La revenante

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Contrairement à ce à quoi  tout le monde s'attendait, moi compris, je ne suis pas morte!... Mais simplement en première année de médecine. J'ai donc assez peu de temps pour écrire même si paradoxalement, je n'ai jamais eu autant d'inspiration que maintenant. Le monde est mal fait.

Vous devez les petits textes qui vont suivre à @CupCakeMiss, qui m'a sortie de ma léthargie. Les thèmes sont: l'amour, le sexe et le chemin vers le jardin secret. Ca ne va pas chercher très loin (et c'est autorisé aux mineurs). Je vous souhaite bonne lecture, si tant est que quelqu'un lise encore mes élucubrations!

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L'amour. Dans mes moments de cynisme les plus poussés, je me borne à penser qu'il ne s'agit que de molécules se fixant sur nos neurones, avec pour seul but d'assurer la prochaine génération. C'est en partie vrai, mais il y a plus que cela. L'amour est un besoin, la recherche d'une acceptation inconditionnelle de la part de l'autre. Avec comme degré le plus élevé, la confiance aveugle.
Aimer, autrement dit, c'est accepter de se montrer sous son plus mauvais jour, d'étaler ses faiblesses et ses défauts sur son corps comme on beurre une tartine, après avoir pendant une durée indéterminée essayé d'être parfait. Il faut avoir sacrément confiance en l'autre ou alors être un parfait idiot pour faire ça... Ce qui tombe plutôt bien, car l'amour provoque chez nous ces deux choses, du moins les premiers temps.
C'est probablement ce qui me terrifie le plus dans l'amour. Le fait de retirer toutes les armures que l'on a pu porter, de s'exposer dans sa plus grande vulnérabilité à l'autre, en priant pour qu'il ne décide pas de nous achever d'une parole assassine.
Ce cap franchit, la confiance permet à l'amour de grandir, de s'enraciner en nous et de nous aider. En essayant de le faire pousser, c'est nous qui grandissons avec lui. Car même si l'amour nous montre nos faiblesses, quand il est sincère et désintéressé, il fait aussi ressortir ce qu'il y a de meilleur en nous.
Je sais que ce sentiment tend malheureusement, ou heureusement peut-être, à être éphémère. C'est pourquoi une de mes victoires personnelles sera, à un âge vénérable de pouvoir dire : "j'ai aimé et j'ai grandit, sans avoir gardé d'amertume et sans être devenue esclave de mes sentiments."


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Pourquoi dit-on "faire l'amour"? Je me suis toujours posé cette question. En regardant assez sommairement l'histoire de l'humanité, on constate que l'amour n'est pas une chose essentielle à la reproduction, même s'il y contribue fortement.
De ma courte existence, je peux dire que le sexe se base sur deux choses : la confiance et le désir.
Quelqu'un de sensé (et de sobre) n'ira probablement pas sauter sur son prochain sans rien connaître de lui, à moins qu'il soit divinement beau. Le sexe nécessite un minimum d'intimité. C'est là que la confiance entre en jeu : il faut en savoir juste assez sur l'autre pour ne pas craindre une maladie vénérienne ou d'être victime d'un malade, et assez peu pour pouvoir laisser place à l'imaginaire, et trouver l'autre encore plus séduisant qu'il ne l'est déjà.
Ce qui nous amène à la séduction. C'est pour le moment ma partie favorite, car il s'agit pour moi d'un jeu. Attirer l'autre dans ses filets et faire en sorte qu'il consente à se laisser attraper. Ce petit tour de force du chat et de la souris est néanmoins à double sens, car plus on s'approche de l'autre pour l'attirer, et plus on a de chances d'être nous aussi attiré. Cercle vertueux ou vicieux, à vous de vous faire votre opinion sur le sujet.
Personnellement, je jubile à l'idée de pouvoir perturber quelqu'un, même si c'est en exploitant une des plus vieilles pulsions qu'a l'humain. Se savoir désiré a quelque chose de gratifiant, comme si c'était la matérialisation d'un compliment. Un compliment intéressé, certes, mais un compliment tout de même.
Venons-en au sexe en lui même. Ce peut être un moyen d'exprimer des émotions et son adoration pour l'autre, pour peu que l'on ait la chance d'être amoureux. Si ce n'est pas le cas, il n'y a rien de dramatique. Je ne vois toujours pas pourquoi le sexe hors mariage serait un péché : où est le mal à faire du bien à l'autre ?
Sur le plan relationnel, le sexe, même s'il ne conduit pas à l'amour, permet de découvrir certaines facettes de l'autre que l'on aurait ignoré. Une tendresse insoupçonnée, par exemple, ou encore un côté un peu plus sauvage qui serait soigneusement confiné en public. Qu'on le veuille ou non, le sexe, sur le long terme, créé des liens... dans les cas où ça se passe bien, il mène même à une certaine complicité, comme si les deux interressés partageaient un secret. Car se donner à l'autre, c'est accepter de le laisser s'approcher et de voir quelques failles potentielles au détour d'un regard ou d'un geste.
L'acte sexuel a quelque chose du combat, même si en temps normal, il s'agit d'une lutte amicale. Tous les coups sont permis, du moment que l'autre y consent, et avec pour seul but la recherche du plaisir.
Qui n'a jamais éprouvé un sentiment de victoire et une autosatisfaction proche du narcissisme en voyant danser l'autre sous lui, pour peu qu'il place bien un geste ? Ou à l'entendre gémir ?
Le sexe, c'est donner à l'autre ce que l'on peut lui donner sans se faire mal d'un point de vue émotionnel et physique.


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Nécessité faisant loi, j'ai appris à me couper du monde assez tôt. Je n'ai pas besoin de me concentrer beaucoup pour échapper à la réalité, la moindre note de musique, tâche sur un mur ou encore reflet du soleil est pour moi un taxi dans lequel je saute sans demander mon reste. Le véhicule ne va jamais très loin, et la cloison en plexiglass qui me sépare du chauffeur se métamorphose bien vite en une vitre sans teint, d'où j'observe l'extérieur sans être vue. Mais tel le policier lassé de ses heures de surveillance, je finis par me désintéresser totalement de la réalité et quitte systématiquement la pièce sombre où je suis postée. En passant la porte, je me retrouve en général dans un univers semblable à une feuille de papier en trois dimensions, dans lequel mes idées donnent forme au paysage. Personnages de divers mondes s'entremêlent ainsi que des trames naratives brouillons, que je remanie à l'envie pour les améliorer.
Je me limite généralement à cette partie de mon petit monde intérieur, bien plus rassurante que le reste, car maléable. Il est facile pour moi d'en sortir, bien que les autres ne puissent déjà plus m'atteindre quand je suis à cet endroit, à moins de secouer mon enveloppe charnelle, dont les réflexes plutôt violents dissuadent généralement les gêneurs.
Il y a, quelque part entre ces univers de la page blanche, un sous-bois dont les arbres semblent prisonniers d'un climat frais et humide, et où la lumière se fait plus asceptisée et froide. Il m'arrive parfois d'y arriver sans que j'y fasse attention, pour peu que je sois morose. S'en suit ensuite une traversée du sous bois, dont les arbres finissent par se clairsemer pour que je me retrouve sur une plage de galets, qui borde un lac circulaire dont les eaux noires semblent avaler la lumière. Il fait moins froid au bord du lac, mais l'air est lourd comme avant l'orage, même s'il n'y a pas un seul nuage au dessus de ma tête.
D'ordinaire, lorsque j'aperçois le lac, je rebrousse chemin. Je n'aime pas m'en approcher, car à trop vouloir observer un reflet qu'il ne me renvoie pas, je finis par disparaître sous les eaux. C'était un lieu chaleureux avant pourtant, les eaux étaient claires et mes sentiments, poissons multicolores, l'habitaient. Je n'ai malheureusement découvert le lac que peu de temps avant qu'il ne soit teinté par l'encre de mes idées noires. Quand je tombe dans cet eau si sombre, la sensation du liquide disparaît, et je me retrouve dans une obscurité relativement vide dans laquelle je flotte. Un ciel sans lune m'entoure, avec quelques étoiles qui brillent faiblement, pour me signaler que le monde extérieur existe toujours et que je ferais mieux de ne pas m'attarder ici. Cet endroit fait office de bibliothèque pour mes peurs et mes mauvais souvenirs, ainsi que les rouages de ma pensée que je me refuse à observer, de peur de ce que je pourrais trouver. Il y a aussi des incarnations des segmentations de ma personnalité, petits découpages chirurgicaux à l'allure schizophrène qui me permettent de faire face à la réalité, même si elle me blesse ou me déplaît au plus haut point. Les fois où je vais volontairement dans ce lieu, c'est pour me convaincre moi-même de retourner affronter la réalité que j'ai fuie. Plus le temps passe et plus l'endroit devient familier, ce qui me rassure un peu. Qui sait, un jour peut-être les eaux du lac s'éclairciront, et je pourrais enfin observer ma mécanique sans craindre de tomber sur mes vieux démons.





Voili voilou, j'espère que ça vous a plu... Et quand bien même si ça ne vous a pas plu, peut-être avez vous réfléchi à votre vision des choses (ce qui serait déjà bien assez pour moi!).





ProcrastinationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant