Les gars me bousculent en me montrant un groupe de nanas plutôt bien équipées dans le fond du couloir et elles se retournent en gloussant. C'est étrange, ça fait un mois, un mois que je n'ai pas revu cette fille, Julia, et pourtant, c'est comme un blocage. Impossible de baiser une fille sans penser à Julia, impossible de trouver une fille plus canon qu'elle. Et encore, si seulement c'était que ça. Il y avait un truc dans ses yeux, dans sa façon de me regarder, qui me laissait croire qu'elle était plus profonde. Et putain, ça me hante, quelque chose en elle a fait écho en moi, c'est comme si elle avait ouvert une porte impossible à refermer.
Elle est constamment là, comme des flashs, comme si elle était devant moi et puis qu'elle se volatilisait, un peu comme quand je me suis réveillé chez elle et qu'elle était deja partie. Elle ne voulait pas me voir, elle m'avait encore une fois fuit et j'ignore encore pourquoi elle avait disparu ce matin là. C'était la première fois que je passais la nuit avec une fille sans la voir déshabillée, la première fois que j'ai préféré dormir sur le sol plutôt que de m'inviter dans le lit d'une fille, et putain c'était une première d'autant plus douloureuse qu'elle semblait avoir trouvé une raison de plus pour m'échapper. C'est comme une obsession, elle tourne en boucle dans ma tête, parce que personne ne me fuit, d'habitude, les filles se ruent sur moi, elles me livrent tout sur un plateau, je prend ce que je veux, j'ai pas à leur courir après, pas à me prendre la tête à dormir sur le sol.
Je l'ai fais pour elle, et elle est partie. Je devrais lui en vouloir, avoir la rage, et effacer son existence de mon crâne. Et pourtant, j'accueille avec plaisir le souvenir de ses lèvres sucrées sur les miennes, de son regard brulant, de ses joues rougies par l'alcool, de son doux petit rire. Putain, elle me hante, et le pire, c'est que j'aime ça, alors que je ne la reverrais probablement pas. J'ai l'impression de devenir fou, j'ai pas envie de rajouter un fantôme à ma collection.
Alors, quand Emeric a pointé du doigt une belle brune qui entrait dans l'amphi, j'ai cru rêver encore une fois. Pourtant c'était bien réel, elle était là, et si j'avais pu j'aurais cogné chacun des connards qui se sont retournés quand elle est allée s'asseoir. Je ne peux pas décrocher mes yeux d'elle tandis que les images de la soirée défilent dans mon crâne, je rêverais de courir vers elle, c'est étrange cette idée de me soumettre à une telle action, a croire que ma fierté s'est envolée lorsqu'elle est entrée dans la pièce. Pourtant, je me retiens, hors de question de me jeter sur elle, elle est partie, elle m'a laissé alors que j'ai dormi sur un putain de tapis pour lui montrer du respect, je me suis abaissé à agir comme un chien, je l'ai fais une fois, plus jamais.
Mon estomac se serre lorsqu'elle s'assied sur une chaise sans un regard vers l'arrière de l'amphi, j'aurais voulu qu'elle me voit, voulu voir sa réaction, qu'elle m'explique ce qui l'a fait fuir, mais rien. Je déteste être invisible.
De là où je me trouve, je peux voir les feuilles blanches qu'elle sort, je peux distinguer très nettement les traits déjà couchés sur le papier. Elle se remet à dessiner, et je reste scotché de voir peu à peu se former un visage que je connais bien: le mien. Elle semble pensive et ne prend pas le temps d'écrire le cours, elle semble concentrée. Se rappelle-t-elle notre baiser? Est-ce que j'ai compté? Est-ce qu'elle a pu me sortir de sa tête? Est-ce qu'elle pense a moi en couchant avec un autre? Tout se bouscule sous mon crâne pendant ces deux heures ininterrompues à la regarder dresser sur le papier un portrait de moi plus fidèle que le serait une photo.
Lorsque mes potes me sortent de ma reverie, la prof range ses affaires et Julia dessine toujours, elle semble prise dans son élan, et les mecs se foutent de ma gueule. Leurs rires semblent attirer l'attention de la jolie brune puisque ses yeux se posent sur nous, puis sur moi. Sans attendre une seconde, elle flanque ses affaires dans son sac et sort de l'amphi à la hate. Malgré moi, je me met à courir, ouai. Courir. Cette histoire de fierté aura bien tenu deux secondes, il a suffit que ses deux iris bleus rencontrent les miens pour que ma pseudo histoire d'une fois pas deux tombe en miettes. Lorsque je la rattrape, elle se trouve derrière le stade, à l'écart de la populace.
« Julia? »
Elle se retourne vers moi, et semble partagée entre la colère et l'indifference, j'en prend un coup au ventre tant elle semble peu réjouie de me voir.
« Qu'est ce que tu fais là? »
Elle ne répond pas et continue son chemin, me tournant le dos.
« Tu veux pas arrêter de te barrer? Ca devient épuisant! M'écriais-je.
—Si ça t'épuise, tu n'as qu'à arrêter de me suivre!
—C'est quoi ton problème putain! Je te ramène chez toi parce que t'es complètement éclatée, je dors sur un putain de tapis une nuit entière et toi tu te casses!
—Et t'oublies de mentionner avoir dit à tes potes que t'allais me baiser? Tu sais quoi, vas te faire foutre, fais ce que t'as à faire et fou moi la paix, j'ai pas à me justifier auprès de toi! »
J'ai la rage, j'ai la rage, et elle aussi, et pourtant je ne peux m'empêcher d'attraper son poignet pour la retenir, parce que quitte à la mettre en colère, autant qu'elle comprenne que si j'avais voulu la baiser, j'aurais profité d'elle quand elle était bourrée.
« T'as pas conscience des conneries que tu peux dire en deux secondes! Tu t'es barrée parce que mes potes sont des connards? Sérieux? Putain mais si j'avais voulu te baiser, crois moi, je l'aurais fais!
—Ca t'as pas traversé l'esprit que j'en avais peut être pas envie? Hurle-t-elle en me regardant droit dans les yeux. »
J'en prend un coup et je lâche son poignet. Elle a raison, je n'y ai pas pensé une seconde, parce que moi, j'ai envie d'elle. Je la regarde partir, sors mon telephone, et envoie un message à Debbie, elle me répond dans la seconde.
Je passe à l'appart dans une demi-heure.
Elle sait pourquoi je la contacte, et moi, j'en arrive à me demander si la baiser pourrait compenser ce que Julia vient de me cracher à la gueule. Ca ne devrait pas m'atteindre, après tout, je ne la connais pas, et c'est pas comme si j'étais capable d'éprouver des sentiments pour qui que ce soit, mais je l'avais deja dis, elle a fracassé un truc en moi, et il m'est impossible de passer au dessus.
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Black Feathers
RomanceIl n'y a pas réellement de moyen de resumer le contenu de cette histoire, puisque moi même, j'ignore où elle mènera, pourtant je peux vous assurer une chose: je n'ai jamais été aussi vivante.