Le monde est assez étrange je dois dire. Le monde est un paradoxe à lui tout seul. Les gens sont des paradoxes. Nous vivons de façon paradoxale. J'ai perdu conscience dans le noir absolu et je me suis réveillée il y a de cela quelques mois entourée du blanc le plus pur. Une seule chose a persisté : l'incompréhension.
Aujourd'hui me voilà face à mon clavier, la tête dans les mains, comme chaque jour depuis une semaine. Pourtant, rien ne vient. J'aimerai voir mes doigts danser sur les touches, les lettres s'assembler dans un tourbillon de folie jusqu'à former des mots. Mais rien. Si j'étais une artiste, écrivaine ou bien peintre, je vous parlerais du syndrome de la page blanche. Si j'étais en examen, je vous parlerais d'échec. Mais ce n'est le cas ni de l'un ni de l'autre. Heureusement ou malheureusement, je ne saurais pas vous dire.
Quelques temps plus tôt
Une douleur me saisit à la poitrine. Dans une vaine tentative de me relever, je m'effondre sur mon lit. Une petite voix me sort de ma torpeur et me convainc de garder les yeux ouverts. Je découvre alors ma petite sœur me comprimant la main à m'en briser les os. Pourtant, je ne lui fais aucune remarque sachant que son geste traduit une grande angoisse.
- Gaëlle, murmure-t-elle doucement.
- Ambre, répondis-je sur le même ton, d'une voix rauque qui m'étonne immédiatement.
Dans les quelques jours qui ont suivi, elle m'a alors tout narré, brisée. Les larmes ont coulé des dizaines de fois, mes cris se sont fait entendre jusqu'au bout du couloir, inquiétant plus d'une infirmière.
Je pensais alors avoir tout perdu, mais une énième personne est entrée dans ma chambre. Elle est repartie quelques minutes plus tard en emportant avec elle une partie de mon cœur, ma petite sœur, les yeux brillants, dans ses pas.
Je dépose le dernier carton sur la table avant de m'effondrer sur le canapé. Le cœur battant, je tente de me calmer et de faire redescendre toute cette pression accumulée au cours des derniers temps. Malheureusement pour moi, c'est peine perdue.
Une fois mon pouls apaisé, je me lève et réitère pour la énième fois la visite de ma nouvelle petite maison. Je me saisis du carton contenant le nécessaire de mes affaires et l'emporte avec moi vers ma chambre. Le reste attendra les jours suivants. Epuisée de tout ce changement, je m'affale sur le lit peu de temps après, sans prendre la peine d'avaler ne serait-ce qu'un fruit.
Lorsque j'ouvre les yeux, je prends le temps d'observer les quelques objets que j'avais pris soin de disposer la veille, notamment une photo. Une photo comme il y a de plus simple, sans cadre, ni vitre de protection, simplement posée à côté de mon lit. Elle nous représente mon frère, ma sœur et moi, aux vacances d'été précédentes.
- La prudence ... tu connais ?! Hurlai-je presque à mon frère.
- Mais oui ! Arrête de te prendre la tête et profite ! Profitez toutes les deux, la vie est trop courte ! Me répond-il, un grand sourire sur les lèvres.
Voilà quelques minutes maintenant que je le vois s'approcher de la falaise, l'adrénaline coulant à flot dans ses veines.
- Vient Gaëlle, il a raison, autant vivre à deux cents pourcents tant qu'il est temps !
Ma sœur m'entraîne dans ses pas pour le rejoindre. Face au vent, au bord du gouffre, je lâche un rire nerveux, avant qu'un sincère sourire de bonheur ne vienne se dessiner sur mon visage.
J'essuie rageusement une larme sur ma joue. A cet instant-là, aucun d'entre eux ne se doutait de la véracité de leurs propos.
J'enfile une tenue de sport en vitesse, attrape mes clés à la volée et me dirige sans plus tarder vers la porte.
Je courre.
Je courre.
Je courre sans ralentir.
Mon cœur bat. Toujours plus vite.
J'entends le sang couler à tout rompre dans mes veines. Il résonne contre ma tempe.
Je courre.
Mon cœur bat. Très vite. Trop vite.
Mais que dis-je mon cœur. J'aimerai qu'il lâche, une bonne fois pour toutes.
Je trébuche, m'écroule contre le bitume. Je sens les gravillons s'incruster dans ma joue. Je n'y prête pourtant que peu d'attention.
Ma vision commence à se troubler. Encore. J'aimerai tant que ce soit la dernière fois.
Bonjour bonjour mes petits chocolats chauds ☕
Des avis ou des conseils ?
Que lui est-il réellement arrivé selon vous ? Pourquoi les larmes de rage devant cette photo ? Son coeur ?Je vous souhaite à tous un joyeux Noël et de joyeuses fêtes !
Bisous Bien Baveux 😘
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Rose Rouge et Immortelle
RomanceElle pensait avoir tout subi, avoir atteint le fond du gouffre. Jusqu'à ce jour. Lorsque sa sœur, son dernier pilier, lui est retirée, son désespoir est au summum.