Destined - My Hero Academia

Chapitre 6 - Décision

La nuit était plus profonde que jamais dans la banlieue de Tokyo. Tout était absolument gris et sale, une odeur nauséabonde régnant dans l'air malsain. Il y avait une pression indescriptible qui circulait entre les rues éteintes ou faiblement éclairées par des lampadaires grésillants. Un brouillard froid aurait été l'apothéose pour renforcer l'aspect sinistre et peu accueillant de ce quartier qui était étonnamment calme à cette heure. Revenir ici donnait l'impression de retourner dans sa cellule croupissante, un lourd boulet impossible à soulevé attaché à la cheville avec une chaîne en acier cisaillant la peau.

Seiko était restée chez Eijiro un moment après que la mère de son ami lui ai proposé de manger chez eux. Depuis, elle avait pris une résolution. Il était proche de vingt-deux heures et après ce qu'il s'était passé il y a tout juste quelques heures, elle avait décidé d'aller à Yuei en comptant bien faire tout ce qui était en son pouvoir pour réussir, même si ça allait être dur. Elle avait même décidé d'affronter sa mère et d'avoir enfin une discussion normale avec cette femme qui l'avait reniée.

C'est avec cet esprit que le jeune fille aux cheveux noirs s'était dirigée vers le kombini où elle travaillait de nuit. Sur le trottoir, elle fixait la vitrine éclairée d'un air vide. Malgré sa volonté, son mal-être ne s'était pas envolé pour autant. Elle était toujours tiraillée par ces blessures impossible à cicatriser au plus profond d'elle-même.

D'ici, elle voyait sa mère derrière le comptoir avec des cernes immenses, la santé détruite par l'alcool et le tabac. À quand remontait la dernière fois qu'un parent l'avait prise dans ses bras ? Le cœur de Seiko se serra en y repensant. La dernière marque d'affection qu'elle avait reçue lui venait de son père il y a plus de huit ans, le soir précédent son arrestation. La dernière fois qu'elle l'avait vu et qui avait marqué par la même occasion le début de ses souffrances.

Elle crispa la mâchoire et serra sa jupe scolaire entre ses poings pour ravaler les larmes de douleur qui voulaient sortir en lui brûlant le fond des paupières. Elle mit quelques minutes avant d'oser rentrer dans l'enseigne ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre, puis elle se dirigea vers le comptoir. Un frisson la parcourut de haut en bas quand les yeux glacés de la caissière se posèrent sur elle.

- Qu'est-ce que tu fout là ? Déclara t-elle aussitôt d'une voix sifflante et rauque.

- Bonsoir maman. Tenta l'adolescente.

- Dépêche-toi de rentrer. Tu n'as rien à faire ici. Continua cette femme.

Elle était maigre et portait le gilet du kombini Eleven par-dessus un tee-shirt à manches courtes, ses longs cheveux sombres étaient attachés par une pince et plusieurs mèches folles partaient n'importe comment, soulignant d'avantage son visage amer.  

- Je dois rendre mes vœux d'orientation demain...

- Et qu'est-ce que tu veux que ça me fasse?

Seiko marqua une pause, la gorge nouée. Son regard dérivait le long des étagères de marchandises et autres sachets de chips présents le long de la caisse. Il n'y avait pas un seul client, à part peut-être un vieux monsieur perdu dans l'un des rayons. Mais la jeune fille était incapable de regarder sa mère droit dans les yeux, se demandant toujours pourquoi elle était si hautaine. "Tu es bien la fille de ton père avec ton maudit alter!" Seiko n'avait pas besoin de l'entendre de vive voix, elle savait que sa mère le pensait de tout cœur vu le nombre de fois qu'elle le lui avait répété.

- J'ai décidé d'aller à Yuei, maman... coupa Seiko, mal à l'aise face à sa mère, une inconnue qui la haïssait.

L'air de la femme s'était figé, les traits tirés vers le bas. Son regard s'était intensifié sous la colère. La jeune fille voulu au moins entendre un mot approbateur, un regard encourageant, un geste, un signe, n'importe quoi. Cependant face à cette hostilité évidente, l'adolescente tourna les talons silencieusement, dépitée , et se dirigea vers la sortie. Elle espérait au moins entendre un « comme si j'avais les moyens de te payer une grande école! » mais le silence fut encore plus blessant.