XI

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JESY

Janice, ma mère, me regarde d'un air suspicieux.

Ce soir - un mardi soir de décembre, peu avant Noël - elle a tenu à inviter Jade pour manger, ainsi nous sommes ici, avec mon frère Joseph. Les deux autres sont repartis pour leurs études, ce qui nous laisse de la place. 

Fronçant les sourcils, elle demande :

"Donc Perrie et toi vous êtes réconciliées ?"

J'hoche la tête.

"Pas vraiment" je concède, avant d'expliquer : "On se tolère, on va dire."

Jade ne dit rien, prenant une autre morse dans sa bouche. L'atmosphère était tendue, surtout parce que les deux seules personnes au courant de ce qui s'était réellement passé entre les Nelson et les Edwards sont ma mère et Joseph. Tous deux restent terrés dans un silence qui commence à m'agacer.

Au bout d'un moment, je fais :

"Vous ne pensez pas que j'ai le droit de savoir qu'est-ce qu'il s'est passé ?"

Tous les yeux sont rivés vers moi. Mal à l'aise, Jade dit, en s'essuyant la bouche :

"Em, je peux partir si vous devez parler..."

"Hors de question" Janice s'exclame en premier, hochant la tête. "Tu fais partie de la famille, Jade, au même titre que Charlotte." Elle se tourne alors vers moi en soupirant : "Oui, tu as le droit de savoir, tu as raison." 

Joseph et ma mère échangent un regard incertain, avant que ce dernier ne commence :

"C'était il y a dix-huit ans... A l'époque, papa et Alexander Edwards étaient les meilleurs amis du monde : ils ont fondé un business ensemble, un empire qui a rapidement valu des millions, tandis qu'ils construisaient des bâtiments de toutes sortes dans tout le pays. Je n'étais pas aussi jeune que toi, donc je me souviens de pas mal de chose."

Tandis qu'il reste silencieux, pensif, ma mère reprend :

"Un jour, une grosse dispute a éclaté entre eux - personne ne sait vraiment pourquoi - mais Alexander est parti de la maison en coup de vent. Deux jours plus tard, le FBI débarquait à la maison pour prendre ton père, qui visiblement avait commis un meurtre prémédité. Depuis ce jour, Alexander Edwards est le seul aux commandes de son empire immobilier, qu'ils a renommé 'Edwards Industries", tandis qu'il a milité pour que sa femme se fasse élire maire. Et ils vivent leur vie tranquillement, maintenant."

Je fronce les sourcils, avant d'échanger un regard choqué avec Jade.

"Mais... Papa est peut-être innocent, non ? Peut-être que c'est un coup monté...?" je demande, un sentiment anxieux s'emparant de mon corps.

Janice hoche la tête.

"Non... Il a vraiment tué un homme."

"Qui ?"

Elle soupire, cette fois.

"Le grand-père de Perrie."

Choquée, je n'arrive plus à parler. Jade met sa main devant sa bouche, tandis que Joseph baisse les yeux. 

Je pense alors à Perrie, qui savait, durant tout ce temps, que mon père a tué son grand-père, et qui ne me l'a jamais dit, ni reproché. A présent, je comprends pourquoi elle me hait tant, et je comprends également pourquoi nous ne pourrons jamais être amies. 

Je fronce les sourcils.

"Je suis désolée de-" Janice commence.

"Vous auriez dû me le dire avant." je concède, avant de me lever et de partir en coup de vent de la maison.

J'enfile ma veste en marchant sur le pavé glacé, les larmes coulant sans que je ne puisse les retenir. Mon monde est en train de s'effondrer, tandis que mes genoux se font faibles. Derrière moi, des pas de courses, et Jade arrive à ma hauteur. Je ne peux me retenir : je me mets à pleurer à chaudes larmes, tandis que mon amie m'attire dans ses bras et m'enlace de manière à ce que je sache que je ne suis pas seule. Je m'agrippe à elle, n'arrivant pas à stopper mes larmes et faire semblant.

Jade caresse mon dos gentiment, comme si ça allait guérir mes maux. 

"Tu n'y es pour rien, sache-le" elle me répète plusieurs fois. "Tu ne peux pas t'en vouloir pour ça, d'accord ?"

A la fin, je finis par acquiescer.  

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