Ce Jour là...

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Il faisait doux mais le vent s'était levé.
Les feuilles mortes des arbres tombaient avec les petites bourrasques d'air et le dernier parfum des fleurs bientôt passées, s'envolait avec.

J'avais relevé le col de mon cardigan, pour éviter trop d'air frais sur ma nuque dégagée et le maintenait sur le devant pour protéger ma gorge.

J'aimais cette saison d'automne.
Les couleurs sont impressionnantes, une multitude de rouge, marron, jaune et orangé s'étalait à perte de vue dans ce cadre idyllique peu connu et où j'aimais me mettre en retrait, loin de cette foule énervante, de ces gens toujours pressés qui poussent tout le monde car ils sont égoïstes.

Dans mes pensées, je n'avais pas remarqué qu'elle n'était plus là.

"Fifoune"!

Elle connaît le son de ma voix par cœur, elle revient en général tout de suite.

"Tch' qu 'est-ce-qu' elle fout"?

Fifoune... ce petit teckel de 10 ans. Cette chienne est si câline, parfois un peu trop pour moi. J'ai eu beaucoup de mal au début mais je m'y suis attaché. Elle a son caractère mais j'ai réussi à l'éduquer comme il le fallait.Les animaux ne sont pas comme eux, ils sont même bien plus humains.

Hanji, ma seule amie,me l'a laissé alors qu'elle avait été muté loin de Kyoto il y a quelques mois.Elle lui laissait tout faire, ca a été un véritable désastre de tout reprendre à zéro et je l'ai haï des semaines pour m'avoir laissé ce cadeau empoisonné.

Mais je comprend maintenant pourquoi elle l'a fait et je l'en remercie aujourd'hui..

"Fifoune"!!

Elle n'était pas revenue. Je ne comprend pas, elle qui vient si rapidement d'habitude!

Une angoisse m'envahit.

Le martellement de ma canne contre le sol se faisait plus violent, courir avec ma jambe pratiquement invalide m'étais impossible alors je marchai plus vite, me faisant boiter ce qui, je le savais, me donnait l'allure d'un pantin. Je détestais ça. Mais j'avais peur, ne la voyant pas à l'horizon.

"Fifoune, Fifoune"!!

Ma voix se fit plus angoissante, ma gorge se noua. Je n'entendais même pas un aboiement ou un son au loin.

J'aperçus alors le chemin que l'on emprunte habituellement sur la droite, je marchai toujours précipitamment, ma canne me ralentissant.

Au loin...soulagé..je l'aperçu revenir vers moi en courant de toute ses forces.

 Tout mon corps se décontracta, relâchant toute la pression que je venais d'avoir il y a quelques secondes. Les battements de mon cœur redevinrent plus lents.

Fifoune courrait droit devant moi et derrière elle...

Un homme. Un joggeur même. Vêtu d'un legging noir, un short rouge par dessus et une veste noire de jooging qui lui remontait jusqu'au cou dû au vent.

Il a l'air grand. Il a des écouteurs aux oreilles.Il sourit.

Ses foulées sont régulières et il n'a pas l'air très essoufflé. Il ne doit pas être amateur, il a l'habitude. Mais je ne l'ai jamais croisé ici..

Encore perdu dans mes pensées je n'avais pas vu que mon saucisson à quatre pattes était à mes pieds se frottant à moi.

Elle savait ne pas être trop brusque. Comme si elle comprenait mon handicap qui ne me permettait pas d'être très stable debout.

Je lui sourit, ne pouvant pas me pencher pour la caresser.

Bien évidemment, elle avait distancé le coureur qui lui était encore un peu plus loin. Je le voyais mieux maintenant.

Il a l'air jeune. grand. Les cheveux ébouriffés et couleur miel avec.. de grands yeux qui avaient l'air clairs et pétillants. Malicieux même avec beaucoup de charme..

Il fixait Fifoune en souriant mais son regard se dirigea ensuite ailleurs et vint s'ancrer dans le mien.

Je perçus alors une nouvelle fois les battements de mon cœur se faire plus rapides. Mais ce ressenti n'était pas le même que l'angoisse que j'avais eu il y a quelques instants.

J'entendis trépigner et Fifoune aboyer.

Il se tenait devant moi, faisant des petites foulées pour ne sûrement pas casser son rythme.

"alors elle est à vous"!

Les sons qu'il prononça me firent chanceler. Il souriait encore en ayant dit sa phrase. Il a un beau sourire, plein de charme.Je serrai avec force ma canne qui s'était enfoncée dans le sol pour prendre totalement appui sur celle ci.

Sa voix est si charismatique. Je ressens avec ces quelques mots, quelqu'un plein d'assurance mais pourtant modeste. Il a l'air aussi très joyeux, ce doit être le genre de personne à avoir une ribambelle d'amis qui l'apprécie..Il continue ses foulées en me parlant à nouveau.

"ffffu.. Elle est a dû me suivre quand j'ai tourné le chemin fff.."

Il a effectivement des yeux verts , magnifiques et très expressifs qui lui donne encore plus de prestance.

"...du coup ffff.. j'ai fait demi-tour en espérant retrouver son propriétaire car je l'ai trouvé seul fff..et..vous voilà"

Comme je l'avais pressenti ,c'est quelqu'un de gentil, d'attentionné.

Il faisait toujours ses petites foulées en me regardant, attendant sûrement une réponse de ma part.

J'étais resté à ne rien dire et à le fixer.

Je ne savais pas vraiment quoi dire. Les gens ne m'intéresse pas habituellement, ils  m'insupportent même et je reste seul très souvent. Seul la présence de Fifoune m'apaise.

Je ne parle du coup que très rarement aux autres , ayant seulement Hanji au téléphone de temps en temps quand elle m'appelle.

"Vous... Vous allez bien"?

Je sursautai. Il avait mis sa main sur mon épaule et penchait sa tête pour déceler une quelconque réaction de ma part. Son geste me fit peur et je le repoussai légèrement avec mon regard froid habituel, ayant peu de contact d'habitude et n'aimant pas spécialement ça. Fifoune aboya.

Il est vrai que cette chienne a une certaine protection vis à vis de moi.

Elle est intelligente et ressent mes peurs, mes colères, ce que je vis au fond de moi. Cette souffrance que j'ai.

Il a tout de suite compris en retirant sa main immédiatement de mon épaule. Il était gêné mais repris ensuite une position pleine d'assurance en se passant une main dans ses cheveux qui avaient l'air si doux..

"Eh bien, on peut dire que vous avez un sacré garde du corps"!

Il avait ri. Son rire est encore plus attractif que son sourire déjà bien attirant.

D'ailleurs, je ne sais même plus le son que fait le mien mais après avoir entendu le sien, je dû esquisser un léger sourire car il s'arrêta et me regarda avec une mimique de satisfaction qui le rendait encore plus beau.

"Bon je vous laisse, j'ai déjà perdu mon rythme.. Et je vais être en retard pour mon service.."

Il me lança un clin d'œil qui me fit me ré appuyer sur ma canne, heureusement solide.

Curieux de savoir où est-ce qu'il allait je décrochai enfin quelques mots :

"Ah..vous êtes.."

Il s'était déjà éloigné en reprenant ses foulées mais se retourna rapidement m'ayant entendu parler.

Un sourire plus large se créa sur son visage rayonnant et il me clama au loin :

"je suis pompier, ça n'attend pas,à plus tard j'espère"!

Il disparu petit à petit après un geste de salut.

Je ne sais combien de temps Fifoune dû aboyer pour que je retrouve enfin mes esprits.

À la croisée du chemin {Ereri Terminé }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant