L'artiste mélancolique : partie un

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Ils ont toujours dit que j'étais un artiste. J'étais un peu le mouton noir : le petit gros incapable de frapper un ballon dans un monde de sportifs soumis. Les gens ne m'aimaient pas, mais, c'est correct, moi non plus. J'ai grandit seul, soumis à des manipulateurs usant de moi en salissant l'amitié. J'ai cherché, chercher longtemps ce que j'aimais, ce en quoi j'étais bon. C'est venu lentement. Maman me faisait tout essayer. Après avoir compris que les sports n'arriverais pas à me motiver. Elle s'est tournée vers l'art. Ça a commencer avec les arts martiaux, mais il faut dire que là encore, c'était pas ma force. Ensuite, j'ai prit des cours de peinture, mais je n'aimais pas les gens. J'ai fait du théâtre. Ce que ça m'a donné? Oh j'ai découvert c'était quoi un trouble anxieux ! Ensuite je me suis mit à danser, c'était bien, mais je préférais m'enfermer dans ma grotte à me morfondre. C'est alors que ça a commencé. J'ai trouvé l'artiste que j'étais. Un artiste ne voulant pas se faire voir, un artiste s'opprimant lui-même. Je faisait danser les pinceaux de métal sur ma peau meurtrie. Je sculptais mes peines et mes souffrances dans ma chair bleui et le jouais la comédie mieux que tout le monde. Ils croyaient que j'allais bien. Chaque matin, je prenais la peine de bien ajusté mon masque, de faire mes vocalises ; il fallait bien que mon cœur froissé apprenne à dire se qu'ils veulent entendre. Ce fût si simple, mes pinceaux, bijoux précieux, je les cachais sous une tonne de mensonges et mes toile rouge sang se drapaient de tissus. Ils ne fallait pas qu'ils les voit, ils allaient les abîmer. Mon art devait rester sous clé, j'étais le seul spectateur de mes actes. Si ils les voyaient, ils ne s'auraient nullement les interpréter ; leur cœur n'attend qu'une performance, un panier de plus, un kilo de moins. Ils ne comprendraient pas. J'étais devenu maître de mes principes, accro à mes pinceaux. Un jour mon œuvre fût finit. La toile humaine que je porte tout les jours était remplie, et plus un espace n'était vierge de sculpture. L'art changeait, elle vieillissait, elle s'effaçait. Un jour les dessins oublièrent de se couvrir de vêtements et ils ont vu. Ils n'ont pas compris, ils ont eu peur, ils ont pleuré. On dit souvent que l'art est poignant, que l'art est une interprétation, un point de vue... Eh bien eux, ils n'avait pas appris à interpréter, tous se qu'ils savaient faire, c'était juger, c'était salir l'art, la briser. Un jour, ils ont dénudé mes toiles devant des yeux analytiques, des yeux payés pour observer. Ils étaient supposé m'aider, me remettre sur le droit chemin, me rendre fonctionnel. Ils m'ont changé, ils m'ont montrer, mais, au fond, j'avais raison, ils ont sali l'art, ils l'ont détruit, mais ils l'ont aussi aidé : ils ont montré à l'artiste mélancolique la beauté de l'art générique, tout en lui enlevant ses propres pratiques, en effaçant tranquillement ses toiles. Ça a duré deux mois, les yeux jugeurs m'ont enlevé pendant 34 jours. Ils m'avaient rongé tout mes secrets, ils m'avaient enlevé tous mes pinceaux, ils m'avaient barricadé de mes loisirs, ils m'avaient enfermé. Après un mois, l'art me manquait, mes pinceaux aussi. Je n'en pouvais plus. Mais on m'interdisait, on m'interdisait de continuer. Alors, l'urgence me rongeant, j'ai découvert d'autre toiles, de meilleurs toiles, selon eux. Mes murs se tapissaient d'art, je découvrais les couleurs et ma chair se ravivait de ses propres couleurs. Mes mains faisaient danser les pinceaux de bois et de poils sur les murs et les feuilles. Mon masque c'était brisé, maintenant, les gens voulaient vraiment savoir, maintenant les gens ne voulaient plus seulement être polis. Malgré le bien-être de s'exprimer sur du papier, j'avais besoin de plus, mon art initial me manquait, mes bras étaient trop vides et j'ai recommencé, beaucoup, puis peu, puis beaucoup, puis j'en suis retourné à mes murs. Mais vous savez, malgré le défoulement de l'âme sur le plâtre blanc, mon cerveau veut toujours retourner vers ses toiles physiques et ses sculptures charnières. Ils me disent : « Gabriel, tes murs, contrairement à ton corps, ils peuvent revenir à leur état de départ, on peut les repeindre, tes murs, tu ne peux pas les sculpter trop loin, les couper trop creux, jusqu'à se qu'il n'y ai plus de point de retour. » Et ils ont raison.

Ce petit texte imagé n'est pas fictif. Il est inspiré par mes expériences et mon vécu personnel. Si vous voulez suivre de plus prêt l'art générique ( sur du papier et des matériaux autres que la peau ) vous pouvez aller voir @pluiedarcenciel sur Instagram.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 09, 2018 ⏰

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