Chapitre 1.1

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- Cour Lena, ne te retourne pas ! .... 

La sueur perle le long de mon front. La lumière perce derrière mes paupières closes. La bouche pâteuse, j'essaie d'émettre un son, mais rien ne sort d'entre mes lèvres. Une douleur lancinante me transperce la tête. J'ai l'impression d'être passée sous un rouleau compresseur. Chaque partie de mon corps me fait souffrir. J'entends encore cette voix lointaine m'ordonner de courir, mais je n'arrive pas à l'identifier. À qui appartient-elle ? 

Quelques bourdonnements persistent dans mes oreilles. Je me concentre plus fortement pour percevoir autre chose, mais rien. Alors j'essaie de bouger mes bras. Un à un, chacun de mes muscles me répond et m'obéit. Je prends le temps de lever mon bras droit pour le mettre devant mes yeux, afin de me protéger de la lumière qui pénètre dans la pièce. Doucement, je relève les paupières pour m'acclimater à la luminosité. Quelques instants suffisent et je peux nettement identifier la pièce où je me trouve. Je prends appui sur mes deux bras afin de me redresser sur le lit double dans lequel j'ai été installée. 

Je n'ai aucun souvenir de comment j'ai atterri ici. Je ne reconnais pas les lieux, mais étrangement, je m'y sens bien. La pièce est assez grande, comportant une coiffeuse et un bureau. Une banquette grise trône dans le creux de la fenêtre. Les rideaux ne sont pas tirés. Dehors, le soleil brille de tout son soûle et aucun nuage ne vient entacher le ciel bleu. 

Combien de temps suis-je restée inconsciente ? Je constate que la journée est déjà bien entamée. Je fouille du regard la chambre en quête d'un réveil ou autre chose qui m'informerait sur l'heure exact, mais rien. 

Me redressant, je m'assieds précautionneusement sur le bord du lit et doucement je pose les pieds sur le parquet. Il n'est pas froid, les rayons du soleil l'ont réchauffé. Cette agréable sensation remonte le long de mes chevilles. Je reste là quelques secondes, figée, à profiter de ce moment de bien-être. Je sens déjà ce moment de plénitude me quitter si vite qu'il est venu pour laisser place à l'angoisse. J'essaie de me souvenir de ce qui a pu m'arriver pour me retrouver ici, mais c'est le noir total. Mon cœur s'emballe, mes mains deviennent moites. Dans la panique, je me lève précipitamment, mais mes jambes ne me tiennent pas. Je vois le plancher se rapprocher violemment de mon visage. Mon corps chute et je ne peux rien faire pour l'en empêcher. Mais alors que je m'apprête à sentir l'impact de ma chute, je me retrouve plaquée contre un homme. 

— Tu devrais te ménager un peu. Tu es restée inconsciente pendant deux jours complets. J'ai cru que tu ne te réveillerais plus jamais, belle au bois dormant. 

Surprise, je m'écarte légèrement de lui et constate avec bonheur que mes jambes ne me font plus défaut, avant de parcourir la pièce pour m'éloigner de cet homme. Je n'ai pas le temps de répondre que trois coups sont frappés à la porte. Une tête brune fait son entrée. Un autre homme, plus âgé que le premier. Il doit certainement avoir la quarantaine passé au vu de ses cheveux poivre et sel et de sa prestance. Il entre doucement dans la pièce sans lâcher l'autre homme du regard. Les mains levées en signe de paix, il prend la parole. 

— Je dois examiner Lena. Je dois savoir si elle va bien. Si elle n'a pas de séquelles de son accident. Aiden, c'est pour son bien. 

Mon cœur fait un salto et je crois que mon mal de tête empire légèrement. Pourquoi demande-t-il la permission de m'ausculter ? Sans que je m'en aperçoive, Aiden est venu se placer devant moi. Son dos et ses larges épaules m'empêchent de voir la scène, mais j'aurais juré entendre Aiden émettre un grondement sourd. 

— Ne t'approche pas Franck ! 

Franck n'a pas l'air offensé de cette mise en garde. Il continue de jauger Aiden du regard. Tout dans sa posture indique qu'il reste sur la défensive. Je ne comprends rien à leur manège, mais ma vision se brouille légèrement et des bourdonnements prennent possession de mes oreilles. Je fais un effort surhumain pour rester concentrée sur la scène qui se joue devant moi, mais je pense que je ne vais pas pouvoir m'accrocher à la réalité encore bien longtemps. 

—  Aiden, tu dois te contrôler ! Je dois l'examiner maintenant ! 

Sur ces mots, Aiden se retourne vivement pour constater la situation. Je m'accroche tant bien que mal au bureau pour rester debout, mais je ne vois déjà plus que du noir et je me sens retourner dans les abîmes. 

***

— Laisse lui le temps de reprendre connaissance. 

Je suis de nouveau allongée sans doute sur le lit où je me suis réveillée un peu plus tôt. Je sens quelqu'un assis sur ma gauche. Le lit est légèrement creusé du poids de l'individu. Je sens son parfum m'envahir. Une odeur de musc très masculin, boisé et frais. Je l'ai vaguement senti quand Aiden s'est approchée de moi quand je me suis réveillée la première fois. 

—  Ça n'est pas ta faute Aiden. Tu ne pouvais pas prévoir qu'elle se jetterait sur ta voiture.

—  Mais j'aurais pu la sentir ! lui répond-il entre ses dents. 

J'essaie encore une fois de me remémorer les événements, mais c'est le blackout. Ça n'a que pour seule conséquence de relancer mon mal de tête et je laisse échapper un gémissement. Aiden se relève rapidement du lit, certainement pour me laisser de l'espace.

— Elle se réveille. 

Je me mets sur le côté et prends le temps d'évaluer la situation de mon corps. Pas de protestation, alors j'ouvre les yeux et m'assieds. Je regarde autour de moi. Effectivement, je suis toujours dans la même pièce avec Aiden et Franck. Ce dernier se tient près du chambranle de la porte qui est restée ouverte. Je ne saurais dire combien de temps s'est écoulé depuis mon premier réveil, mais son visage est inquiet. Il passe une main sur sa barbe naissante et fait un pas dans ma direction. Il mesure ses gestes en prenant soin de vérifier en direction d'Aiden qui émet de légers grondements. Je les regarde éberluée par la situation grotesque. J'ai l'impression de n'être qu'un morceau de viande pour lequel chacun se défie. 

—  Aiden, maintenant il faut que je vérifie son état. Alors, contrôle-toi sinon tu nous mèneras tous à notre perte ! 

Malgré lui, Aiden s'écarte pour laisser Franck m'examiner. Il commence par mes réflexes pupillaires.  Je me recule légèrement, par habitude sans doute. Je déteste la proximité des autres. Je ne me suis jamais laissée approcher sans qu'on me demande la permission au préalable. Ça, je m'en rappelle. C'est ce qui a d'ailleurs valu un coup de poing dans la mâchoire de Gaël, un élève de terminal au lycée qui s'est cru bon de se donner le titre de petit ami à mon égard et de venir me prendre par le cou.  La voix du pseudo médecin me tire de mes pensées. 

— Très bien, peux-tu me dire quel est ton nom ? 

—  Lena... Lena Mac O'Neil. 

******


Bonjour mes p'tit loups. J'espere que ce début vous plait. N'hésitez pas a me dire ce que vous en pensez, je ne mords pas haha. Je serais ravie d'échanger avec vous. La suite du chapitre 1 arrive prochainement. 

Bon dimanche. 

Lune bleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant