III

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« Ça l'avait rendu fragile, ça l'avait détruit,

mais il ne voulait qu'elle dans sa vie »






Une racine d'arbre le fit trébucher, sa tête percuta le sol faisant amplifier son mal de crâne. Il était allongé par terre de tout son corps et n'avait plus la force de se relever. Sa vue était devenue floue, il n'arrivait pas à voir ce qui l'entourait. Il resta alors planter là durant quelques minutes, sur cette herbe mouillée. Une brise fraîche le fit frissonner, les températures s'étaient rafraîchies et la brume s'était levée. Ses paupières n'avaient jamais été aussi lourdes qu'à cet instant, il avait beaucoup de mal à garder ses yeux ténébreux ouverts.





Une douce caresse sur la joue le réveilla. Elle venait de l'embrasser. Dans un grognement, il ouvrit non pas sans difficulté les yeux. Il n'était définitivement pas du matin.

- Bien dormi mon chéri ?, lui demanda-t-elle souriante.





Un sursaut le fit sortir de sa torpeur. Il se releva doucement, et s'appuya contre l'arbre qui l'avait fait trébucher car son corps était bien trop comateux pour tenir sur ses deux jambes. Sa tête tournait encore, l'alcool ne devait pas avoir totalement disparu de son sang. Il se rendit compte que ses joues étaient humides et les essuya d'un revers de main. Il faisait très sombre malgré la clarté de la lune, et il dû cligner plusieurs fois des yeux pour discerner ce qui se trouvait autour de lui. Il ne reconnaissait rien, et rien ne lui semblait réel. Il avait l'impression d'être dans les vapes et que tôt ou tard, il allait se réveiller de ce malheureux cauchemar.

Mais rien y fait. C'est la triste réalité.

Il marcha d'un pas lent tout en essayant de ne pas tomber une nouvelle fois. En voyant des pierres tombales, certaines ornées de fleurs, il comprit qu'il était dans un cimetière. Il n'était plus maître de lui, son corps avançait malgré qu'il soit faible. Sans s'en rendre compte, il s'était arrêté devant une tombe.

Il n'eut pas besoin de regarder le nom inscrit dessus. Il savait à qui elle appartenait. C'était la sienne. Il vit le monde vaciller autour de lui. Il n'arrivait plus à retenir ce torrent de larmes qui dévaster son visage. Ça lui faisait tellement de mal de venir ici, de voir son nom écrit sur ce bout de pierre grisâtre alors qu'il y a seulement quelques mois elle était bien réelle, bien vivante.





Il se souvenait du matin de sa mort, il s'était levé avec l'odeur du pain grillé et du café. Elle lui avait préparé le petit-déjeuné. Quand il la rejoint dans la cuisine, il la vit vêtue simplement d'une chemise à lui. Elle était tellement sexy ce matin-là, si seulement il avait pu la retenir...


Peut-être n'avait-elle jamais existé ? Peut-être n'avait-elle été qu'un mirage dans sa vie ? Impossible. Elle lui manquait terriblement que ça en devenait insoutenable.


Il avait toujours pensé qu'elle était trop bien pour lui, qu'il ne la méritait pas.


Elle était élégante, pleine de grâce et de simplicité.

Elle était lumineuse, dès qu'elle franchissait le pas d'une porte, elle illuminait la pièce avec un seul sourire.

Elle était énigmatique, parfois.

Elle était amusante. Sa maladresse la rendait amusante.

Elle était naïve, elle ne voyait que les bons côtés en chacun.

Elle était une oasis. Son oasis.

Elle était rêveuse, une grande rêveuse. Elle rêvait de voyages, d'une vie heureuse et tumultueuse , d'une vie sans regrets.

Elle était effervescente, comme les bulles dans un champagne. Elle donnait du peps.





Des vertiges le prirent et il s'écrasa sur sa tombe, dépité, hurlant à quel point il était désolé, à quel point il aurait aimé être une meilleure personne à ses côtés.

Il n'avait rien pu prédire, rien empêcher. Un sentiment d'impuissance le gagna. Il avait encore l'espoir de se réveiller le lendemain avec cette blonde sous les draps. Cette blonde qui avait bouleversé sa vie.


Il était allongé là sur ce lit d'hôpital, emprisonné de ces mûrs blancs. Il ne se souvenait pas du pourquoi du comment il s'était retrouvé là. La seule chose qu'il savait, c'est que son absence se faisait toujours ressentir.

Son regard était d'ailleurs désarmant, larmoyant. Il avait le teint pâle, livide.

Depuis qu'elle l'avait quitté, il ne vivait plus, il survivait et tout le monde le savait. Il l'aimait tant... Ça l'avait rendu fragile, ça l'avait détruit mais il ne voulait qu'elle dans sa vie.

Dans son sommeil, il l'avait aperçu au loin. Il courut pour la rattraper mais plus il s'approchait plus elle s'éloignait. Il continuait de courir, de plus en plus vite pour tenter de l'attraper. Il était à bout de souffle. Son bras ne pouvait l'atteindre...

À son réveil, quelques larmes défilèrent sur ses joues pâles. Il n'arrivait pas à y croire. Elle lui avait fait découvrir la vie comme personne n'avait réussi à lui faire voire. Il avait découvert le véritable amour et il s'était échapper de son emprise. C'est juste impensable de respirer lorsque  la personne que l'on aime plus que notre propre vie ne le peut plus.

À son réveil, quelques larmes défilèrent sur ses joues pâles. Lorsqu'il sentit la chaleur d'une main lui tenir la sienne. Il regarda celle-ci, et dirigea son regard lentement vers cette personne. Ses yeux s'écarquillèrent, il n'en croyait pas ses yeux. C'était elle, elle était bien là, bien vivante. Il l'a prit dans ses bras, l'embrassa, et lui susurra tendrement à l'oreille « Tu m'as manqué ».

To fall in loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant