[Stockholm]

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Inspiré des « tueurs de la lune de miel », Martha Beck et Raymond Fernandez.
Ce texte est de la fiction, je ne prône ni la folie ni le meurtre.

Un bain de sang de plus, une nuit noire sans fin et des cris étouffés.
Les rues étaient calmes, comme toujours pendant ces soirées là. Les passants disparaissaient aussi vite qu'ils étaient venus.

Il y avait toujours cette atmosphère pesante et lourde de terreur. C'était comme une chaleur humide et moite qui transperçait mon cœur à chaque fois.
Comme un le poids d'un immeuble qui vous tomberait dessus d'un seul coup, mais qui ne parviendrait pas totalement à vous écraser. J'avais juste la force nécessaire pour continuer à avancer dans le noir, à l'aveuglette.

Mais j'étais loin d'y arriver, pas seule.
La tâche était trop lourde à porter pour une unique personne. J'avais les épaules trop étroites, tout pouvait déborder à tout moment.

Après tout j'avais été embarqué dans cette histoire, contre mon gré. C'est ce que j'essayais de me répéter à chaque seconde de doute.

C'était autour de lui que tout tournait, au final. Il m'a choisit. Je ne suis qu'au second plan de cette histoire. De la sienne. Peut-être même de la nôtre.

Je suis devenue tueuse, par sa faute. Ou grâce à lui ?

Min Yoongi avait l'emprise la plus totale sur moi, sans même que je ne m'en rende compte. La première fois que nous nous étions vu, il m'était apparu comme un homme charmant, plein d'élégance et de distinction.
Il me parlait volontiers de ses tracas, ses soucis et autres contrariétés. J'étais sa confidente, celle qui ne lui laissait paraître aucune faille, contrairement aux autres.

Il me parlait si souvent du monde extérieur au sien, de ceux qui le persécutaient. Et j'étais entrée dans son monde si facilement que ce qui était autour de nous me paraissait hostile. Hostile à moi, à lui et à notre relation.

Mais les choses ont commencées à empirer. Yoongi devenait violent avec moi. Il ne me parlait plus de son entourage qui lui faisait défaut. J'étais jalouse.
J'avais l'impression d'être délaissée mais il se tuait à me dire le contraire.

Bien sûr, quand les coups semblaient ne plus finir et que la douleur ne diminuait plus comme à son habitude, j'ai tenté de fuir. Aussi loin de lui que je le pouvais. Mais l'idée qu'il puisse se trouver avec quelqu'un d'autre me rongeait l'esprit. Je finissais toujours par revenir sur mes pas, misérablement. Et lui m'attendais comme si je n'étais jamais partie. J'étais un jeu de plus pour lui, mais au fond je n'y croyais pas. Ne m'aimait-il pas réellement ?

Et les mois passants, je m'enfonçais dans sa folie prononcée de terreur. Il avait alors tué une femme, me jurant que celle-ci le méritait. À ce moment, quand j'ai vu ses yeux noirs teintés de folie, je n'étais plus sûre de rien. La femme parlait trop fort, me disait-il, et son bébé pleurait trop. Il y était passé aussi.
Alors, je l'ai aidé à cacher les corps. Nous les avions grossièrement recouverts de draps dans le sous-sol, espérant que personne ne les retrouve.

Et ç'a été le début de la fin. Les mois passaient et les victimes s'entassaient. Mais quelque-chose était plus fort que ces crimes qui me paraissaient maintenant insignifiants. Je savais qu'il m'aimait, et rien n'aurait pu me décourager avec cette certitude dans la tête.

Yoongi était quelqu'un de bien, déterminé et charmant. Il savait comment tuer avec délicatesse, trouvant son arme sur les lieux mêmes. Après chaque meurtre, il savait me rassurer de ses mots doux et caresses. Toute inquiétude pouvait disparaître. J'étais en sécurité.
Chaque corps inerte renforçait un peu plus ma foi en lui.

Il me promettait l'amour éternel à ses côtés, la chance d'une vie que je n'avais pu avoir. Et si je dépassais du chemin, il me ramenait violemment à l'ordre. C'était sa manière d'être et au fond je n'aurais pas pu lui en vouloir. Même la peur que je ressentais en continue parvenait à s'effacer par sa simple présence.

Oui, j'avais peur de lui, mais je l'aimais plus que je ne le redoutais. Et puis même si l'idée me passait d'en finir, je restais prisonnière de son manège.
Il me tuerait par amour.

Les mains collantes de sang, j'étranglais une femme de plus, lui à mes côtés. Il me chuchotait d'y aller franchement, de ne pas avoir peur car il était avec moi, car il m'aimait. Son rythme cardiaque décèlerait lentement, ses yeux s'injectaient de sang et elle finissait par mourir comme toutes les autres.

Quand Yoongi m'aida à me relever, il me prit dans ses bras, laissant son sourire sillonner ma peau brûlante.

« Beau travail... Beau travail... »

Il me complimentait toujours. Il nettoyait mes mains, puis mes habits avant de me rappeler combien il était fier de moi.
Et c'était ainsi que je vivais ma vie. Accrochée au meurtrier.

Nos jours de cellule étaient les plus heureux de mon existence. Il m'envoyait des mots chaque jour, me témoignant de sa douleur d'être séparé de moi.
La police essayait de nous interroger mais jamais ils n'auraient pu comprendre le rêve dans lequel nous vivions.

Nous étions des amants, promis l'un à l'autre depuis bien longtemps, je le savais.
Ses mouvements étaient les miens et s'il parlait je parlais.

Je n'ai jamais pu m'échapper, mais le jour où la chaise électrique a prit nos âmes, j'ai su que pour rien au monde je n'aurai voulu me séparer de lui.



















Bonjour ! Ça faisait longteeemmmmps, comme prévu je publie ce one shot spécial comme toujours. Je me suis inspirée d'un véritable histoire de tueurs en série américains des années 1940. Ils sont interviewés dans le livre de Stéphane Bourgoin « enquête mondiale sur les serial killer » pour ceux que ça intéresserait !
En tout ça j'espère que cette petite histoire vous plaît, n'hésitez pas à me donner vos retours !
Bye xx

Yoongi [OS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant