Tout ça est parti d'un café

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Tout ça est parti d'un café. J'étais parti en direction du distributeur. Tout allait bien. Mes chaussures foulaient la (très laide) moquette jaune moutarde tranquillement. C'est quand j'arrivai au coin café que je me rendis compte qu'il y avait un problème. Mélanie, la stagiaire, était en train d'appuyer sur les boutons afin de commander un potage à la tomate. Déjà, qui prend un potage à la tomate ?? Enfin, bref, son potage était en train de couler dans son gobelet quand j'entendis un bruit bizarre. Ce n'était pas le bruit du potage, j'en étais sûr ! Non, c'était une sorte de grincement continu, très aigu. Insupportable. Je mis la main à mon oreille, et sentis quelque chose qui dépassait de mon orifice auditif. Surpris, j'essayais de tirer cette... chose, qui semblait être en papier. Comme il est physiquement impossible de regarder ses oreilles (à moins d'être vraiment très souple) je commençais à m'inquiéter, ne sachant pas ce dont il s'agissait. Finalement, je réussi à l'extirper de mon oreille et constatai que c'était en effet un bout de papier, avec, écrit d'une écriture qui semblait millimétrée : "Regarde derrière toi". Sans me demander le moins du monde comment ce papier s'était retrouvé dans mon oreille, et qui l'avait écrit, je me retournai naturellement. On me le demandai, c'était logique que je le fasse, non ? Je me retournai donc et vis un décor plutôt étrange. Je n'étais plus dans le bureau, mais cela ne sembla pas vraiment m'inquiéter. D'ailleurs, Mélanie, la stagiaire, ainsi que l'hideuse moquette jaune, semblaient avoir disparues elles aussi. Je me trouvais dans une pièce totalement blanche, comme un couloir d'hôpital, et dont la pâleur livide était réchauffée par une rangée de brasiers et de cendres tombées au sol. Il faisait un peu chaud, mais à part cela, le décor ne me surprit pas plus que ça. Cependant, mes yeux tombèrent sur une sorte de téléphone qui semblait léviter à peu près à ma hauteur. Je fis quelques pas et empoignai le combiné. Une voix féminine en sortit :

"Alors, tu as réussi ?, me demanda-t-elle.

-Réussi quoi ?

-Mais enfin, tu le sais bien. L'arrangement, répondit-elle d'une voix un peu plus froide. Lucifer n'aime pas quand on se moque de lui. Tu lui apportes l'âme, et tu arrêtes de jouer les idiots.

-Je suis désolé, m'excusai-je, mais je ne connais aucun Lucifer.

- Vous n'êtes pas Jean-Jacques ??? , s'étrangla-t-elle.

-Euh... non."

La femme lâcha un juron que je ne retranscrirai pas, marmonna "Mggneuygdf, me suis trompée de numéro", et raccrocha sans attendre. Le téléphone disparut dans un nuage de flammes et de fumée. Je perdis l'équilibre, puis, par réflexe, fermai les yeux. Je les rouvris et j'étais, chancelant, de retour devant la machine à café. Mélanie se retourna, son potage à fumant à la main. Elle me toisa de haut en bas, puis lança avec un sourire "Bah alors, Jean-Luc, qu'est-ce que t'as ? On dirait que t'as vu le diable !"

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