Ouragan

721 47 5
                                    

Je suis un peu sonnée. Je me rapproche de Sarah, alors que Léo est déjà parti vers les bureaux. La majorité des étudiants se trouve, soit dans la salle de spectacle, soit dans les coulisses, mais il y en a de nombreux affairés à des préparatifs dans d'autres salles. Un appel retentit au micro : « Tous les élèves et le personnel sont invités à se regrouper dans le gymnase. Ceci n'est pas un exercice. Tout le monde doit se rendre dans le calme dans le gymnase. L'ouragan a pris de la vitesse depuis ce matin , il atteint déjà les côtes, presque deux jours en avance. Ne sortez sous aucun prétexte, nous allons passer avec des boissons et de la nourriture. Tout va bien se passer, vous serez en sécurité dans le gymnase. Surtout, gardez votre sang froid. » Je reconnais la voix du doyen. J'entends des plaintes poussées par des étudiants, en réaction à cette annonce. Puis, c'est la cohue. Je m'agrippe à Sarah, nous sommes blêmes et nous regardons avec angoisse.

Je suis emportée par la foule vers le « bunker » de la fac, la salle sécurisée, aux normes pour les cas de catastrophes naturelles. La marée humaine qui s'y dirige sous les cris effrayés, est implacable. Nous sommes emportées, Sarah et moi dans ce flot ininterrompu.

ELLEN : « Sarah ! Je dois retrouver Sebastian, il a disparu ! »

SARAH : « Mais qu'est-ce que tu racontes ? Il était là avec nous ! »

ELLEN : « Tu n'as pas vu, car tu étais occupée avec Léo. Mais je t'assure qu'après que les lumières se soient rallumées, il n'était déjà plus là. J'ai peur qu'il se mette en danger ! »

SARAH : « Mais non ! Il s'est sûrement mis à l'abri, lui aussi. Tu le retrouveras dans la salle ! »

ELLEN : « J'ai un mauvais pressentiment. »

SARAH : « Écoute, je suis sûre, qu'il voudrait te savoir en sécurité, alors vient avec moi au bunker. Qu'est-ce que tu veux faire de plus de toute façon ? Tu risques de te mettre inutilement en danger ! »

Je m'immobilise avec difficulté. Une idée lumineuse m'apparaît soudain ! Je vais l'appeler ! Mais oui ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Je compose son numéro. Le téléphone ne sonne même pas. Je tombe sur le répondeur.

ELLEN : « Il est sûrement avec Robert et Léo ! Sarah, vient avec moi, allons les trouver ! »

J'empoigne alors Sarah et l'entraîne à ma suite. Je décide de longer le mur en sens inverse. Je rebrousse chemin. Je suis bousculée, et invectivée, mais qu'importe. Les gens passent à côté de moi, effrayés. Ils se poussent les uns, les autres, pour arriver plus vite dans la salle. De grand bruits nous proviennent d'au dehors. Les rafales se succèdent, à chaque fois aussi fortes. Le temps de la surprise est passé, je suis galvanisée. Je dois le retrouver ! J'avance à la lenteur de l'escargot. Je l'appelle : « Sebastian, Sebastian ! » Pas de réponses. Quelques élèves me regardent interloqués en passant à côté de moi. Qu'est-ce qu'elle a, celle-là, à chercher son professeur dans un moment pareil ? Nous essayons de franchir le couloir, en travers, pour prendre un couloir annexe, qui mène aux bureaux de l'administration. C'est comme traverser un torrent. Nous sommes invectivées, entraînées par le flot incessant d'étudiants, insultées, piétinées, bousculées.

ELLEN : « Laissez-moi passer, laissez-moi passer ! »

Au prix d'efforts considérables nous parvenons à atteindre le couloir annexe. Je lâche enfin la main de Sarah. Un grand vacarme retentit, alors qu'une poubelle vole et s'écrase contre la fenêtre à côté de nous. Nous avons une belle frayeur. Nous courons à présent l'une à côté de l'autre. Lorsque nous arrivons dans le bureau du doyen, c'est l'effervescence. Sarah retrouve Léo avec bonheur. Je survole les visages présents dans la pièce, nulle trace de Sebastian. Je me rue sur Léo.

Sebastian Jones Tome 2: A la reconquête d'Ellen "TERMINE"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant