Les prémices de l'aventure

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 Je m'arrête pour reprendre mon souffle. Mes mains sont sur mes genoux. Mes cheveux n'arrêtent pas de tomber devant mes yeux. Soudain je suis projetée par terre par une force invisible. Derrière moi mon maître un sourire narquois aux lèvres me toise d'un regard qui pourtant laisse pointer une légère déception.

- « Tu t'es encore enfuie Antéa... Mais qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ? »

Une énième foi, je ravale le peu de fierté qui subsiste en moi. Déjà trois mois que j'ai passé les tests pour intégrer les milices de la cité de Guéléyon, mais je commence à regretter amèrement mon choix.

Mon père m'as pourtant parfaitement fait comprendre qu'une fois le seuil de la maison franchit, je ne pourrais me raviser. Les portes du foyer me seront pour toujours fermées.

En tant que femme, partir de chez soi sans alliance au doigt signifie qu'il nous est impossible de remettre ne serait-ce qu'un pied dans notre maison. Pourtant, depuis toujours je suis appelée par l'aventure et l'envie de voyager. Je n'ai jamais été hostile à l'idée d'avoir des enfants mais, je ne pourrais jamais me résoudre à dépendre de quelqu'un. Il est d'usage dans notre pays, qu'une fois mariées les femmes abandonnent leurs parents pour se dévouer à leur nouveau foyer. Je n'ai jamais pu me résoudre à cette coutume. Alors à 18 ans, l'âge où les jeunes filles commencent déjà à se fiancer, je suis partie.

J'ai quitté mon village du bord de mer. 

Je passais de long mois de chevauchée avec mes trois compagnons d'enfance. Nous étions donc quatre jeunes inséparables et  intrépides sur les chemins. Avec mon cousin Dael, j'appris vite à me servir des poignard. Et, chaque soir nous nous donnions en spectacle dans les villages dans lesquels nous passions, pour récolter quelques pièces qui nous permettaient alors de subsister. Avec nous venaient Azilis sa sœur jumelle et, Béryl. Azilis s'était enfuie de chez ses parents avec l'écuyer de son père, Béryl. Depuis aussi longtemps que je me souvienne ces deux-là s'étaient promis l'un à l'autre, mais vivaient un amour impossible et avaient décidés de quitter la demeure familiale pour s'aimer librement.

A notre arrivée à Guéléyon nous nous séparâmes la mort dans l'âme. Azilis trouva facilement un emploi de gouvernante dans une des grandes familles aristocrates de la ville. Elle était après tout la fille du seigneur du comté de Saarnav et avait reçu la meilleure des éducations. Dael et Béryl se portèrent volontaires et intégrèrent l'armée.

Moi, avant même d'arriver j'avais coupé mes cheveux longs. Je portais les cheveux courts comme tous les garçons de mon âge et j'avais troqué les robes des filles de bonnes familles pour une tunique et des chausses. C'est sous ce déguisement que j'ai passé le concours de la milice privée de Guéléyon qui sélectionne les futurs espions et la garde rapprochée de notre roi Esael VIII.

Ma véritable motivation pour intégrer la milice privée naquit des murmures des servantes du château de Saarnav.

Puisque j'étais la fille naturelle de la défunte sœur du seigneur du comté, j'habitais avec mon père un pavillon non loin du château. Mais, je passais la plupart de mon temps avec mes cousins. Je désertais souvent la maison, me sentant en réalité plus à l'aise en compagnie de Dael, Azilis et, Béryl. Azilis et moi avons d'ailleurs reçu la même éducation. A l'aube de mon cinquième anniversaire, ma mère décéda. Je dois à dame Hanaé, la propre mère de mes cousins, ce que je suis devenu.

Un jour l'apparition d'un milicien aux abords du village amena nombres de rumeurs.

C'est au détour d'un couloir qu'une servante confia ceci à sa compagne :

-« Il paraîtrait que les miliciens ne sont pas que des guerriers d'élite mais véritablement des mages au service de sa majesté ! »

Sa voisine horrifiée lui répondu d'une voix teintée de peur.

-«Comment peux-tu dire une telle chose ! Tu sais bien que la magie est interdite et que quiconque tenterait d'en faire usage, sera publiquement exécuté. Comment veux-tu que notre Roi pense ne serait-ce qu'une seule seconde à s'en servir !

-Je ne sais pas... Ce ne sont que des on-dit...

-Si ce ne sont que des on-dit alors n'évoque plus ce sujet devant moi ! »

Toute gamine que j'étais je comprenais la gravité de leur propos. Mais, la curiosité avait pris le pas sur la raison et le soir même, prétextant rentrer chez mon père je m'aventurais dans les bois certaine de trouver mon homme...

Les secrets d'EnalasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant