La rue

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Deux jeunes hommes discutaient près dun canal à Toulouse. Leur discussion semblait vive et

animée. Je les observais. Ils portaient des vêtements salles et usés à cause du temps. Parfois,

lun des trous présent sur leur pantalon se trouvait réparé avec de petit bouts de tissus cousus à

la va vite. Ces individus, comme beaucoup dautres, vivaient dans la misère et linsécurité

permanente. Ils devaient se retrouver régulièrement ici dans le but de tromper une solitude

cuisante dû à leur situation précaire. Ils ressemblaient à deux hommes abimé par la vie et sans

famille pour leur venir en aide, deux hommes comme il en existaient beaucoup de nos jours.

La société devenait de plus en plus égoïste et les personnes la composant ne se préoccupaient

uniquement delle. Trop obnubilé par leurs intérêts pour soccuper de la misère des autres.

Pour la plupart de ces passants aveugles, ces deux hommes étaient invisibles. Pour dautre, ils

ressemblaient plus à des déchets quà des êtres humains. Je me demandais comment nous

pouvions juger la valeur dun homme sur ses positions sociales, en quoi un être humain

vaudrais mieux quun autre pour une valeur aussi futile que largent ou le pouvoir. Ceci me

semblait incompréhensible. Un homme considéré comme marginal pouvait réunir des qualités

beaucoup plus pures et importantes quun millionnaire mais pour la plupart des personnes,

préféraient se concentrer sur des apparences parfois trompeuses.

Pour ma part, javais vu ces jeunes dans un de leur campement à lautomne 2019 et ils

nétaient rien de plus que des âmes en peine. Des jeunes à qui la vie navaient fait aucun

cadeau même pas celui dune famille responsable et aimante sur qui ils pouvaient compter et

se reposer dans les moments les plus difficiles. Pourtant, malgré quelques actes de petite

délinquance tel que des vols ou des deals, ils ne paraissaient mauvais ni extrêmement

marginaux comme lon me les décrivait.

Depuis petite jentendais des choses horribles sur les sans domicile fixe : quils sont salle,

quil boivent, quils se droguent, quils sont agressifs, quil ne font rien de leur vie et surtout

quils sont dehors parce quil le veulent bien. En grandissant, je compris que pour la plupart

des cas ces stéréotypes savéraient faux. Bien sûr, leur hygiène de vie ne semblait pas toujours

bonne : vivre dans une tente sous un pont emplit de boue peu tâcher leurs tenues, ne pas se

laver ou pouvoir changer de vêtements à sa guise pouvait paraitre rudimentaire. Ils ne se

trouvaient pas dehors par hasard mais bien parce quils navaient pas de famille ou des

familles trop instable pour véritablement soccuper deux. La plupart dentre eux possédaient

des histoires plus dramatiques les uns que les autres. Je parierais quaucun dentre eux ne

choisiraient dhabiter sous un pont en plein mois de janvier si il en avait le choix mais il

semblait tellement facile dadopter la politique de lautruche. Cest dailleurs dans la rue que

la plupart dentre eux commençait à se droguer et à boire pour tromper lennui, la fin, la soif

et la douleur de leur mauvaises conditions.

Ils navaient pu faire de grandes études, pas parce quils semblaient idiots, loin de là. Je les

trouvais bien plus intelligent et mature que nimporte qui dautre. Pourtant les ignorants

continuaient à rire deux ou de ne pas les voir. Nous aurions à apprendre deux nous qui

vivions dans un confort extrême et une atmosphère sereine.

Pensées zébréesWhere stories live. Discover now