ALSHAELA
Le feu faisait rage dans ses yeux. Les flammes parcouraient ses iris, elles semblaient lire en lui, le feuilleter comme un vulgaire magazine, sachant pertinemment ce qu'elles allaient en faire. Le feu prenait possession de lui, autant que de son appartement entier, chaque livre de souvenir, toutes ses armoires, son divan, même les murs étaient mangés. Le feu lui donnait des airs de bête, d'animal féroce à la recherche de proies, de coupables. Le feu lui donnait une couleur au-delà du doré, il semblait le bronzer à chaque instant, se donnant le rôle du soleil même lorsque l'hivers faisait rage à l'extérieur. Le feu faisait foi de tout, de son appartement, de sa vie, de sa carrière et même de ses relations. Le feu allait l'avaler, prendre chaque parcelle de peau qui n'était pas déjà perdue dans les méandres de ses pensées, de ses souvenirs, l'emporter dans cette danse de la mort, cette danse qui l'invitait depuis si longtemps déjà, si les pompiers, alertés par l'alarme d'incendie, n'étaient pas venus le chercher directement sur sa chaise d'entrée. D'où il se permettait de regarder le spectacle. Sur cette chaise, qui venait également de prendre en feu, après que les lattes du plancher se soient mises à brûler elles aussi et que ses meubles y étaient passés.
Le trajet semblait se perdre dans la vue. La boucane lui avait monté à la gorge, chaque souffle lui semblait être le dernier sans pour autant lui donner cette joie. Pour ses sauveurs, le temps était compté. En restant dans l'appartement, il leur avait fait perdre un temps précieux pour sauver ce qui pouvait, bien entendue, être rescapé des flammes. Dans l'ensemble, le temps filait, il glissait entre chaque doigt, pour s'envoler vers le feu, qui prenait en largeur et en force, se transformant en monstre.
La dernière chose qu'il vue, c'était ce trou à la fenêtre, celui que les pompiers ne retrouveraient pas avant le lendemain et qui expliquerait ce sinistre interminable.
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Mes démons portent ton nom
Non-FictionLe feu qui habite la vie, le feu qui habite l'amour, qui danse au milieu de la nuit, qui chante la fin de chaque jour. Chaque titre est un vers de poème et le texte dessous n'est que ce qui se situe normalement entre les lignes, cet espace blanc qui...