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*Inspirée de faits réels*



C'est doux, c'est beau. Comment ça s'appelle déjà ?

Ah oui, la mort.

Pour tout dire, je ne m'attendais pas à ça. Alors là, pas du tout. J'ai cru à beaucoup de choses dans ma vie et cette option, je ne l'avais même pas visualisée.   

Je suis née dans une famille croyante, comme toutes celles de mon pays. La version idéalisée voudrait donc que ma vie n'ait été que paix et bonheur. Je veux dire, quand tu te prives de tout pour te contenter du strict minimum, tu ne peux jamais être ingrat. Alors là, jamais... Le surplus serait donc un don de Dieu à partager avec les démunis et quand tu n'en as pas assez, tu peux te contenir car tu y ais habitué... 

Mais non, ce n'est en aucun cas de l'ironie !

Ce qui m'a le plus dérangée dans cette vie, ce n'était pas le fait d'être tombée dans cette atmosphère. Je l'aime cette religion, elle est belle et la pratiquer ne me dérange pas. D'ailleurs, pas forcément besoin d'être croyant, ses valeurs sont magnifiques et naturelles.Cependant, on ne va pas dire que mes parents m'ont montrée cette part de la religion. Les marques sur mon corps le prouvent assez bien.Mais je supportais, je supportais tout.
Le truc, c'est que quand tu es un enfant, tu ne parles pas. Tu ne te plains pas, tout est presque naturel pour toi. Maman l'a dit, alors je dois le faire. Si elle me punis, c'est que je n'ai pas raison.Et ça te jetes dans l'horreur avec des "Tu aimes Dieu ? Alors fais ça !", "Ne te poses pas de questions. Dieu n'aime pas les noirs, tu dois les éviter !"

Le pire, c'était quand j'essayais de comprendre...

ー Mais papa, avais-je une fois demandé. Pourquoi il les a créés si il ne l'aime pas ?
Ça finissait toujours en clash...

ー Et moi je te demande pourquoi il n'a pas encore tué Satan ?! 

Et de toute façon, je serai frappée encore plus fort si je disais avoir raison. Alors, pourquoi se plaindre ? Tu formates tout esprit pour ne plus souffrir. Tu deviens une machine qui ne fais qu'absober les informations, tu deviens exactement l'éponge qu'ils ont toujours voulu que tu sois.

Et la période du collège arriva. Je n'avais connu que les écoles confessionnelles, de la crèche au primaire. Je suis sûre que même mon hôpital était créé par une église et mon collège ne pouvait pas être différent. Hein ? Il ne devait rien gâcher. Tante Odile disait que j'étais une belle éponge et qu'on absorbait trois fois plus pendant l'adolescence. Il était donc hors de question que je traîne avec la racaille, il fallait que je continue sur la voie Sainte.

Oh holy way, je t'ai suivie. Suivie une très longue période de ma vie. Et malgré tous les coups que je recevais, malgré un seul repas par jour, malgré les week-end de jeûne obligatoire, j'étais heureuse. Le bonheur est à la portée de tous, même un fou est heureux. Le truc pour ne jamais sortir de cette plénitude, c'est de ne jamais se rendre compte qu'on pourrait avoir plus. Et justement, dans cette période de ma vie, la sanctification était mon tout. M'agenouiller sur des orties pour prier pendant une heure était une bénédiction. Réciter chaque verset du Livre Sacré était un cadeau et je savourais chaque moment passé avec la présence divine.Puis, un jour, je l'ai fait : j'ai ouvert les yeux.J'ai longtemps cru qu'il y avait une vie après la mort. Belle pensée, disait ma mère. Cependant, elle ne reste belle que si tu te retrouves dans le fameux lieu qu'on appelle le Paradis. Pour son opposé, c'est un peu plus compliqué que ça. Et j'ai longtemps cru que j'irai au Paradis, parce que je sentais la présence du Seigneur en moi. Elle brûlait comme un feu ardent et consummait agréablement mon âme... jusqu'à elle.

Espoir et  déboiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant