Prologue

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Quel genre de soeur ai-je été pour toi? Comment me voyais-tu? Comment me considérais-tu?
Ai-je toujours endossé ce rôle d'ainée qui m'a été attribué comme il le fallait?
Ai-je toujours été là pour toi, mon tout petit?
N'ai-je pas manqué certains passages de ta vie?

Ta venue au monde a changé quelque chose en moi, c'est certain. Quoi, je ne saurais l'expliquer mais d'une certaine manière, tu as changé ma vie et bousculé notre destin, à tous.
Je ne suis peut-être pas la soeur que tu espérais mais durant ces neuf mois où tu m'as entendue, où tu nous as écoutés te parler doucement, caresser le ventre arrondi de maman, pendant ces neuf mois, tu étais déjà présent parmi nous, et ces longues semaines à attendre ce petit garçon qui, je le savais, remplirait ma vie de bonheur me confortaient chaque jour dans l'idée que je me faisais d'un petit frère.
J'ai pourtant chaque jour de ta vie, essayé d'être la plus conciliante, la plus aimante, la plus gentille des soeurs qui soit.
Et pourtant, quelque chose m'échappe encore, un sentiment d'amertume profond qui me transperce au plus profond de moi.

Comment en sommes nous arrivés à ce jour?
Pardonne-moi mon amour de ne pas avoir pu éviter ce drame,
Pardonne-moi mon amour de ne pas tout avoir fait pour que tu sois encore là parmi nous.
Pardonne-moi mon amour de ne pas pouvoir faire en sorte que cette journée n'ait jamais existé.

Aujourd'hui il m'arrive encore de pleurer ton absence, c'est tantôt bref et subtil, tantôt effrayant.
Je pleure la personne que tu n'es plus, je pleure la personne que j'ai perdue, je pleure mon petit frère, je pleure l'enfant que tu étais et l'adulte que tu ne seras jamais.
Je n'avais jamais imaginé un seul instant une vie sans toi, et pourtant. J'y suis forcée à présent.
Je ne dois pas seulement l'imaginer, je dois dorénavant la vivre et avancer.
Je ne t'ai jamais abandonné ô non et même quand j'ai compris que tu ne reviendrais pas, j'ai continué à croire en toi, à tout ce que tu m'as laissé ici pour continuer sans ta présence qui me manque tant.
A toute cette force que tu répandais du haut de tes huit ans et qui me permet aujourd'hui de croire en la vie et de voir une lueur d'espoir pour notre avenir à nous quatre.
J'ai préféré me dire que ce qui t'es arrivé n'est que le fruit d'un fait inexplicable que l'on appelle le « destin » et au delà duquel, on trouve parfois un certain réconfort.
Et aujourd'hui je sais quel est le mien. Aujourd'hui je sais qu'il y aura dorénavant un « avant » et un « après », je sais qu'il ne se fera désormais plus sans toi mais spirituellement nous sommes encore ensemble et pour toujours, mon tout petit, mon Antoine.

3 petits points...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant