HERMÈS.

CHAPITRE 1

L'homme en face de moi semblait plus grand que la moyenne, élancé et la capuche de son sweat noir cachait son visage. Sous sa capuche il portait une casquette aussi noire que son sweat et avant même de savoir à qui j'avais affaire je passais mon portillon en hurlant.

- Le repérage se passe bien ?! Vous n'avez rien d'autre à faire que de cambrioler un soir de réveillon ?!
- Je viens le sauver ton réveillon Patate ! Dit-il en se tournant vers moi et en enlevant sa capuche.

Mes yeux se positionnèrent sur le dessin imprimé sur son sweat. Un visage blanc/jaune recouvert d'une touffe afro en écriture de toutes les couleurs. Et avant même que je ne le regarde dans les yeux, je sus à qui j'avais affaire.

- Hermès ?! Mais qu'est-ce que tu fais là ?!
- Tu vas sérieusement décommander notre invitation pour passer le réveillon toute seule ? Je ne pensais pas que tu étais aussi mauvaise que ca.
- Apparemment tu ne me connais pas aussi bien que ca.

Je passais les clefs dans la serrure et libéra le fauve qui n'avait pas arrêter d'aboyer pendant notre échange. Narko sauta sur mon non-invité la langue pendante, en couinant comme un petit chiot. Sa queue tapait contre les barreaux métaliques de ma terrasse dans un bruit sourd. J'espérais que mes voisins n'étaient pas là ou j'étais encore bonne pour une plainte de tapage nocturne. Mon chien se coucha sur le dos laissant Hermès le caresser et lui parler comme un bébé.

- Comment tu as fait pour passer la porte sécurisée ?
- Tu m'avais donné le code et j'ai espéré qu'il n'avait pas changé.

Je claquais des doigts pour faire rentrer Narko mais se fut sans résultat. Il n'en avait que pour Hermès. Un sourire narquois se dessina sur le visage de ce dernier et il plongea ses beaux yeux bleus lagons dans les miens émeraudes.

- Pourquoi tu es venu Hermès ? Lançais-je à voix basse.
- Parce que je voudrais que pour une fois tu arrêtes de faire la con et que tu viennes avec moi à la soirée.
- Avec la scène que tu m'as fait dimanche dernier ? T'es sérieux là ?
- Tu sais très bien que mon frère n'a pas d'attentions amicales envers toi.
- Et tu m'as demandé ce que je voulais avec ton frère ? Tu crois vraiment que je m'amuserais à me taper le frère de mon ex ?
- Uriel, je voulais juste te protéger.
- Non, tu voulais encore une fois me posséder parce que ton égo en a pris un coup que toute ta famille m'adore et prenne mon parti dans notre rupture.
- Je n'ai pas voulu te partager c'est tout.
- Ça fait deux ans, il va falloir que tu t'y fasses. Je n'ai plus de comptes à te rendre ! Dis-je en levant les yeux au ciel. Maintenant je voudrais que tu partes.
- Non, répondit-il froidement.
- Pardon ?
- Je ne partirais pas tant que tu ne seras pas dans ma voiture. Il n'est pas question que tu te retrouves toute seule pour le réveillon et puis ce sera sûrement la dernière fois que l'on se verra avant que tu partes à l'Académie militaire.
- Et alors ? On ne s'est pas beaucoup vu ces deux dernières années et aucun de nous n'en a souffert.
- Parle pour toi.
- Bon écoute, je vais rentrer chez moi, je vais prendre une douche et passer le réveillon en mangeant des pop corn. Toi fais ce que tu veux, mais je ne viendrais pas.
- Ok.

Et sans me demander mon approbation, il entra dans mon appartement en me bousculant au passage, suivi fidèlement par mon chien.
Le contact de son bras sur le mien me donna un sentiment de vertige et je fus comme paralysée par la décharge dans mon cœur.

- C'est une blague, marmonais-je avant d'entrer chez moi comme une étrangère.

Hermès était assis dans mon canapé, Narko étalé de tout son long sur lui. Il regardait la pile de livres sur ma table basse et ça m'arracha un sourire parce que je savais qu'il n'aimait pas lire.

- Tu fais quoi ?
- Eh bien vu que je suis têtue et que tu veux jouer au plus con avec moi... Tu ne veux pas venir ? Ok. Mais je t'ai dit que tu ne serais pas toute seule pour le réveillon. Donc je reste.
- N'importe quoi !
- Tu sais ce que tu dois faire si tu veux que je partes.

Je soupirais fortement pour lui faire comprendre mon mécontentement et il rigola de sa voix rauque.

- Je me douche et j'arrive.

Game over. Comme à chaque fois avec lui.