L'histoire tragique de Ken et Barbie

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Rue Sherbrooke! Coin Saint-Denis. Femme blessée. Ken sauta dans l'ambulance et enfonça la pédale à fond. Son partenaire était à côté de lui, sur le siège passager, et préparait déjà les bandages. Deux minutes plus tard, ils étaient réunis. Elle était étalée sur le trottoir, sur le dos. Petit décolleté et mini-jupe. Pute de luxe? Probablement pas. Elle avait les formes mais l’habillement suggérait le contraire! Surement une junkie ou une autre de ces jeunes fêtardes qui traînaient trop souvent dans le coin. Dans ses papiers, rien d'autre qu'un prénom : Barbie!

Il s'agenouilla face à elle et sortit sa petite lampe de poche. Il lui ouvrit les paupières. Un œil vert émeraude. Jolie. Il flasha la lampe une fois, deux fois, trois fois. Les pupilles se dilatèrent. Bon signe.

Il écouta pendant une seconde les propos confus des policiers autour. Un maniaque l’avait attaquée et avait pris la fuite. Bon sang! Sa mère l’avait pourtant prévenu que Montréal était dangereux.

Il alla appuyer son oreille contre le décolleté. Bo-boum!... Bo-boum! Étrange... Ken aurait presque cru entendre un murmure, un souffle. Il la regarda et attendit, comme si il espérait qu’elle répète ses paroles. En vain.

Il se releva et effleura sa paume écorché par des cailloux. C'était confortablement gelé. Froid. Humide de sang. Ni trop flasque, ni trop rabougri, ni trop cadavérique. Il sembla sentir chaque nervure, chaque détail de la texture de la paume nue. Pratiquement comme lire du braille! Chaque texture représentait une syllabe, un mot, une phrase, un paragraphe, un livre ouvert. Il semblait la connaître désormais par cœur, de A à Z, comme si elle s'était littéralement ouverte à lui!

Il ne put s'empêcher de la toucher à nouveau, de la flatter, de la caresser. Sous chaque doigté, une couleur magnifique, indescriptible, lui explosait à l'esprit. Les couleurs de l'amour, du désir; des couleurs chaudes le prenaient au complet. Il aurait voulu la lécher, la prendre, là, ici, maintenant, devant les spectateurs horrifiés qui regardaient la scène, qui dégustait chaque seconde de leur passion, de leur délice, de cette extase.

Il descendit ses doigts sur le bassin. Il releva vers le décolleté. Ô seigneur! C'était froid. Tellement froid. Mais tellement bon! C'était si froid, mais, pourtant, il sentait cette chaleur l'entourer, le prendre comme s'il était sur des braises ardentes. Ken ramena sa main vers les seins. Jésus! Marie! Joseph! Cette femme n'avait pas de brassière! Aphrodite existe donc! Déesse de l'amour, je te louange d'avoir ainsi entendu mon râle, ma soif! Merci!

Ils étaient fermes. Sans retenue, Ken commença à caresser les courbes de son buste. Trois secondes et demie plus tard, ils mettaient ses mains contre sa peau. Une vague de soulèvement surgit de l'autre côté de la rue et dans son pantalon. Il pressa une trentaine de coup en essayant de la ramener à la vie. Il fallait l’hôpital à cette femme! Et les défibrillateurs!

-Bob! Bob! Il faut l’emmener!

-Tu m'étonnes. Je mettrais ma main à coup...

-Il faut l'emmener que j'te dit! Coupa Ken. « Allez conduit! J'm'occupe d'elle. »

Sans protester, ils la mirent sur une civière. Bob était aux commandes du véhicule. Ken à l'arrière, fixait le corps, la bouche ouverte comme un con. Il « s'occupait » de la blessée. Sans trop savoir pourquoi, il vint porter ses doigts à son nez. Est-ce que c'était un parfum de miel ou de vanille qu'il reniflait? Ses sens lui faisaient défaut. Est-ce que c'était ça le parfum des dieux?

Sans trop savoir ce qu'il faisait, pousser par son obsession masculine, il la déshabilla. Elle était nue devant lui. Sur cette civière blanche, elle était nue comme une dinde à Noël. Il la toucha à nouveau. Sans plus aucune restriction, la salive coulant quasiment sur son menton, il la touchait; sans règle, sans aucun tabou. Pourrait-il la faire revenir à la vie en lui donnant orgasme? Étrange défi... Il se mit à cheval par-dessus elle et alla lécher les mamelons qui devinrent durs. De sa main droite, il allait tripoter l'autre sein vigoureusement. Encore une fois, ce goût de miel ou de vanille le subjugua.

Il sentit son sexe dans son pantalon forcer contre le bouton pour sortir, se cogner contre la fermeture éclair. Le dur problème de pas porter de sous-vêtement, se dit-il. Un point en commun avec cette Barbie. Il sourit à l'idée qu'ils partageaient un point en commun. Peut-être qu'après, quand elle irait mieux, il pourrait l'inviter à dîner... Tout d'un coup, une idée horrible traversa son esprit. Il n'était tout de même pas pour se venir dans le pantalon!!! Il détacha son pantalon tout en répondant à Bob que la patiente semblait aller de mieux en mieux.

Il s'apprêtait à aller embrasser le visage de cette Barbie quand il crut l'entendre susurrer « Est-ce que vous m'aimez? » Si seulement elle savait à quel point il l'aimait. Il se réinstalla à cheval par-dessus elle et continua son manège.

Soudain, l'ambulance s'arrêta. Comme s'il venait d'atterrir en avion, il sentit ses tripes se soulever, tout son corps semblait en apesanteur. Son orgasme laissa sortir un petit cri hors de sa gorge. Fabuleux! Il sentit le long jet couler et aller se coller contre sa cuisse. Il s'arrêta net. Derrière lui, Bob et quelques médecins ouvraient la porte à la volée.

-Putain de merde, Ken! Qu'est-ce que tu fais?!

Ken se retourna. La gueule ouverte de travers, le sexe pendant, tout gommé. Tout le monde le dévisageait, dégouté.

-Je... Je...

-Dis-moi pas que t'as fait ça?!

-Je... Je... suis... dés...

-Merde, Ken, cette fille a été décapitée. Il lui reste plus que le tronc!

Ken se retourna et regarda les membres épars sur la civière. Deux bras, un torse, une tête, deux jambes. Le tout en pièces détachées. Une vraie Madame Patate! Entre ses jambes, son sexe redevint dur tandis que son visage rougissait.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 19, 2013 ⏰

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