La musique de mon âme

Harmonie

Aujourd'hui, Sacha n'a pas école. Il va donc s'occuper du magasin que tenait sa mère, un magasin vendant des instruments de musique appelé "Harmonie". Il s'en occupe que le weekend, ayant école, le reste de la semaine c'est son oncle qui tient le magasin.

Après que Sacha se soit lavé et habillé, il prend quelques affaires, son déjeuner et sort, fermant à clé son appartement derrière lui. Le magasin n'est pas très loin, à peine quinze minutes de marche, mais il prend tout de même ses écouteurs. Il écoute "Goodbye stranger" de Supertramp. Il aime la musique des années quatre-vingts. Il pense que ce sont pendant ces années là que les meilleures musique ont été faites. D'ailleurs son MP3 est remplie de musique de ces années.

Il écoute toujours, le volume poussé presque au maximum, pour se couper du monde. Lorsqu'il écoute une musique dans la rue, il lui semble que la moindre chose semble animée d'une énergie, l'accompagnant dans sa musique. Mais il sait que dés le moment où il enlèvera ses écouteurs, il verra le monde comme il est:

Gris et monotone.

Il arrive enfin au magasin. Il ouvre la porte et une petite cloche retentie. Dans cette boutique, Il y a des instruments dans tous les coins, les murs sont recouverts de notes de musique et il y traîne une odeur de bois vernie en permanence. Au fond, il y a la caisse, et derrière un homme aux longs cheveux grisonnants attachés en queue de cheval, portant un pull noir et des lunettes, y est assis.

"Salut bonhomme." lui dit-il en faisant un bonjour de la main.

Sacha s'avance et enlève ses écouteurs.

"Salut Christophe..." lui répond-t-il sans l'ombre d'un sourire, en lui serrant la main.

Christophe soupire.

"Sacha, je suis ton oncle..."

Il soupire et prend Christophe dans ses bras.

"Ben dis donc il faut te pousser pour recevoir un peu d'affection de ta part." dit Christophe tandis que Sacha se dégage de son étreinte.

"Désolé...Je...j'ai pas très bien dormi."

Christophe est la personne qui s'occupe le plus de Sacha, c'est le grand-frère de sa mère et conscient que la maladie de sa sœur doit beaucoup affecté Sacha, il essaye autant qu'il peut de lui donner l'amour qu'il n'a plus. Il aimerait tellement que Sacha vienne habiter chez lui mais il n'a pas beaucoup d'argent et sa famille a besoin de lui. Il lui rend donc visite parfois la semaine et lui apporte des cadeaux ou tout simplement de la compagnie.

Sacha va dans la salle réservée aux employés pour poser ses affaires. Christophe le rejoint peu après et met son manteau.

"Bon, ça m'a l'air d'être une journée calme aujourd'hui, tu n'auras pas grand chose à faire. Tiens, je te donne les clés tu fermeras comme d'habitude le magasin à 19:00." lui dit-il en lui donnant un trousseau de clés.

Sacha acquiesce.

"Bon j'y vais...Je...je vais rendre visite à ta mère."

Sacha fait oui de la tête. En lui-même il est heureux que ce ne soit pas lui qui aille la voir. Christophe lui rend un fière service.

"A lundi Sacha." dit-il juste avant des sortir.

Et Sacha se retrouve seule. Il s'étire et s'assoit sur la chaise derrière la caisse. Il remet ses écouteurs et reste ainsi pendant une heure.

Mais au bout d'un moment l'ennuie le gagne. Il soupire et regarde les instruments autour de lui. Il voit un violon, plus précisément un Alto. Il se lève et prend l'archet de la main droite, le manche du violon dans la main gauche et se rassoit sur la chaise. Il règle les chevilles et pose la mentonnière sous son menton, puis mettant sa main gauche sur la touche et posant son archet sur les cordes il se met à jouer.

Il a choisit la prélude de la suite numéro 1 de Jean Sébastien Bach. C'était sa mère qui le lui avait appris. Il trouve ce morceau aussi beau qu'il est compliqué. Il le joue avec beaucoup de plaisir.

La porte s'ouvre et la cloche retentie, faisant rater la dernière note de Sacha. Un homme corpulent au visage bourru entre. Il le voit avec son alto et un sourire narquois monte sur ses lèvres.

"Ça se croit déjà musicien." dit-il en guise de bonjour.

Sacha hausse un sourcil.

"Pardon?"

L'homme s'approche de la caisse et lance un dédaigneux regard à Sacha.

"Vous les jeunes, vous croyez qu'à partir du moment où vous avez un instrument dans les mains vous pourrez tout faire. Mais ça ne sait à peine faire une note en fin se compte."

Sacha soupire. Des clients dans ce genre il en a presque tous les week-ends.

"Hm sans doute, enfin bref que puis-je faire pour vous monsieur?" demande-t-il en posant son Alto.

L'homme jette un coup d'oeil aux instruments autour de lui.

"Mon fils souhaiterait faire comme ce musicien là, Soul, et donc je suis venu lui acheter une guitare électrique...Quoi que en voyant tous ce magasin, je me demande si il ne ferait pas mieux de se remettre à la peinture." dit-il avec un rire gras.

Sacha a une furieuse envie de lui faire manger le violon à côté de lui mais après réflexion ce serait vraiment embêtant.

Pour le violon.

Il se lève et va dans la rayon guitare.

"Quel forme?" demande Sacha.

"Forme guitare électrique." lui répond l'homme avec un soupire agacé.

Sacha se mord l'intérieur des joues. Il est tombé sur un idiot.

Trop bien.

Il choisit une Stratocaster, que les garçons choisissent le plus souvent. Et la montre au père qui fait oui de la tête. Il lui tend et l'homme regarde le prix.

"Bah on peut dire que vous vous faites plaisir ici!" s'écrie-t-il.

"C'est un instrument monsieur, ce n'est pas gratuit. Mais nous faisons crédit." répond Sacha avec un sourire tendu.

L'homme grommelle.

"Voulez-vous que je vous montre comment on s'en sert?" demande Sacha, priant pour que non.

"Faudrait que je paye ça aussi? Je le montrerai moi même à mon fils." dit-il énervé.

"Très bien...Et voulez-vous la prendre maintenant ou voulez-vous que l'on vous la livre?"

"J'vais la prendre maintenant, tu me parais tellement con que tu pourrais la cassé avant même qu'elle ne soit arrivé." dit l'homme.

Sacha tente de se calmer et pose délicatement la guitare dans un étui remplie de mousse, qu'il donne à l'homme, après qu'il ai fait son premier versement.

Celui-ci s'en va, sans un merci ni un salut, et claque la porte derrière lui.

Sacha s'effondre sur la chaise avec un grand soupir.

"La journée risque d'être longue..." marmonne-t-il.