moi, Maya, espionne par défaut

La règle d'or

          Je viens d'un monde étrange. C'est le même que vous mais vu sous un angle différent. Je ne suis pas folle. Je ne vois pas d'esprits. Je ne suis pas capable de voler... et pourtant. Je vis dans un monde, le même que vous, vous nous côtoyer tous les jours sans savoir que l'on existe vraiment. On réalise des films, on écrit des livres et on fantasme sur ce monde. James Bond en est le parfaite exemple..

Vous l'aurez compris, je ne viens pas d'une famille d'agents immobiliers, je viens d'une famille d'agents. Des agents secrets.

Oui, dit comme ça on se dit : la chance ! Ça a l'air génial ! Comment c'est possible ! Je veux trop ta vie ... 

mais pas vraiment... j'échange quand vous voulez.

Au sein de l'agence ICO ou travail ma famille depuis des générations, il y a une règle. Le genre que tu n'as pas intérêt à transgresser.

La règle d'or

On ne peut avoir qu'un seul enfant. Si le quota augmentait le réseau deviendrait trop large et pourrait être repéré plus facilement. 

Ma famille fait partie des familles fondatrices d'ICO, donc la règle est d'autant plus importante.

Donc l'erreur d'avoir des jumelles fut d'autant plus catastrophique .

Skylar et Maya Howard, les jumelles interdites.

Petites, on nous a fait passer des tests d'aptitude, sportives, intellectuels, moral ...à la fin des tests nos parents ont dû choisir laquelle serait la plus apte.Je m'en rappelle comme si c'était hier. Je ne voulais pas être agent, je ne comprenais pas le principe de mentir et de faire souffrir des gens pour récupérer des choses dont on n'a même pas le droit de parler et qui ne nous servent pas directement. Les tests on révélait ma façon de penser , et je n'ai pas été choisi. J'avais 7 ans...

Mes parents se sont ensuite concentré sur Skylar pour qu'elle devienne une espionne hors du commun.

Moi, je restais dans un coin, je n'avais pas le droit de sortir de la maison, de me mettre aux fenêtres, d'aller à l'école, en bref, d'exister.

Il fallait me faire disparaître, enfin, cacher mon existence.

Je suis restée 3 ans dans cette situation, seule, à regarder Sky devenir la meilleure en tout et côtoyer une multitude de monde.

Je regardais les gens, la vie, les fêtes, du haut de la balustrade de l'étage accroupi et en silence, en espérant qu'un jour on voudrait bien m'adresser la parole. je suis un mixe entre le mythe de Raiponce et Cosette

Pour mon 8e anniversaires, elle m'a offert un bracelet en forme de croissant de lune, elle avait un cercle qui complétait la forme. Il étaient la preuve de notre lien, même si officiellement elle me l'a donné en disant que c'était un bracelet d'amitié.

Un jour, des gens sont entrés dans ma chambre et m'ont tiré du lit. Je me suis débattu comme je pouvais, du haut de mes 10 ans j'essayai de tenir tête à c'est brute épais.

Je leur ai échappé dans les escaliers, j'ai dévalé les marches et j'ai faits une entrée fracassante dans le salon.

Mes parents m'y attendaient. Ils m'ont expliqué que maintenant que j'étais assez grande pour vivre ma vie, mais que ça ne pourrait pas être avec eux. Je n'ai pas compris ce qui se passait. Ma mère a fait un pas dans ma direction, puis s'est ravisée.

D'un geste de la main, mon père a fait revenir les gorilles qui m'ont arraché de force à ma maison.

Je me rappelle avoir hurlé, j'appelais mes parents, je me débattais pour que ces foutus déménageurs me lâchent. J'appelai Sky.

Il n'y avait qu'elle que je voulais voir.

Avant que la porte d'entrée ne se referme je l'ai vu, elle était dans les bras de ma mère, mon père la tenait pas l'épaule, elle ne disait rien, elle avait la tête enfouie dans les bras de ma mère.

J'ai hurlé de toutes mes forces, je voulais que tout le monde m'entende, que je sois vu, que tout monde me voit, que quelqu'un m'aide. Mais personne n'est venue...

Les gorilles m'ont jeté dans une voiture, les portes étaient verrouillées. J'étais seule à l'arrière et avec la paroi je ne voyais que le haut de la tête du conducteur.J'ai regardé la maison s'éloigner en faisant tourner frénétiquement mon bracelet entre mes doigts. Après l'avoir totalement perdu de vu, je me suis recroquevillé sur moi-même et j'ai appuyé ma tête contre la fenêtre. Les larmes ruisselaient le long de mes joues. J'avais tout perdu, je n'avais plus rien, ni maison, ni affaires, ni familles, ni Sky.

Tout ce qu'il me restait c'était le vieux pyjama que je portais et mon bracelet de lune. J'ai regardé, pendant longtemps défiler le paysage par la fenêtre peut je me suis endormie.

Quand j'ai rouvert les yeux, j'étais assise contre une porte, un sac à dos à la main. Il devait être 7h du matin. Le soleil se lever à peine et j'étais déboussolé.

Je ne savais pas où j'étais, ni d'où sortait ce foutu sac à dos. Je regardais autour de moi à la recherche d'un visage familier, mais rien.

Je me suis assis, ouvert le sac , il n'y avait rien.

Pendant une seconde j'ai cru que mon cœur s'était arrêter. Je voulais me réveiller rentrer chez moi ! Quitter ce cauchemar !

Je me suis rassis contre la porte et j'ai pleuré en serrant mon bracelet.Une main s'est pausé sur mon épaule et m'a fait sursauter.J'étais trop désespéré et fatigué pour tenter de m'enfuir, et de toute façon, pour aller où ?

-Tu dois être Maya? Me demanda la femme sans lâcher mon épaule. Je pensais que tu arriverais vers 10 h pardonne-moi de ma tenue.

C'était une femme, la trentaine. Elle était en robe de nuit avec de grosses pantoufles et un chignon difforme. 

-Viens, je vais te montrer ta chambre, suis-moi .Sa voix était réconfortante. J'ai pris sa main sans réfléchir, sans même me pauser de questions. Je suis Suzanne , ici c'est un foyer d'accueil pour jeune, vue que je suis seule c'est très restreint.

Elle avait un sourire lumineux qui me faisait sourire aussi. 

 -En ce moment en te comptant j'ai 3 enfants sous ma tutelle. Tu les rencontreras tout à l'heure en attendant , voilà ta chambre installes-toi.

En voyant que mes seules possessions étaient un sac vide et un pyjama moche son sourire disparut. 

-Bon tu dois être fatigué, va dormir, ton premier jour d'école c'est tout à l'heure faux que tu dormes un peu ! Elle ouvrit la porte et la referma derrière moi. Pendant tout notre échange je n'avais pas ouvert la bouche, pourtant, elle avait su quoi me dire. La terreur de cette nuit se dissipait petit à petit .Je serrais la poignée de mon sac à dos tout en observant ma chambre.

Elle était rectangulaire, les murs étaient d'un bleu gris magnifique. À gauche de l'entrée il y avait un grand placard pour ranger mes vêtements. Mon lit était à droite, un lit double avec une grosse couette blanche à pois bleue. La chose qui m'attira le plus dans ma chambre fut la fenêtre. Une grosse fenêtre donnant sur une rue et un parc.

De ma chambre je pouvais voir le monde. Il n'y avait pas de rideaux, je pouvais voir les gens et ils me voyaient aussi.

Une pensée réconfortante me traversa l'esprit, je n'avais plus besoin d'être transparente .Je me suis mise à la fenêtre et j'ai observé, je ne voulais rien raté, ni le lever du soleil, ni le chauffard qui accélère au feu pour passer plus vite, et encore moins la fille qui fait son footing matinal.

Je n'en voulais plus vraiment à mes parents, il m'avait envoyé vivre une meilleure vie, sans doutes à contre cœur loin d'eux. Dès que possible je les recontacterais .

Je pensais à Sky, ce qu'elle m'avait raconté du monde. J'allais aller à l'école !Pour de vrai!

Penser à Sky me faisait mal et me réconfortait à la fois.

Je suis restée longtemps à contempler la fenêtre en me disant,

 à mon tours d'exister