Mes nouvelles

Le crâne maudit

Et s'il existait un crâne. Un crâne qui pourrait dire toutes les vérités du monde. Que demanderiez-vous? Que voudriez-vous qu'il vous dise? Et si je vous disais qu'il existait réellement, et pas seulement dans des légendes?

Il y a quelques jours, je me promenais sur une plaine avant que le sol s'effondre sous mes pieds. La seule source de lumière qui me parvenait était celle du soleil qui se reflétait sur des miroirs partout dans la cave. Ils étaient sur les côtés et parfaitement alignés pour que la lumière du jour se propage facilement. De la poussière et des restes d'ossements faisaient un sol craquant, ce qui faisait résonner le son de mes pas. La cave formait un tunnel qui paraissait sans fin vers l'arrière alors que devant moi se tenait glorieusement un piédestal sur lequel trônait un crâne en verre avec des motifs tribaux en or. Je n'avais jamais vu un objet décoré avec autant de finesse. À ma grande surprise, le crâne m'avait salué avec une voix métallique et malgré tout féminine et rassurante. Notre conversation s'était passée à peu près comme cela:

"-Bien le bonjour, Explorateur, avait dit la voix." J'étais incapable de déterminer la source de la voix. Voyant bien que je la cherchais, le crâne avait repris son monologue :

" -Je suis le crâne de la vérité. J'étais autrefois vénérée pour les secrets que je révélais et les mensonges que je dévoilais. Il m'a été interdit de mentir sous peine d'être torturée pour l'éternité. De mon vivant, j'étais une devineresse respectée et adorée de tous. Explorateur, toi qui m'as trouvée, tu n'as qu'à tu prosterner, pour que la vérité te sois dévoilée. Si tu ne pose pas un genou au sol, tu mourra. "

Devant un tel choc, je n'avais pas vu d'autre possibilité que de m'agenouiller. N'obtenant aucune réaction du crâne, j'avais pris la liberté de poser une première question. J'avais choisi de demander la raison de mon existence, mais la réponse était tellement compliquée que je n'avais rien retenu. Ensuite, je lui avais demandé si mes colocataires aimaient réellement ma cuisine. Je dois avouer que sa réponse négative n'était pas étonnante puisque je les entendais commander de la nourriture après que j'ai quitté la table. Rien de nouveau là. Tout s'était corsé lorsque je lui avais demandé la raison de sa présence dans cette grotte abandonnée et oubliée. La tête avait catégoriquement refusé de me répondre. Je suppose qu'elle ne voulait pas mentir. La dernière chose qu'elle avait bien voulu me dire était qu'elle devait à tout prix rester sous terre, à l'abri de tout contact direct avec le Soleil à cause d'une vieille rivalité. Je ne l'avais pas écoutée. Je voulais devenir riche en vendant les secrets des autres et des vérités cachées.

Si seulement je l'avais écoutée. J'ai été stupide et j'en ai payé le prix. J'avais fait fortune en vendant les vérités du crâne et comme elle me l'avait dit, j'avais tout perdu. Un homme s'était présenté à moi. Je ne me souviens pas de son nom, mais il avait dit qu'il était venu récupérer ce qui était sien. J'avais fait comme si je ne savais pas de quoi il parlait. Il était aisé de voir qu'il fixait le crâne avec convoitise. Pourtant, je refusais toujours de le lui céder.

Alors que je lui demandais de quitter mon bureau, il avait sorti un canif de sa poche et s'apprêtait à me le lancer. Tandis qu'il lançait son couteau suisse, je me réveillais en sursaut. J'avais perdu l'équilibre et ma tête s'était frappée contre le sol suffisamment fort pour me faire perdre connaissance sans trop me blesser ou me laisser de séquelles. Je me relevais doucement pour rentrer chez moi sans me poser plus de questions et dans voir la botte de pelouse qui avait été fraîchement placée  de travers derrière moi et les empreintes qui y menaient.