Chapitre 2

6 1 0
                                    


        La nuit était noire comme dans de l'encre lorsque nous partîmes. Maman avait rempli nos musettes respectives avec du linge, un peu de papier, un crayon chacun, et bien sûr de la nourriture. Nous avions une dizaine de sandwich bien emballés, ainsi que des petits biscuits et des fruits, eux aussi soigneusement empaquetés.
Dans la chaude cuisine éclairée, nous nous embrassâmes tous en pleurant. Je n'arrivais pas à parler tant ma gorge était serrée par l'émotion. Mon estomac lui aussi était noué.
Après mille baisers, milles recommandations, mille larmes versées, mille "Je t'aime" nous sortîmes. Je n'étais jamais allée dans Paris la nuit ; c'était...à la fois magnifique et effrayant. Il se dégageait encore même à cette heure avancée de la nuit cette ambiance si caractéristique de notre belle ville qu'est Paris. Nous marchâmes dans ces petites ruelles étroites que nous connaissions si bien ; d'après Louis, il fallait éviter les grandes avenues et les places. Nous ne parlions guère. Qu'avions-nous à nous dire ? Et puis, si quelqu'un nous avait entendus, il aurait pu nous trahir et cela aurait eu de graves conséquences.
Je ne savais pas où nous devions aller, quelle ruelle sombre emprunter. Louis le savait sûrement ; il avançait relativement bravement, sans jamais s'arrêter, sans jamais se poser de questions (du moins c'était ce qu'il me semblait).
La nuit était froide. Je sortis un châle de laine de ma musette. Louis s'arrêta.
-Tu as froid ?
-Oui, dis-je entre deux claquements de dents.
-Tu veux t'arrêter un peu ?
-Je...Je ne sais pas.
- On est presque arrivés.
-Alors on y va.
-Oui.
Serrant mon châle contre moi, je continuerai courageusement à marcher. Enfin, nous aperçûmes la gare.
-Viens, Laura, on va se trouver un endroit pour se reposer. On prendra le premier train.

Après quelques heures de sommeil bien mérité, nous achetâmes nos billets. Cela me peinait de devoir dépenser tant d'argent pour me sauver, mais après tout personne n'avait le choix.
Nous montâmes dans notre train, il était six heures du matin. Il n'y avait qu'un homme dans notre compartiment. Il sommeillait. Bien qu'assis, il paraîssait grand et plutôt maigre. Son visage semblait doux et bienveillant malgré ses grandes lunettes noires ; il avait les mêmes que mon instituteur, et fit rire.
Louis et moi nous assîmes sur la banquette. Nous n'avions jamais pris le train.
Je mangeai un sandwich, puis m'endormis, épuisée.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Dec 22, 2018 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

L'Eternelle Fuite Où les histoires vivent. Découvrez maintenant