Discussion

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- Bon alors, tu m’expliques ?

Cass et moi sommes rentrées chez elle. Elle m’a annoncé qu’Élodie était déjà rentrée, elle ne se sentait pas bien et Cass voulait la raccompagner mais en sortant pour appeler le taxi elle m’a aperçu main dans la main avec Amandine. Elle nous a donc intercepté en me prenant le bras et a envoyé un message à Élodie pour lui expliquer la situation. Celle-ci, ayant revu un de ses cousins dans la boîte, a répondu qu’elle partait avec lui, que Cass n’avait pas à s’en faire puisque c’est son cousin, et qu’elle pouvait donc s’occuper de moi.

Nous voilà donc dans son salon, assises sur les fauteuils, ma tête dans mes mains, avec mes coudes appuyés sur mes jambes, et Cass me regardant, attendant patiemment que je daigne lui répondre.

- Hey, écoute, je sais qu’on n’a pas une relation aussi fusionnelle que celle que tu as avec Élodie ou encore Ophélie mais je suis là tu sais. Je sais que tu ne couches pas avec les filles déjà prises, j’en connais les raisons, je sais à quel point tu as souffert à cause de ton ex, et je sais que tu détestes en parler puisqu’à chaque fois que c’est le cas tu fronces les sourcils et te braques. Mais je ne vais pas te juger. Si je vous ai arrêté un peu plus tôt dans la soirée c’est parce que je sais que tu aurais regretté d’être allée plus loin avec elle, et je ne voulais pas que tu te sentes coupable pour ça. Je sais que tu es forte, que tu veux régler tous tes soucis toute seule pour ne pas inquiéter tes proches lorsque ça ne va pas, et je t’admire pour ça, mais ce que je sais avant tout, c’est qu’il vaut mieux parler que tout garder pour soi. Je ne suis pas psy, mais je suis là pour toi, pour t’écouter et te conseiller. Je suis ton amie, ne l’oublie pas.

Ce que me dit Cass me touche. Elle ne m’a jamais parlé comme ça. Je dois avouer que je ne la traite pas de la même façon qu’Élodie et Ophélie alors qu’elle n’a rien fait de mal. Elle a toujours agi comme une vraie amie le ferait. Elle ne m’avait jamais fait de déclaration comme celle qu’elle vient de me faire, mais elle le prouvait par ses actes, sans avoir besoin de le dire. Elle mérite tellement mieux qu’une amie comme moi…au début de notre amitié, et même avant, je ne pensais qu’à l’avoir dans mon lit…il faut dire qu’elle a l’air bonne. En plus de ça, elle est au courant de l’attirance que j’éprouvais pour elle, mais ne m’en a jamais tenu rigueur. Elle m’a toujours bien traité, avec respect. Je devrait la traiter comme elle le mérite, comme une vraie amie…je me sens vraiment comme une garce maintenant. Je fais vraiment tout de travers.

- Je suis désolée…je suis sincèrement désolée Cass…tu mérites tellement mieux que moi

Elle met son index sous mon menton et relève ma tête pour fixer son regard dans le mien, puis me dit doucement, pour ne pas me brusquer :

- Arrête de dire n’importe quoi. Je ne mérite pas mieux que toi parce qu’il n’y a pas mieux que toi. Tu ne le vois sans doute pas mais tu as fait énormément pour moi. Et même si je te plaisais, même si tu ne voulais de moi que dans ton lit au début de notre relation, tu ne m’as jamais manqué de respect, tu n’as jamais dépassé les limites, et tu ne m’as pas abandonné même après que je t’ai dit non. Sans toi je ne serais sans doute plus de ce monde. Tu étais là lorsque j’étais au plus bas, et tu sais ce dont je suis capable dans ces moments là… j’allais la couper mais elle reprit sans m’en laisser l’opportunité. Je sais que tu voulais dire que tu ne parlais pas, que tu étais là sans savoir quoi faire, que tu étais maladroite, mais je t’assure que ta présence était tout ce dont j’avais besoin. Tu m’as laissé me glisser dans tes bras, tu m’as réconforté, dans un sens, même sans dire un mot, juste par ta présence. Tu as tellement fait pour moi sans même t’en être rendue compte, c’est si naturel d’aider les gens pour toi. Tu ne te rends pas compte à quel point tu peux être gentille, généreuse et bien plus encore. Alors arrête s’il te plaît, tu me traites comme il faut, tu n’es pas une garce.

- Merci, lui dis-je les larmes aux yeux. J’avais besoin d’entendre tout ça.

Elle me prend dans ses bras et pose sa tête sur la mienne en me caressant délicatement le dos dans le but de m’apaiser. Quelques minutes passent sans que nous ne parlions. Puis je reprends :

- J’avais envie d’elle.

Elle ne répond pas. Sans doute est-elle en train de réfléchir. Alors je continue :

- Je n’avais jamais ressenti ça auparavant Cass. Mon attirance envers elle était tellement forte…tu penses que je suis en manque ? Peut être que je devrais m’envoyer en l’air.

- J’espère que tu n’es pas sérieusement en manque, ça fait même pas deux jours depuis la dernière fois. Dit-elle en rigolant légèrement. Je souris en entendant ses mots.

- Alors comment tu expliques ça ?

- Explique-moi tout ce que tu as ressenti depuis le début.

- Bah…au tout début, quand elle s’est assise à notre table, je sais pas mais je suis restée bloquée sur elle, je la trouvais tellement belle que je n’ai pu détacher mon regard d’elle, je regardais toutes ses formes et m’imaginais bien la toucher. Je n’avais même pas remarqué qu’elle était venue accompagnée, et lorsque j’ai appris que la fille avec qui elle est venue était sa copine, j’ai eu comme un pincement au cœur alors que je ne la connaissait même pas, je venais à peine de la rencontrer. Ensuite, quand on était en boîte et qu’on a commencé à danser ensemble, je me sentais si bien. J’aimais voir son corps bouger au rythme de la musique. Puis d’un coup c’est devenu chaud entre nous, elle a commencé à mettre ses mains sur ma taille et on s’est rapproché. Au début je pensais que c’était un pervers et ça me dégoutait de voir que quelqu’un me touchait comme ça mais quand je me suis retournée et que j’ai vu que c’était elle, tout mon dégout s’est évaporé et le bonheur s’est emparé de moi. On a commencé à danser collées-serrées au fur et à mesure des musiques et je me suis naturellement rapprochée d’elle, j’ai saisi son oreille et la lui ais mordillée sensuellement, puis j’ai embrassé la peau en dessous de celle-ci. Je me suis sentie…complète à ce moment là, comme si j’avais enfin trouvé ce qui m’a toujours manqué. Je sais que ça peut paraitre étrange, voire même exagéré de ma part mais je me sentais vraiment épanouie à ses côtés, dans ses bras. Elle a pris ma main et nous a emmené dehors, puis tu connais la suite. À cet instant je n’ai pas réfléchi, je ne voulais pas réfléchir de toute façon, je voulais aller au bout des choses avec elle et la sentir au plus près de moi. Je voulais goûter encore à sa peau, je voulais la goûter toute entière, et j’en ai oublié le plus important : qu’elle était prise. Lorsque je la regarde et que nos yeux se croisent je me perds dans les siens sans même le vouloir, je sais pas pourquoi mais c’est comme s’ils m’hypnotisaient, comme si j’allais rester enfermée dans son regard à jamais. Lorsque je la regarde, je ne vois plus le temps passer, je n’entends plus rien, je ne vois plus qu’elle, c’est comme si on s’enfermait toutes les deux dans une bulle, et que tout ce qui se trouvait en dehors ne nous atteignait plus. Et quand je lui ai embrassé la joue, j’ai ressenti comme…je sais pas…quelque chose qui me remuait le bas ventre. Puis quand on est partie et qu’on l’a laissée derrière nous, enfin que je l’ai laissée derrière moi, j’ai ressenti comme du vide, un manque à combler. J’étais triste d’avoir quitté le contact de sa peau, j’adorais lui tenir la main, la toucher. Tu sais, toute ma vie je n’ai cessé de me poser des questions sur tout ce que je ressentais, que ce soit la joie, la tristesse, la colère, l’embarras, la honte, la peur, la déception, la culpabilité, le stress, la fierté…j’ai toujours essayé de comprendre ce que je ressentais, mais là…franchement je ne vois pas, je n’avais jamais vécu et ressenti ça auparavant.

Un blanc s’installe quelques secondes, avant que je ne dise :

- Alors, t’en penses quoi ?

Un nouveau blanc…mais cette fois-ci elle répond.

- Alex…je sais que tu ne crois pas en ce genre de choses...mais je crois que tu as eu un coup de foudre.

C'est plus fort que moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant