odieux quand ils le veulent.
Le fameux Kyle, qui est en tête de file est plutôt grand. Je suppose qu'il est comme leur chef. Il a des cheveux noirs tirés en arrières et des yeux d'un bleu si profond que l'on pourrait si perdre. Je le regarde attentivement et lorsque ses yeux se posent dans les miens, un frisson me parcourt tout le corps. Il émet un petit sourire en coin et s'approche de notre table. Giulia ! Qu'est ce que tu peux être conne parfois ! me chuchote ma conscience. Je ne veux pas le fixer, mais, je suis incapable de détourner mes yeux des siens. Ce garçon a quelque chose dans son regard. Quelque chose qui m'attire. Lorsqu'ils arrivent vers nous, le chef de file se poste devant moi avant de déclarer :
- Salut toi, Giulia, c'est ça. Tu te demandes sûrement comment je le sais ? En vérité, les rumeurs vont plutôt vite dans ce bahut.
- Laisse là tranquille Kyle ! intervient Eva
- Je ne crois pas t'avoir demandé de l'ouvrir me semble t-il. Alors ferme-là et laisse moi me présenter à notre très charmante nouvelle élève.
Tout les paroles qu'il prononce sont lancés sur un ton ironique. Il me regarde en plissant les yeux toujours avec ce stupide sourire en coin.
- Je m'appelle Kyle, mais, tu dois déjà être au courant. Ce que tu ne sais peut-être pas encore c'est qu'ici, c'est moi le roi. Tu ne me regardes pas dans les yeux, tu fais tout ce que je te demande et tout se passera à merveille entre nous...ou pas. Dit-il en ricanant.
Je le regarde toujours. Je suis surprise mais je ne laisse pas transparaître. Personne ne m'a jamais donné d'ordres, ce n'est certainement pas avec lui que ça va commencer.
- T'as entendu ce que je viens de te dire. Baisses les yeux immédiatement. Me lance t-il sur un ton sévère
C'est à mon tour d'approcher mon visage du sien. Je parle pour la première fois avec une voix qui se veut calme :
- Qui es-tu pour me donner des ordres ? Tu crois vraiment être le roi ? Ce petit jeu ne marche pas avec moi, désolée.
Si ses yeux étaient des révolvers, je pense que je serai déjà six pieds sous terre.
- Je crois que tu n'as pas bien compris, alors, comme je suis hyper sympa, je vais le répéter. Baisse les yeux.
Je n'obéis pas. Je le regarde toujours. Ceux-ci ont la couleur de la mer. Celle où Marco et moi avions l'habitude d'aller lorsque nous étions petits. Celui-ci a toujours été présent, protecteur avec moi. Dans les bons comme les mauvais moments. Aujourd'hui encore, il essaye de m'aider, mais personne ne peut rien contre ce sentiment de vide, de manque.
- Ton arrogance et ta méchanceté ne m'atteignent pas. Tu peux toujours rêver pour que je me « soumette » à toi comme tous les gens de ce lycée. Je te l'ai déjà dit, ça ne marche pas avec moi.
Sur ce, je me dirige vers la sortie, mais avant de passer la porte j'entends derrière moi :
- Tu t'aventures sur un chemin dangereux ma belle.
Je crois que je me suis fais un nouvel ennemi. Mais bon, je ne vois pas ce qu'il pourrait me faire. Ce type de mec se fait passer pour des gros durs mais en réalité, ils sont blessés à l'intérieur. Pourquoi ne pas essayer de découvrir son passé ? Cela m'aidera peut-être à oublier le mien.