E.N.O.L.A

N comme Nuage

Musique: Haendel, Sarabande.

Les pensées d'Enola l'emmènent loin, toujours plus loin. Elle voyage tout en restant dans sa chambre.

Quand elle repose son regard sur le ciel, elle voit que l'aube rosée a laissé place au ciel bleuté, parsemé de taches blanches.
Des taches de coton blanc, de la barbe à papa accrochée sous le soleil. Des nuages blancs, de toutes formes possibles.

Dans le ciel, un chien, qui poursuit un avion. Et un crocodile, juste au-dessus de l'immeuble d'en face. Il y a aussi une famille de marmottes, avec l'un des enfants sur les épaules du père. Et là-bas, juste avant l'horizon, un énorme champignon. Et cet oiseau, qui passe devant le crocodile.

C'est de cette manière, qu'Enola voyage: en sautant de nuage en nuage, en planant au-dessus de la ville. Sans jamais tomber, sans jamais atterrir.

C'est ce qu'elle aime par-dessus tout, depuis qu'elle est petite, depuis qu'elle est assez grande pour voir à travers la fenêtre. Elle aime regarder les nuages, elle aime s'enfuir dans le ciel, atteindre le firmament.
Un jour, elle ira là-haut. Avec ses propres ailes. Et elle construira son château tout là-haut, entre deux nuages. Oui, un jour elle s'enfuira, elle s'envolera loin d'ici. Loin de sa maison, loin de son quartier, de sa ville, de son pays. Loin de cette Terre.
Elle volera plus loin que le bout du monde. Plus loin que les étoiles. Plus loin que ses rêves.

Un grondement lointain ramène Enola sur Terre. Elle, qui se voyait déjà siéger parmi les nuages se retrouve coincée dans le cadre de sa fenêtre entre les quatre murs de sa petite chambre aux murs blancs.

Au loin, elle l'entend, elle le voit, elle le sent, il arrive: le dieu des dieux, celui qui dirige tout: il arrive, accompagné de ses sombres nuages, sa chaude pluie et la sourde foudre. L'orage arrive.