« • Est-ce que tu crois au grand amour ?
• J'ai une théorie à ce sujet.
• Une théorie ?
• Oui.
• Et quelle est-elle ?
• Je pense qu'il existe. Que le grand amour existe. Mais je suis trop égoïste. Trop indépendante. Il faut avoir les couilles de chercher ton âme sœur. Et j'ai les couilles de faire presque tout ce qu'il est possible de faire, mais je n'ai pas le courage de trouver le grand amour.
• Tu es une fille, à moins que je ne me trompe, tu es dépourvue de...
• Je sais. Et pour ça aussi, j'ai une théorie.
• Tu es une personne théorique si je comprends bien.
• En quelques sortes... Je pense que tous le monde a besoin de couilles. Certain pour prendre l'avion, d'autre pour sauter à l'élastique. Moi, j'ai besoin de couilles pour trouver l'amour.
Il écrasa sa cigarette pour en allumer une seconde. L'obscurité de la nuit nous avalait, je ne pouvais voir son visage, mais je savais qui il était. Il s'installa sur cette marche d'escalier souillée par les milliers de gens qui y étaient passés plus tôt, et se tourna vers moi pour éclairer brièvement les traits de son faciès à la flamme de son briquet.
• Mais l'amour, ça ne se cherche pas, si ? Je suppose que tu as encore une théorie.
J'acquiesçais passivement en sortant mon paquet de tabac.
• On dit que l'amour véritable est difficile à obtenir, pas vrai ?
• Je ne sais pas.
• J'ai pas la bravoure de faire face à cette difficulté.
• Dans ce cas, le fait que tu n'es littéralement pas de couilles est une aubaine. »